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C’est le moment de comprendre ce que sont vraiment les mécanismes économiques

Sexe, drogue et économie - Pas de sujet tabou pour les économistesFranchement, sortir un bouquin d’économie[1] grand public au lendemain d’un crash financier, c’est audacieux! Ou faut-il dire contracyclique? Car les bouleversements qui accompagnent la crise financière entraînent une régression rapide vers les poncifs et préjugés réactionnaires, entre étatisme et malthusianisme, qui n’étaient que tenus en lisière par la prospérité et une certaine diffusion de la compréhension[2] des mécanismes économiques. C’est le même réflexe qui est à  l’oeuvre quand la visite en France de Benoît XVI galvanise l’intolérance laïcarde ou l’émergence de Sarah Palin gonfle les coffres de la campagne d’Obama.

A leur décharge, nos amis communards Alexandre (Delaigue) et Stéphane (Ménia, antérieurement le mystérieux SM) du fameux blog Econoclaste, n’ont pas fait exprès. Et à  vrai dire leur ouvrage n’a qu’un rapport lointain avec la crise. Voyez l’alléchante table des matières: le titre Sexe, drogue et économie – Pas de sujet tabou pour les économistes n’est pas seulement là  pour draguer le chaland mais correspond bien au contenu. L’ouvrage est me semble-t-il le premier du genre en français, mais il y en a un rayon entier en anglais.

Et cela change tout d’avoir un ouvrage écrit par des Français, eux-mêmes économistes et enseignants, pour le public francophone, plutôt qu’une traduction de l’anglais de The Undercover Economist ou The Logic of Life (par Tim Harford, chroniqueur au Financial Times que je cite régulièrement ici) ou de l’américain (Freakonomics, par Stephen J. Dubner et Steven D. Levitt). Même si je pose la question: parmi les nombreuses recherches empiriques qui, loin des des formulations élégantes et autres théories cérébrales, nourrissent et illustrent l’ouvrage, y en a-t-il une seule qui trouve son origine et a été réalisée en français[3]? Mais que cent fleurs s’épanouissent désormais!

P.S. Une dernière pour la route, via Sardanapale: à  comparer à  l’inefficacité dramatique de la planification européenne en matière de pêche, l’effet extrêmement positif sur la faune marine comme sur la prospérité des pêcheurs d’un marché des droits individuels de pêcher pratiqué en Islande, en Nouvelle-Zélande, en Australie — et en Alaska (et quoique les naïfs de gauche et de droite puissent en penser, il n’y a pas moins d’Etat dans la deuxième solution, et il est toujours aussi nécessaire de veiller aux risques de fraudes et de distorsion).

Notes

[1] Quand j’étais étudiant ça s’appelait économie politique et c’était nettement moins drôle, intéressant et stimulant.

[2] Au double sens de connaître et d‘accepter (de jouer le jeu même s’il ne nous paraît pas immédiatement et égoïstement favorable).

[3] A l’évidence, Suisses, Belges ou Canadiens sont tout autant responsables de cette lacune.

3 commentaires

  1. 19 septembre 2008

    « que cent fleurs s’épanouissent » C’est la lecture du dernier article d’Eolas qui te rappelle les vieilles formules maoistes ?

  2. Merci François pour ton enthousiasme. Et pour répondre à  ta question sur les recherches françaises, oui, il y en a, même si la plupart sont issues du monde anglo-saxon. Il y en a même au moins une qui porte sur la Suisse (mais rédigée en anglais) par une certaine Patricia Funk de l’université de Stockholm (je ne sais pas si elle peut être Suissesse…). L’école empirique française est en train de se construire avec des leaders de grande qualité. Il faut encore attendre un peu pour qu’elle émerge pleinement.

    Oui, sinon, nous n’avons qu’un lointain rapport avec la crise, si ce n’est sur quelques chapitres (le 20, notamment et le 6 par exemple). Bon, sinon, tu sais, je ne suis pas économiste. Juste de formation économique…

  3. 24 septembre 2008

    @Verel: Eolas appliquait plutôt des formules kimilsungienne à  la Garde des Sceaux! J’avoue que ça relève un peu du tic pour égayer; je m’étais posé la question une demi-seconde, tout en cédant à  la facilité du deuxième degré… Avec les slogans de Mai 68, mais aussi Arbeit macht frei à  l’occasion, c’est tentant.

    @Stéphane: Je me réjouis de lire ça!

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