Transplantation: comment le marché peut accroître l’offre
J’en avais déjà parlé succinctement ici, mais Tim Harford (The Undercover Economist, maintenant sorti en paperback) explique lumineusement, dans sa dernière chronique du FTweekend, le fonctionnement d’un système d’échange de reins en vue de transplantation pratiqué aux Etats-Unis (et en voie d’être introduit au Royaume-Uni). Non, il ne s’agit pas du tout de tomber dans la marchandisation du corps humain, mais bien de faire appel à la réflexion économique pour répondre à la demande croissante tout en respectant un cadre éthique bannissant la contrainte (pratique semble-t-il avérée à l’égard de prisonniers en Chine) ou la commercialisation (qui a cours, curieusement, en Iran). Y a-t-il une alternative à la conséquence logique du régime de planification centralisée, évidemment animée par les meilleures intentions du monde, actuellement en vigueur: le prélèvement autoritaire sur les cadavres de personnes ne s’y étant pas expressément opposées de leur vivant[1]?
La première réponse à la pénurie a été, pour ces tissus et organes, tels le rein ou le foie, qui ne doivent pas nécessairement être prélevés sur un cadavre, de s’habituer à l’idée du donneur vivant, d’abord un parent, puis d’élargir à d’autres proches le cercle des donneurs possibles sans que l’on puisse tomber dans une situation d’exploitation. Mais la bonne volonté ne suffit pas, un degré suffisant de compatibilité est nécessaire pour que la greffe soit un succès. Ce qui conduit directement à la situation de l’échangisme entre deux paires donneur/receveur. En étendant l’exercice à trois voire quatre situations, on résout apparemment tous les problèmes de compatibilité. Et, comme le souligne Harford, l’économiste réalise ici le voeu de Keynes d’être aussi utile à la société qu’un dentiste…
Notes
[1] Avant sans doute de retirer ce droit, manifestement abusif?
Ce blog vire à droite depuis quelques mois c’est assez intéressant de regarder l’évolution. Allez.. un billet sur la nécessité de construire des centrales nucléaires et je vous enlève de mes favoris RSS.
Notons que l’obligation de don de ses organes permettrait au marché d’atteindre immédiatement l’efficacité maximale.
Par contre, la marchandisation des services associés aux dons d’organe (et notamment la marchandisation des actes de transplantation) réduit l’accès au marché.
Billet intéressant.
Pour poursuivre la réflexion, je vous recommande vivement la lecture de l’étude de l’Institut Constant: Pour le libre commerce d’organes
Merci tant à celui qui craint de me voir céder aux sirènes libertariennes qu’à celui qui m’y invite!
Mais ce qui m’intéresse, moi, c’est comment cette « bourse » a été soigneusement conçue pour fonctionner à l’intérieur d’un cadre éthique préalable.