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Writely, youkaïdi!

Mise à jour: Writely est maintenant intégré dans Google Docs & Spreadsheets, voir ce billet du 11.10.2006.

Depuis près d’une semaine, je suis dans la douleur extatique de l’apprentissage jubilatoire. Vous savez, quand on ne voit pas le temps passer, qu’on néglige toutes ses routines et devoirs quotidiens et qu’on n’arrive pas non plus à  dormir la nuit, tenu en éveil par l’excitation de la découverte et de la curiosité. Qu’est-ce qui me met dans cet état? Un outil gratuit qui permet l’édition collaborative simultanée d’un même document depuis n’importe quel ordinateur.

Editer un document, c’est ce que vous faites avec Word, par exemple. Vous avez le programme dans votre système, le fichier aussi. Ce qui signifie que pour le partager, ce n’est pas tout simple, même sur un réseau d’entreprise mais surtout dès que vous en sortez: attention à  ne pas l’envoyer par mail à  quelqu’un qui a une version plus ancienne du logiciel! Et pourtant ce serait bien si vous pouviez facilement montrer ce que vous faites à  un copain, un collègue ou un client, non? Si les intéressés pouvaient directement vous faire leurs remarques et suggestions sur ce communiqué, cette invitation, cette lettre ou cette note — sans temps mort, pendant que vous pouvez continuer d’y travailler aussi. Tout le monde a un navigateur Internet, ce serait plus simple de passer par lui, non?

Eh bien c’est exactement ce que fait Writely, fruit d’une start-up dont le germe a été prestement acheté par Google qui s’apprête à  le faire croître, embellir et multiplier. A vrai dire, je fais partie de ceux qui ont un compte depuis des mois (quand j’ai lu au hasard d’un blog que ça venait de sortir et me suis inscrit) alors qu’ils ne sont aujourd’hui distribués que par cooptation. J’avais jeté un coup d’oeil, sans plus (à  ma décharge, ce n’était pas encore très développé). Et puis j’y suis retourné l’autre jour, simplement parce que cela m’est revenu à  l’esprit en réponse au besoin d’un blogueur. ça ne correspond peut-être même pas à  ce qu’il lui faut, mais moi j’ai soudain eu le déclic.

Par exemple, le billet à  trois voix de l’autre jour. Alexandre racontait aux communards que les Econoclastes procèdent par échange de mail, avant une une mise en forme finale. Là , j’ai simplement ouvert un fichier Writely auquel nous avions tous les trois accès, depuis n’importe quel ordinateur connecté au Net. Et nous étions parfois deux simultanément, l’un ajoutant sa partie pendant que l’autre complétait la sienne, chacun annotant de questions ou de suggestions les textes des autres. Le document est sauvegardé en continu (finies les deux dernières heures perdues parce que Windows plante soudain), mais toutes les versions antérieures sont conservées et peuvent être comparées et au besoin substituées à  la version la plus récente.

Ce n’est pas un wiki[1]: il n’y a pas plusieurs pages entre lesquelles on pourrait naviguer. Mais c’est aussi plus simple à  utiliser. Et c’est plus souple: lecture en ligne pour quiconque a l’URL ou pour des destinataires sélectionnés, billet à  bloguer (je l’ai fait avec celui-ci), fichier sauvegardé sous différents formats, par exemple en vue d’une mise en page plus sophistiquées, ou importé sous Writely pour pouvoir être partagé. Il y a bien d’autres raffinements encore: par exemple tout document Writely a un fil RSS qui permet de suivre son développement via un agrégateur.

J’ai depuis découvert une autre ligne d’outils collaboratifs en ligne, tout aussi séduisants: j’ai testé l’édition du présent billet sur Writeboard[2] de 37signals. La beauté de la chose, c’est que ce n’est plus, pour ceux qui s’en souviennent, comme le « choix » imposant aux adeptes de WordPerfect de se soumettre à  la loi de Word. Désormais, que celui qui créé un document le fasse sur Writely ou sur Writeboard, peu importe: pour toutes les personnes appelées à  y contribuer ce n’est que de la navigation faisant appel de manière simple et intuitive aux fonctions disponibles.

Sur le même principe, Google a lancé plus récemment un tableur collaboratif en ligne que j’ai aussi utilisé avec facilité alors que je ne suis pas un habitué d’Excel. Parions que ce sont bientôt des suite d’outils bureautiques unifiés que nous aurons à  disposition sur le web, sans plus avoir à  en encombrer nos ordinateurs et nos neurones. J’éprouve à  les utiliser, à  laisser mes fichiers en ligne plutôt qu’à  devoir les classer sur mon disque dur, la même libération qu’à  écrire sur un blog plutôt que pour un journal papier (ou comme, depuis fort longtemps, à  n’avoir aucun favori dans le navigateur de mon ordinateur: ils sont tous sur ma page My Yahoo[3]). Et les possibités d’échanges et d’interactions s’en trouvent multipliées, comme le soulignent ces quelques exemples enchanteurs:

Let’s see, I could use Writeboard to…

Write and revise a song, poem, or short story
Have my co-workers help me write my resignation letter
Collaborate on a new Constitution

Le groupe de discussion de Writely contient lui le témoignage d’un animateur travaillant avec des marginaux: ils sont peut-être sans domicile fixe mais ils peuvent ainsi partager un bureau commun accessible depuis tout Internet public…

Le Web 2.0, cette expression tarte à  la crème, c’est un peu tout cela: le passage d’une logique de l’offre (de quelques-uns vers la multitude) à  une logique de l’usage (de tous pour chacun). D’abord utilisée comme un simple moyen supplémentaire de diffuser de l’information, comme un outil de vente en ligne intégrant la gestion des stocks et la comptabilité, la navigation en ligne évolue vers des fonctionnalités nouvelles fondées sur l’agrégation, la collaboration, dont le développement est rendu possible par l’interactivité généralisée. Comment pourrais-je revenir à  « mon » Word, jardin à  l’autarcie très relative, maintenant que j’ai croqué à  l’ouverture libératrice de Writely?

Notes

[1] Voir la Wikipédia pour ceux qui ne connaissent pas.

[2] Plus rustique, peut-être plus proche du flip-chart virtuel que du traitement de texte.

[3] Que, respectueux de la force d’inertie, « If it’s aient broken, don’t fix it! », je n’ai pas encore trouvé de raison suffisante de déménager chez NetVibes ou autre, mais les prosélytes peuvent laisser des commentaires….

2 commentaires

  1. Mesquin de passage
    21 juin 2006

    « Ce n’est pas un wiki: il n’y a pas plusieurs pages entre lesquelles on pourrait naviguer. Mais c’est aussi plus simple à  utiliser. »

    Je suppose que le succès de wikipedia est à  imputer à  l’élitisme de ses contributeurs soucieux de conserver l’usage exclusif d’un outil moins simple à  utiliser 🙂

  2. @Mesquin: et méchant avec ça! 😉 Il n’est pas non plus obligatoire, si l’on consulte la Wikipédia, d’aller y poser sa propre virgule dans les coins pour marquer son passage… Comme j’essaie de le dire, il faut différents outils pour différents usages, l’important est que ce soit l’usager qui décide, pas l’outil. En réalité un wiki n’est pas si compliqué que cela et reste quelque chose de fabuleux. Aussi pour de toutes autres utilisations, comme l’illustre brillament la fée Kozlika par exemple.

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