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La tactique du salami et autres aliments impurs

Un certain nombre de référendaires opposés à  la loi sur le partenariat (LPart) sur laquelle les Suisses voteront le 5 juin sont issus de partis qui entendent défendre les valeurs chrétiennes. De son côté, le Parti Démocrate-Chrétien a décidé de soutenir la LPart. Dans son introduction à  la LPart, Ruth Metzler, alors conseillère fédérale (PDC) a dit: «Mesdames et Messieurs, c’est une question d’amour.» Les opposants n’ont donc pas le monopole de la foi. Surtout pas d’une foi basée sur les Ecritures. Jésus ne s’est pas exprimé sur l’homosexualité mais il a remis en question des catégories comme le pur et l’impur, de même que l’auteur des Actes des apôtres qui est allé très loin en la matière…

«Le pacs débouche sur l’adoption et les associations homosexuelles pratiquent à  cet égard la tactique du salami» – voilà  qui résume l’argument principal des adversaires de la loi sur le partenariat (LPart), sur laquelle le peuple suisse vote le 5 juin. Dans le cas de la Suisse, cet argument est simplement faux. D’une part, l’adoption est formellement exclue par la LPart (art. 28). D’autre part, notre système démocratique exclut que le peuple se voie refiler une loi dont il ne veut pas. Dans la plupart des autres pays (comme en Espagne récemment), c’est une majorité parlementaire qui fait passer les lois. Ici, dans l’hypothèse où la question de l’adoption devait figurer à  l’ordre du jour, c’est le peuple qui aurait le dernier mot. C’est une insulte au peuple suisse et à  ses institutions démocratiques que de prétendre qu’en disant oui à  la LPart, on ouvre la porte à  l’adoption. Donc, en Suisse, même si on est opposé à  l’adoption, on pourra voter en toute sérénité pour le partenariat.

Un certain nombre de référendaires sont issus de l’Union Démocratique Fédérale et du Parti Evangélique Suisse, qui entendent défendre les valeurs chrétiennes. Le Parti Démocrate-Chrétien, qui se réfère également aux valeurs chrétiennes, a décidé de soutenir la LPart, que ce soit au niveau national ou au niveau genevois. Les opposants n’ont donc pas le monopole de la foi. Surtout pas d’une foi basée sur les Ecritures. On peut bien sûr citer tels versets du livre du Lévitique qui parlent d’abomination et prescrivent la mise à  mort des hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes (18,22/20,13) (dans l’Ancien Testament, les femmes ne sont pas concernées par ce sujet). Mais le même livre du Lévitique interdit de manger du porc (11,7), animal impur, et de se tailler les favoris (19,27), des prescriptions que les chrétiens fondamentalistes ne se sentent pas astreints de suivre…

Et Jésus ? Il ne s’est pas exprimé sur la question. Mais il a remis en question les catégories du pur et de l’impur, en explicitant leur signification spirituelle. Par exemple, il a dit que la générosité du cœur rendait tout le reste pur (Luc 11,41). En dehors des paroles de Jésus, il y a un récit des Actes des apôtres (ch. 10) va aussi très loin. Dans une vision, Dieu ordonne à  Pierre de manger des animaux impurs avec cette justification : «Ce que Dieu a rendu pur, tu ne vas pas, toi, le déclarer immonde !» Le but est de faire comprendre que, dans le Christ, les Juifs et non-Juifs (auparavant des païens impurs) sont embrassés par Dieu dans un même regard d’amour qui purifie.

Certes, pour l’apôtre Paul, les pratiques homosexuelles illustrent une déchéance: celle que représente le passage à  l’idolâtrie. (Rm 1,24ss) A son époque, dans la société romaine, la sexualité est fondée sur des rapports de pouvoir : un homme adulte et libre peut prendre qui il veut pour partenaire sexuel — femmes, esclaves, adolescents des deux sexes – mais il serait effectivement déshonoré si c’était lui qui avait le rôle passif. Mais Paul, c’est d’abord un théologien qui a dressé un réquisitoire implacable contre… la religion! La religion instrumentalisée pour se donner une bonne conscience pleine de son bon droit.

On pourra toujours sélectionner certains versets en fonction de ses obsessions en ignorant soigneusement tous les autres. On peut aussi se demander quelle attitude le message central de Jésus, qui commande toutes les autres significations, pourrait bien nous inspirer. Rappelons-nous la phrase de Ruth Metzler, alors conseillère fédérale (PDC) dans son introduction à  la LPart: «Mesdames et Messieurs, c’est une question d’amour.» L’amour, l’affection, avec des obligations réciproques entre les partenaires. Pour ceux qui y croient, cet amour humain renvoie à  un Amour infini et premier qui est le seul critère de la distinction entre pur et impur.