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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Ah, l’ordre symbolique…

Steve

Porté par mes recherches sur les (pauvres) arguments des opposants à  la loi sur le partenariat enregistré (pour ceux que la question intéresse, lire ici ma bafouille de ce début de nuit), qui sera soumise au vote du peuple suisse le 5 juin prochain en même temps que les accords de Schengen négociés bilatéralement avec l’Union européenne, je découvre aujourd’hui par hasard un papier mis en ligne il y a un mois par la section valaisanne de l’UDC (l’Union démocratique du centre, mieux appelée en Suisse alémanique Parti du peuple suisse).

L’UDC valaisanne, une section qui compte parmi les dures de l’UDC, s’est en fait contentée de reproduire un article publié sur le site Libertepolitique.com de la Fondation de service politique, laquelle se fixe pour but «d’éclairer les grands débats contemporains à  la lumière de l’enseignement de l’à‰glise [catholique, s’entend]».

L’article, qui est une présentation du dernier ouvrage de Thibaud Collin, intitulé Le mariage gay, s’en prend violemment aux avancées des droits des gays en assénant, pour ce qui vaut la peine d’être retenu, un argument d’autorité tarte à  la crème: l’ordre symbolique est en danger. Ah, l’ordre symbolique… à€ chaque fois que les droits des gays sont abordés, on convoque le psychanalyste ou l’anthropologue conservateurs de service qui formulera ses craintes quant au fameux ordre symbolique. Or, ne s’agit-il pas là  simplement de la peur face au changement (grâce à  laquelle l’UDC vogue de succès en succès), des réticences face à  l’inconnu? En résumant à  gros traits (ce qui importe peu, puisque je doute que l’électorat visé par l’UDC parvienne même à  saisir les grandes orientations du texte…), l’auteur semble estimer qu’il est dangereux de travailler à  un nouvel équilibre symbolique : à  ses yeux, l’actuel a fait ses preuves depuis des temps immémoriaux et on ne saurait le mettre en péril par le simple fait que des groupes minoritaires (ou opprimés malgré leur plus grande force numérique: voyez les femmes) sont discriminés. On retrouve là  l’attitude de l’UDC face aux problèmes de notre temps: faire l’éloge du passé, des valeurs traditionnelles, attiser les craintes et préjugés de la population (à  l’endroit des étrangers, en particulier), prôner l’ordre et la répression…

P.-S. : En prévision d’éventuelles réactions, je suis conscient qu’il y a contradiction apparente avec mon billet précédent, qui me montrait sous un jour plus réac. Si je ne suis pas opposé à  une évolution salvatrice d’un système linguistique, en l’occurrence celui du français, qui reflète l’hétérocentrisme de la société des siècles précédents (voir le masculin générique), j’estime que pour arriver à  un résultat viable, il faut pouvoir proposer un nouveau système qui se tient (on pourrait par exemple imaginer un féminin générique selon le sexe de celui qui prend la plume…), faute de quoi la langue concernée s’effondre, elle et son système mis à  mal, pour être remplacée par une autre… L’ordre symbolique patriarcal actuel peut avantageusement être remplacé par un autre. Dans le cas d’une langue, le danger est de la voir simplement disparaître pendant la longue période où elle cherche un nouvel équilibre.