Irak: le débat Hitchens – Galloway
Bon, peut-être une mise en garde, du type de celles que l’on trouve sur les paquets de cigarettes ou les bouteilles d’alcool: âmes sensibles s’abstenir! J’avais trouvé quelque peu déplacée une remarque d’Emmanuel renvoyant dos à dos les deux protagonistes, depuis lors je la comprends un peu mieux: comme le relève Oliver Kamm, si Christopher Hitchens peut à bon droit revendiquer la qualité de porte-parole de la gauche en faveur de l’intervention en Irak, George Galloway ne représente pas les adversaires de la guerre mais les partisans de la défaite de la démocratie, le camp d’en face, et Emmanuel avait le discernement de ne pas le soutenir.
Mais si une partie de catch politique n’est pas pour vous déplaire (et elle est organisée de manière pointilleuse, en deux rounds initiaux suivis d’un débat et de conclusions, avec décompte du temps de parole), si en particulier, comme moi, vous voulez communier à l’ambiance et voir en action votre champion, Christopher Hitchens, point n’était besoin d’être dans la salle, à New York. Vous pouvez lire ce qu’en ont écrit, en particulier, Harry’s Place et Drink-soaked Trotskyite Popinjays for War (plusieurs billets, le 15.09, avant et après). Vous pouvez télécharger les fichiers audios. Ou vous pouvez regarder la vidéo (près de 2 heures).
COMPLEMENT DU 23.09 à 16h: Hourra, il existe une transcription du débat par un blogueur bénédictin (via Harry’s Place). Pas à dire, je crois à la supériorité de l’écrit.
Bon, j’ai enfin écouté le débat (les 2/3 du débat en tout cas, ça a fini par me gaver sérieux au bout d’un moment). Je crois que si je devais réécrire aujourd’hui la note qui t’a fait lourdement tiqué, je préciserais que Hitchens est Marseille et Galloway le PSG : je déteste sincèrement l’OM, mais je préfère encore que ce soit eux qui gagnent face au PSG…
Pour être plus clair : Galloway est un populiste fascisant de la pire espèce. Et dangereux, en plus. Hitchens est juste un sophiste dont l’honnêteté intellectuelle est à peu près égale à zéro (cf son jugement méprisable sur l’étude du Lancet ou son argument absurde selon lequel les opposants à la guerre en Irak étaient nécessairement contre l’intervention au Kosovo ou en Afghanistan). Ce qui fait qu’au total je suis complètement d’accord avec Greg Palast :
« This is not about George Galloway, but about us. What’s Left? Are we about standing for the defenseless — or the cruel and senseless?
A couple of months after the invasion of Iraq, I was in Los Angeles and some drunk accosted me, saying, « George Bush was right about everything he said about Iraq! » — weapons of mass destruction, the al-Qaeda connection and more. It was Christopher Hitchens, « debating » me, and furious. His confusing our President’s assertions with reality was a verbal pie he threw in the air and caught on his face.
He was flustered not because I disagreed with him – he enjoys that, being the look-at-me bad boy – but because I agreed with him: Saddam was a monster and Iraqis, overwhelmingly, wanted him gone.
But I could not, like Hitchens, shill for Mr. Bush’s war of « liberation. » I could see where it would end. When a snake devours a rat, it doesn’t liberate the captive mice. The mice are « saved » — for lunch.
But it is not good enough for the Left to oppose Mr. Bush’s re-colonization of Iraq. We needed to have actively supported Iraqis fighting to remove their Mesopotamian Stalin. And now, we’d better come up with something a little less nutty than a recent suggestion by one otherwise thoughtful writer that we, « unconditionally support the insurgency » of berserker killers and fundamentalist madmen. If that’s the Left’s program for Iraq, count me out. »
J’ai l’air d’avoir un petit problème pour rouvrir ces commentaires (je les avais limité dans le temps, par défaut, à la suite d’une attaque de spams). Mais je tiens à te remercier de ce complément (même si j’avoue partager l’avis d’Hitchens sur « l’étude » publiée dans Lancet; quant à la nature des adversaires de l’intervention en Irak, je dirai en tout cas que ceux qui ont été contre celles au Kosovo et en Afghanistan ont aussi été contre celle-ci, et que les adversaires de l’intervention en Irak chauds partisans de l’intervention au Kosovo et en Afghanistan — parmi lesquels tu figures très honorablement — ne me paraissent guère représentatifs de l' »anti-guerre » lambda…).