Droit d’asile pour les gays
Je voudrais pouvoir me réjouir de la décision de la Cour suprême britannique qui a accordé le statut de réfugié à deux requérants, l’un iranien, l’autre camerounais, en raison de leur homosexualité.
Ce qui m’indispose, toutefois, c’est la manière triviale dont l’un des juges a décrit la question[1]:
What is protected is the applicant’s right to live freely and openly as a gay man. To illustrate the point with trivial stereotypical examples from British society: just as male heterosexuals are free to enjoy themselves playing rugby, drinking beer and talking about girls with their mates, so male homosexuals are to be free to enjoy themselves going to Kylie concerts, drinking exotically coloured cocktails and talking about boys with their straight female mates.
Si tant est que cette caricature représente un idéal, il n’est déjà atteint que dans quelques enclaves urbaines des démocraties les plus libérales. Estimer qu’en deçà on tombe dans l’oppression est se moquer de la réalité quotidienne des gays et des lesbiennes en Occident. Et c’est projeter une vision complètement fausse de la nature du statut de réfugié, tant auprès des concitoyens contribuables que des requérants potentiels et des autres candidats à l’émigration depuis un pays du tiers-monde.
Notes
[1] Qu’il le souligne lui-même ne le justifie nullement: manifestement la délibération en audience publique pousse à produire des bons mots pour la galerie et confirme ma suspicion qu’un juge suprême n’est pas un esprit supérieur aux simples mortels mais est susceptible, comme le dernier des parlementaires venus, de tenir des propos de café du commerce.
« Ce qui m’indispose, toutefois, c’est la manière triviale dont l’un des juges a décrit la question »
L’important est peut être simplement de constater des avancées contre l’homophobie et rien d’autre. On peut y voir un recul de l’obscurantisme et chacun se doute bien que « Paris ne s’est pas fait en un jour ».
Cordialement.
Je viens de jeter un coup d’oeil dans l’arrêt. Il semblerait que l’argumentation du gouvernement était en gros ceci : les gays peuvent vivre leur sexualité dans la discrétion, on ne peut donc faire l’analogie avec disons un réfugié politique.