Bémols militants à propos d’un film touchant
On a failli le rendre définitivement folle
Comment parler d’un film, Les garçons et Guillaume, à table, dont on ne devrait pas dévoiler la fin? Prévisible pourtant, comme certains disent (mon compagnon mais pas ma meilleure amie). Comment l’apprécier? « Originalité, finesse et brio », comme ils disent (à Têtu). Un film qui cependant prend le risque, il faut que je le dise, de croire que le public est suffisamment éduqué en matière d’homophobie pour savoir en user avec les clichés étiologiques. Les rires de la salle relèvent-ils du premier ou du deuxième degré?
D’ordinaire, je serais enclin à me désolidariser des esprits militants qui s’autorisent quelque chagrin lorsqu’une personne de bonne volonté lâche le mot qu’il ne fallait pas – comme « tolérance » au lieu d’ « acceptation » ou « indifférence ». Ce qui m’a amené un tout petit peu de perplexité (mais exempte de tout chagrin) dans le film, c’est que le raisonnement psychanalytique explicatif relatif à la relation à la Mère y a sa place, qu’il acquiert une part de crédibilité, sans que l’on puisse faire le tri. Ce ne sont pas les caricatures de psys successifs usés par le protagoniste qui en portent la responsabilité, mais le héros qui énonce des hypothèses, qu’il vérifie in situ.
Malgré les simplifications finales, le résultat en vaudra la chandelle, tant pour le personnage (happy end) que le public. Un surréalisme allié à une gentillesse et une sincérité désarmantes – c’est trop rare pour bouder son plaisir.