Pas de paix sans liberté
C’est un vieux slogan de gauche (du moins ça l’était). Mais Bush ne dit rien d’autre, et cela avec constance, depuis qu’il en a pris conscience sous le choc de l’attaque contre la démocratie le 11 septembre 2001. Et il l’applique au conflit israélo-palestinien avec la même détermination, profitant de la fenêtre d’opportunité ouverte par la mort de Yasser Arafat, comme le démontre la conférence de presse commune avec Tony Blair donnée hier. Il vaut la peine de lire la transcription complète (ou de regarder la vidéo).
Ce qui est fascinant, c’est de voir avec quelle méfiance et quelle cynisme de tels engagements sont accueillis par ceux-là même qui prennent pour argent comptant la moindre déclaration d’un Arafat, justement, ou d’un Chirac. Sur la BBC (mais c’est sans doute la même chose à la télévision romande ou française, dans Le Monde ou Le Temps), l’information est accompagnée d’une analyse dubitative et même un commentateur subtil comme Andrew Marr se croit obligé de jouer l’étonnement. Or Bush n’a pas varié sur ce sujet au moins depuis son discours à l’Assemblée générale des Nations Unies, le 12 septembre 2002, dans lequel il déclarait déjà:
In the Middle East, there can be no peace for either side without freedom for both sides. America stands committed to an independent and democratic Palestine, living side by side with Israel in peace and security. Like all other people, Palestinians deserve a government that serves their interests and listens to their voices. My nation will continue to encourage all parties to step up to their responsibilities as we seek a just and comprehensive settlement to the conflict.
Si la conversion de Bush à l’internationalisme démocratique est d’autant plus remarquable qu’elle est contraire au programme sur lequel il a été élu en 2000 (mais elle a été répétée à maintes reprises, appliquée dans les faits a été dûment confirmée par sa réélection), la conviction de Blair est, elle, conforme à la meilleure tradition de la gauche démocratique et avait déjà trouvé son expression complète dans un discours prononcé à Chicago le 24 avril 1999.