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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

For a good sexing up: try Belzébuth!

Voici ce qu’on a pu trouver dans Le Temps du 22 septembre 2003 (et sans doute ailleurs – mais à ceux d’ailleurs, on leur pardonne s’ils ne prétendent pas être un journal européen de référence).

« Belzébuth n’aurait pu rêver meilleur scénario. Tous les baptêmes,

communions, mariages et autres sacrements célébrés depuis 1998 dans

la petite Eglise San Vincenzo, prise comme décor pour le film

intitulé ‘Le confessionnal’, seront annulés. La petite paroisse de

Gioa Vecchio, dans les Abruzzes, a en effet été désacralisée pour

avoir servi de site pornographique. Les carabiniers viennent, cinq

ans après les faits, de mettre au jour la diabolique machination. Le

réalisateur du ‘Confessionnal’ avait demandé l’autorisation au prêtre

de San Vincenzo de tourner quelques scènes de mariage dans sa

paroisse. Persuadé qu’il ne s’agissait que d’une très innocente

cérémonie de noces, celui-ci n’avait pas hésité un seul instant à

concéder aux saltimbanques l’utilisation temporaire du lieu de culte.

Trompé par les scènes extérieures montrant des ‘invités’ attendant

les mariés, le prêtre ne s’était pas le moins du monde préoccupé

ensuite du déroulement des scènes intérieures, laissant le champ

libre à l’équipe du tournage.

C’est un amateur de pellicules ‘hard’ qui s’est récemment rendu

compte de la profanation après avoir loué la cassette du

« Confessionnal’. devant l’autel de San Vincenzo, un couple d’acteurs

– l’homme en habit de prêtre et la femme portant la robe de mariée –

se livrait à d’intenses ébats sexuels. Le fidèle en quête d’émotions

fortes a dénoncé l’affaire auprès des autorités. L’enquête a

rapidement permis de vérifier qu’il s’agissait bel et bien de

l’intérieur de l’Eglise de Gioa Vecchio. Le réalisateur, le

producteur et les acteurs sont aujourd’hui poursuivis pour offense à

lieu sacré. Mais, surtout, tous les rites célébrés depuis cinq ans

dans l’Eglise sont déclarés illicites. En vertu de l’article 1211 du

droit canon, A ‘toutes les cérémonies célébrées après un acte

scandaleux, grave et contraire à la sainteté du lieu entraînent la

profanation du lieu lui-même’. Seul un décret épiscopal pourra

désormais réhabiliter les sacrements annulés et sauver la morale de

San Vincenzo. »

Pourquoi impliquer ce pauvre Belzébuth dans ce qui est le gonflage d’un scandale, au nom de l’anticatholicisme primaire ? Mais, parbleu, parce que ‘Belzébuth’ est dans le Nouveau Testament le nom, (péjorativement) déformé et pouvant signifiant ‘le seigneur du fumier’, de Baal Zebub, qui est à l’origine un dieu philistin, plus précisément le seigneur des mouches – c’est donc lui, le seigneur du taon, qui a inspiré le journaliste du quotidien homonyme.

Des sacrements annulés ? Des bébés ou des adultes morts sans baptême effectif ? On les croyait au paradis ou au purgatoire et voilà qu’ils sont dans les limbes ou en enfer ? La doctrine catholique comporte bien des points déconcertants – mais de là à ce que des actes commis par des tiers qui n’ont rien à voir aient le pouvoir d’abolir, aient le pouvoir de faire que des gestes, des actes, des paroles qui engagent les humains – fidèles ou officiants – et Dieu n’aient pas eu lieu…

Que dit l’article 1211 du Canon (désolé, pas trouvé en français) ?

En gros : qu’un lieu sacré peut être profané par certains actes, que les actes de dévotion peuvent être suspendus jusqu’à ce que le mal soit réparé par la pénitence. En aucun cas, il n’est dit que cela annule des sacrements.

L’article suivant parle aussi des lieux qui peuvent avoir perdu leur caractère de consécration ou de bénédiction. Mais rien n’est dit sur la vertu intrinsèque des sacrements. C’est justement la caractéristique de l’Eglise catholique de croire à cette valeur intrinsèque et objective des sacrements (que même Dieu ne peut annuler, comme l’a critiqué Luther à propos des indulgences).

Quand on est un journal de référence, on ne se contente pas de se faire plaisir sans s’être renseigné préalablement. Mais l’occasion était trop belle de faire les malins au dépens de cette Eglise qu’on adore détester. Pour ma part, je suis bien placé pour avoir des états d’âme quand cette malheureuse Eglise (ou plutôt sa Curie) s’en prend aux couples de même sexe. Qu’on rie, qu’on se gausse, qu’on fulmine – mais qu’on le fasse à bon escient et pas sur la base d’informations un peu trop sollicitées, pour ne pas dire gonflées, c’est-à-dire, et c’est le cas de le dire, sexed up.

Félicitations quand même au fidèle en quête d’émotions fortes d’avoir eu la capacité et la présence d’esprit pour reconnaître son église pendant qu’il était censé se concentrer sur autre chose en visionnant la cassette. C’est donc quelqu’un qui est tant obnubilé par l’Eglise qu’il a besoin de l’associer au fantasme porno tout en ne supportant pas l’idée que le fantasme passe dans la réalité, ce qui est très sain et devrait donner de quoi méditer à plus d’un journaliste.