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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

L’Autriche ou Chicago – et Calvin

Le quizz de Mises que François Brutsch vient de signaler m’apprend que je suis plus proche des garçons de Chicago que des aristocrates autrichiens. Dans mon ignorance, entretenue par la grande presse, je croyais que c’étaient les premiers qui incarnaient la théorie et la pratique de ce qu’on appelle le néolibéralisme.

La position autrichienne récuse toute assimilation de l’économie aux sciences dures. Elle se fonde en effet sur la liberté, sur l’imprédictibilité des comportements humains, des événements en général. Elle apparaît comme l’opposé du totalitarisme. Et pourtant. D’elle aussi émane une froideur, une insensibilité, celles de la logique implacable, celle l’évidence géométrique irréfutables.

La lecture de Friedrich von Hayek (autrichien ET émigré à Chicago) sur la justice sociale (pour lui, un concept impossible), à l’époque où j’étudiais la théologie, m’avait fait la même impression que Calvin à propos de la prédestination. J’avais trouvé fascinant l’exposé de cette doctrine, qui expliquait tout, en suivant une logique irréfutable (à mes yeux). Dans un deuxième temps, il m’est apparu que l’amour du système risquait de surpasser l’amour divin et ne pouvait être human friendly. (Luther l’avait mieux compris que Calvin – qui de son côté a fait mieux dans d’autres domaines. Rappelons quand même que la doctrine de la prédestination avait tout son sens dans le débat sur l’immédiateté de la relation entre l’homme et Dieu.)

Pour en revenir à Hayek, en le lisant, j’ai d’abord éprouvé une grande jouissance intellectuelle, philosophique, métaphysique. L’impression d’avoir accès à un point de vue sur l’ordonnance ultime du monde. Impression suivie d’un profond malaise. Hayek en sait trop, en dit trop, il a le point de vue de Dieu. Sa bienveillance pour l’humanité est au mieux condescendante.

A noter que ceci a été écrit sous l’effet du visionnement du dernier épisode de Matrix Revolutions – qui est aussi une mise à nu de la logique implacable qui régit le monde, la logique des machines créées par l’homme. Avis aux théoriciens ès choses humaines.