Bush aggrave son cas (pour la TSR)
Comme combien d’autres médias, la Télévision Suisse Romande a instrumentalisé la capture de Saddam en une mise en accusation de plus de George Bush. Dans le journal télévisé d’hier, les seules réactions de joie qui sont montrées sont celles d’exilés irakiens en Australie. Par contre, on n’oublie pas de mentionner que les fidèles qui protestent sont dispersés « sans ménagement » par les soldats américains. On s’alarme sur le fait qu’il risque de la peine de mort. (Est-ce bien le moment, est-ce seulement décent?) On recourt à l’expert qui nous explique doctement qu’un tribunal irakien risquerait de mener un procès inéquitable. Avec les millions de Kurdes gazés, le risque est grand effet. Ce n’est pas cette préoccupation qui me dérange, c’est la fierté de nos systèmes démocratiques que de tendre à des procès équitables. Mais pas un instant, on ne donne le même poids aux crimes qui pourraient valoir quelque peine que ce soit à Saddam. Tout ce qui transpire, c’est que le personnage haïssable dans l’histoire, c’est encore et toujours Bush, dont on rappelle qu’il est Texan,ce qui sous-entend un odieux partisan de la peine de mort (que je ne suis pas au cas où ce serait nécessaire de le préciser). En plus d’évoquer le facteur électoral, la correspondante aux USA diabolise au maximum l’idéologie de l’équipe de Bush qui fait de Saddam un représentant du Mal. Pour Françoise Weilhammer, avec les images de la capture (dont l’inspection de la bouche), les Américains ne visent pas particulièrement à humilier le monde arabe. Pour elle, les gens de Bush sont de toute façon incapables de comprendre le côté problématique de ces images, l’inspection bucccale semblant constituer un comble en la matière. Pour ma part, qu’il y ait intention délibérée ou non, ce que j’en retiens, c’est que, quoi qu’ils aient fait, ils ont fait faux – et qu’il n’est pas question d’applaudir ou de se réjouir de cette capture, ni même de la traiter de façon neutre. Ces oeillères médiatiques ont beau m’être connues et prévisibles, elles restent toujours pénibles à constater.
Complément de 13h30 : Maintenant que j’y repense, l’une de mes premières réflexions quand quand j’ai vu Saddam avant et après rasage était de me dire: ils veulent le faire paraître le plus présentable possible, cet souci de la dignité du vaincu est justement une conséquence de l’idée que les vainqueurs se font de la dignité humaine (la leur et celle d’autrui). Malheureusement, presque en même temps, j’ai pensé à l’aspect humiliant du fait de montrer (pas de pratiquer) la visite buccale. Mais est-ce bien là le plus important?