L’Irak place l’ONU devant ses responsabilités
Comme de juste, Le Temps n’en a soufflé mot (après résistance et collabos, le vocabulaire appliqué par ce journal pour traiter de la situation en Irak s’est enrichi aujourd’hui de délateur: celui qui a permis la capture de Saddam). Le Monde, lui, y a consacré un article dans son édition datée de jeudi (sortie mercredi midi, donc). De quoi s’agit-il? D’une intervention marquante du ministre des affaires étrangères irakien, Hoshyar Zebari, devant le Conseil de sécurité, mardi 16 décembre (dans un débat organisé à l’initiative de la France et de l’Allemagne!):
« Dans son discours public, M. Zebari a eu des mots très critiques pour les Nations unies. ‘L’ONU n’a pas réussi à aider à sauver le peuple irakien d’une tyrannie meurtrière qui a duré plus de trente-cinq ans. Aujourd’hui, les milliers de victimes que nous déterrons sont comme l’horrible testament de cet échec’, a-t-il dit, avant d’ajouter: ‘L’ONU ne doit pas échouer de nouveau avec le peuple irakien.’ Une même volée de bois vert a été administrée aux pays qui s’étaient opposés à la guerre, rangés dans la catégorie des ‘pays qui voulaient apaiser Saddam Hussein’, par opposition à ‘ceux qui voulaient le mettre devant ses responsabilités’. ‘Régler ses comptes avec les Etats-Unis ne devrait pas se faire au détriment de l’aide à apporter aux Irakiens pour assurer la stabilité du pays’, a-t-il dit. »
Et le représentant du Conseil intérimaire de gouvernement irakien a poursuivi sur sa lancée en flétrissant l’attitude de l’Organisation, qui évacué l’Irak après l’attentat dont elle a été victime et prétend désormais agir depuis Chypre.
Ce n’était pas dans Le Monde, mais dans la presse anglo-saxonne: à la sortie, Kofi Annan était plutôt secoué et a assez faiblement déclaré que ce n’était pas le moment de faire ce genre de déclaration. Il est vrai qu’il porte déjà la croix de l’évacuation de l’ONU au Rwanda avant le massacre.