Mariage, gays et discrimination
Ajouté hier mon grain de sel, en anglais, sous forme de commentaire (le 22e) à la suite d’un billet d’Oliver Kamm sur le thème du mariage gay. Et bavardé aujourd’hui à ce propos avec un Américain, de retour d’un séjour à San Francisco: j’ai soudain mesuré le traumatisme que représente, pour la mémoire collective aux Etats-Unis, la discrimination raciale dans les Etats du sud, qui n’a été définitivement éradiquée que dans les années 1960 par une action résolue de l’Etat fédéral appuyé par la Cour suprême. Dès lors, toute référence à un partenariat (civil union) pour les couples de même sexe parallèle au mariage pour les couples hétéros n’évoque que le spectre du « separate but equal » (je me suis épuisé en pure perte à démontrer qu’en l’occurrence l’élément de l’exploitation d’un groupe dominé par un groupe dominant fait défaut, comme l’explique Laurent le Polyscopique — mais il est justement Canadien!).
Ce n’est donc en définitive pas un hasard si c’est au Danemark qu’est née en 1989 l’institution du partenariat, si elle se répand sans grand problème en Europe (dont la mémoire collective trimbale bien d’autres cicatrices — guerres de religion, Terreur, guerres napoléoniennes, colonisation, totalitarismes communiste et fasciste, deux guerres mondiales, Holocauste, purification ethnique, et j’en oublie sûrement — mais pas celle de l’esclavage et de discrimination légale à l’égard des Noirs) et si elle (ne) s’est acclimatée outre-Atlantique (qu’)au Vermont (qui est un peu le Danemark de l’Amérique, non?). Nos esprits souples et pragmatiques, pour ne pas dire retors, sont prêts à admettre, selon la formule jurisprudentielle en usage en Suisse, que l’on peut traiter de manière différente des choses différentes, sans en faire un fromage.
Et puis il y a toujours la figure qui ne colle pas dans un tableau rationnel et harmonieux: c’est un Anglais catholique, Andrew Sullivan, qui est le héraut le plus achevé du fondamentalisme anti-discriminatoire américain…