Réforme de l’ONU
Il commençait de filtrer depuis quelques jours, il est désormais officiellement en ligne: le rapport Un monde plus sûr: notre affaire à tous du Groupe de personnalités de haut niveau (Badinter, Brundtland, notamment) sur les menaces, les défis et le changement nommé l’an dernier par Kofi Annan. Au menu: des propos pleins de bon sens sur l’interdépendance et les nouvelles menaces, une définition sans compromission du terrorisme, des propositions institutionnelles touchant le Conseil de sécurité et d’autres organes…
Reste à voir si cela va assez loin, et surtout si Kofi Annan a encore la crédibilité personnelle nécessaire pour faire quoi que ce soit, alors que la corruption et l’incompétence dans la gestion des sanctions contre l’Irak (programme Pétrole contre nourriture) engage sa responsabilité. Ce n’est pas que je sois réellement partisan de le remplacer par Vaclav Havel; je préférerais à tout prendre le président polonais Alexander Kwasniewski proposé par Arthur Chrenkoff.
Je pensais aussi à la Pologne à propos de cette curieuse idée de donner un siège européen supplémentaire au Conseil de sécurité à l’Allemagne (mais l’Italie le revendique aussi): il s’agit peut-être d’effacer les cicatrices de la deuxième guerre mondiale, mais franchement c’est un peu dépassé, le rapport est censé adapter la structure de 1945 à 2005, que diable! Avec la Pologne, on aurait au moins un grand pays européen qui a autre expérience historique et géopolitique à apporter (on le voit à l’oeuvre ces jours en Ukraine) — et que la Françallemagne se partage un siège plutôt que d’avoir deux voix…
COMPLEMENT DU 4.12: Dans un éditorial, le Financial Times d’aujourd’hui offre un autre éclairage. Il relativise trop à mon goût le scandale du détournement du programme Pétrole contre nourriture (qui, comme le relève ce billet de Jeff Weintraub sur Normblog, retire tout fondement à la critique des sanctions en raison de leurs prétendues conséquences néfastes pour le peuple irakien et confirme que l’intervention était indispensable) mais souligne l’importance de ne pas briser l’ONU; c’est une leçon que Chirac devrait aussi assimiler: comme je ne me lasse pas de le répéter, on n’en serait pas là s’il n’avait pas saboté le travail du Conseil de sécurité avant et après la résolution 1441.