Jason et les femmes, Jason et les gais… à l’armée
L’ami Jason, c’est un soldat qui fait honneur à son pays à travers un regard très personnel d’un réalisme impitoyable sans verser pour autant dans le cynisme; Jason, c’est une absence de complaisance qui n’a rien à voir avec de l’auto-flagellation. Jason, c’est celui qui tenait le blog Just Another Soldier auquel il a dû renoncer, mais il n’en continue pas moins de régaler les lecteurs avec ses lettres électroniques, souvent complétées de photos.
Jason, c’est un hétéro pur sucre qui n’hésitait pas à rapporter que son éducation et sa culture lui valait de passer pour gai (quand bien même il est issu d’un milieu mormon). Consécration suprême: une de ses lectrice l’avait jugé un candidat tout à fait apte au titre de métrosexuel. C’est aussi quelqu’un qui a réfléchi sur la question des femmes à l’armée, plus précisément dans l’infanterie. Et qui n’hésite pas à donner des réponses crues à une adolescente indignée de la discrimination qu’elle ressentait: le cerveau primitif des mâles (dans leur majorité) a deux préoccupations majeures: 1° baiser et 2° se battre (dans cet ordre). Dès lors qu’une femme se trouve suffisamment proche d’un mâle, la préoccupation n°1 l’emporte sur toutes les autres chez ce dernier, à commencer par le respect de la discipline nécessaire au combat organisé. Une deuxième raison est que les femmes sont dotées d’un bon sens (common sense) qui les empêche de mettre inutilement leur vie en danger, contrairement à l’instinct macho qui pousse à une compétition et à un dépassement absurde de ses limites. Heureusement pour l’armée que les mâles sont dépourvus de ce bon sens-là, nous dit Jason.
Ce genre de propos m’ont donné envie de savoir ce que Jason pensait de la question des gais à l’armée, et c’est le plus aimablement du monde qu’il m’a répondu. Pour lui, c’est essentiellement une question de cohésion. Les gais peuvent mettre mal à l’aise leur camarades hétéros qui ne sont pas sûrs d’eux dans leur sexualité. Or l’homogénéité est la religion de l’armée, et les différences en matière d’orientation sexuelle la perturbent. Mais il est optimiste: à mesure que le trouffion de base apprend à être OK avec sa propre orientation sexuelle, le fait de côtoyer des gais ne sera plus un problème. Au combat, un homo reste un homme et c’est l’essentiel, même si son orientation sexuelle provoque le dégoût. Tandis que la différence des sexes restera toujours un grand problème.
Telle est la réflexion de Jason, qui a l’originalité plaisante de ne satisfaire entièrement aucune attente idéologique. Pour recevoir ses lettres, il suffit de le lui demander.