Et une nouvelle baudruche qui se dégonfle
Je ne sais pas si le caractère critique à certains égards du rapport de la commission Butler sur les renseignements provenant des services secrets et l’usage qui en a été fait avant l’intervention en Irak (l’essentiel en bref; texte intégral [fichier PDF]), comparé à celui du juge Hutton sur les circonstances ayant entouré la mort du Dr David Kelly, fera mieux accepter ses conclusions: comme le rapport parlementaire américain de la semaine dernière, elles confirment qu’il n’y a eu ni manipulation, ni mensonge, contrairement à ce que voudraient faire croire les adversaires de l’intervention, y compris Le Monde ou Le Temps…
Mais je trouve fascinante cette recherche pusillanime de la « faute » du côté gouvernemental, pour ne pas avoir à discuter du fond: le bien-fondé politique de l’action de Blair et Bush (et donc la faute morale du soutien à Saddam…). Alors que, comme je l’ai lu je ne sais plus où, l’existence concrète d’armes de destruction massive n’est en réalité un élément décisif ni pour un camp ni pour l’autre: pour les partisans de l’intervention, il y avait bien d’autres raisons (ne pas laisser devenir lettre morte la résolution 1441, ne pas rester inerte en attendant la prochaine attaque d’Al-Quaida mais contre-attaquer au fondamentalisme islamiste en illustrant la voie du développement démocratique au coeur du Moyen-Orient etc.); quant à Chirac, Schröder ou Putin, ils s’opposaient à l’intervention (« pas comme ça ») quand bien même ils étaient persuadés que l’Irak détenait de telles armes!
Complément de 23h: Le discours de Tony Blair cet après-midi à la Chambre des Communes.
Guillaume Barry me demande, dubitatif, s’il y a vraiment dans le rapport Butler de quoi faire changer d’avis des adversaires (ou simplement convaincre des indécis s’il en existe); sans doute pas, en revanche il faut se représenter la curée qui n’aurait pas manqué si le rapport Butler avait fourni le moindre élément dans ce sens!