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Les blogs et la pornographie expliqués au ministre

La révocation d’un responsable d’école qui tenait, sous le nom de Garfieldd, un blog dans lequel il était aussi question de son homosexualité met à  juste titre la blogosphère française en ébullition; et Libération confirme tristement qu’il perd pied face à  la modernité (mais rectifie quand même devant l’évidence).

Lisez la lettre ouverte à  Gilles de Robien, ministre de l’éducation nationale, qu’Eolas publie sur son Journal d’un avocat: c’est précis, impitoyable, drôle et ça peut même être efficace!

COMPLEMENT DU 20.01 à  20h: La blogosphère française tient son moment de gloire:

  • en contraignant Libération à  rectifier rapidement et publiquement son erreur, même s’il n’a fait que reprendre celle commise auparavant par les valeureux membres de la commission administrative paritaire nationale réunie en formation disciplinaire: des noms, des excuses!
  • en mettant le ministe de l’éducation nationale en mode « limitation des dégâts », suivant fidèlement les conseils gratuits de Me Eolas, puisqu’il a tenu à  publier sans délai un communiqué pour confirmer la réception du recours gracieux de l’intéressé et annonce d’emblée qu’il « arrêtera prochainement une décision mieux proportionnée à  la faute commise »; attendons pour savoir si ce sera un vrai happy end, avec une sanction relativement légère (toute la publicité malencontreusement faite autour de cette affaire étant par ailleurs déjà  assez lourde à  porter) ou si la victoire sera amère…

Tous les détails sont sur Embruns!

COMPLEMENT DU 21.01 à  15H15: Une fois levés les malentendus, la question de fond paraît bien être celle du blog à  la première personne lorsque l’on est reconnaissable; j’allais ajouter « et que l’on exerce une profession sensible » mais en réalité elle se pose dès que l’employeur et les collègues et autres personnes susceptibles d’avoir affaire avec l’auteur peuvent l’identifier. Sur ce point je ne pense pas être d’accord avec Alex dans les commentaires: c’est à  l’auteur de veiller à  assurer la séparation. François Briatte, se référant aussi à  d’autres situations, publie un très utile billet à  ce propos, avec les précautions à  respecter (voir aussi la discussion après ce billet chez Econoclaste). Ce qui ne justifie évidemment nullement une révocation! Mais rien ne devrait empêcher Garfieldd de rouvrir un blog dans quelque temps en suivant ces conseils et sous un autre pseudo (comme je rêve parfois qu’Arthur Chrenkoff, qui avait dû cesser de bloguer en changeant d’emploi, en ait lancé un autre…): Romain Gary se réinventant en Emile Ajar.

5 commentaires

  1. 18 janvier 2006

    Shocking, isn’t it?!

    Je viens de dàƒ©couvrir la nouvelle ce soir en rentrant chez moi. Une fois de plus, la blogosphàƒ¨re est en pleine àƒ©bullition. Ce coup-ci, c’est l’excellent Maàƒ®tre Eolas qui s’en prend àƒÂ  Gilles De Robien, ministre de l’Education Nationale. Dans

  2. 19 janvier 2006

    Et n’oubliez pas de mettre un commentaire même court à  la note d’Eolas, cela ne lui donnera que plus de poid.

  3. Alex
    19 janvier 2006

    Bien vu! Deux réflexions.

    1. Cette affaire démontre qu’il exsite une certaine tendance à  transgresser les limites entre vie publique et vie privée. En l’occurence, l’auteur du blog avait pourtant pris des précautions. Quoiqu’il en soit : la protection de la sphère privée aurait dû automatiquement exclure que des propos tenus sur un blog privé puissent jeter le discrédit sur son intégrité professionnelle.

    2. Elle met surtout en évidence que la chasse aux sorcières dans le domaine des infractions à  caractère sexuel (y compris la pornographie) n’est pas terminée. Il n’y a pas besoin d’une commission parlementaire pour se rendre compte que les responsables politiques et les médias n’ont pas tiré, et ne tireront pas, les leçons de l’affaire d’Outreau.

  4. 19 janvier 2006

    @Alex: Je ne suis pas sûr de comprendre tes remarques. Cf les références et la discussion engagée à  la fin de ce billet d’Emmanuel (en particulier l’obligation de moralité). Peut-on vraiment distinguer aussi formellement que tu as l’air de le penser vie publique et vie privée (et le caractère « privé » d’un blog laisse songeur, contrairement à  un vrai journal intime!)?

    Si je sors complètement du cas de Garfieldd, je me souviens d’un cas, dans le secteur privé, où un travailleur a perdu son emploi parce que la révélation (fortuite, en raison de la maladresse de l’intéressé qui y était parfaitement reconnaissable) de son annonce passablement olé-olé sur un site de rencontres a rendu toute collaboration avec ses collègues impossible. Idéalement, on devrait probablement dire aujourd’hui que ce sont ces derniers qu’il faut envoyer en cours de rééducation pour harcèlement, mais est-ce bien raisonnable?

  5. Alex
    20 janvier 2006

    @François: j’essaie d’affiner ce qui tient d’un constat. La protection de la vie privée est un droit constitutionnel. Cela ne signifie évidemment pas qu’elle est absolue (pensons simplement aux perquisitions dans le cadre d’enquêtes pénales). Mais, une restriction doit être prévue par la loi, répondre à  un intérêt public et être proportionnée au but recherchée. On peut admettre que les relations de travail, dans le secteur privé et public, sont de nature à  limiter quelque peu la protection de la vie privée. En Suisse, en droit privé, un congé donné pour un motif inhérent à  la personnalité de l’autre partie est abusif à  moins que cette raison n’ait un lien avec le rapport de travail ou ne porte sur un point essentiel un préjudice grave au travail dans l’entreprise (art. 336 al. 1 lit. a CO). Quant au droit de la fonction publique, il est délicat d’en faire un panorama du fait de la diversité des règles. On peut admettre une exigence qui va un peu au-delà  de celle admise en droit privé, particulièrement pour certaines fonctions particulières (agent(e) de police, magistrat(e), mais aussi certainement proviseur ou directeur/trice d’école comme on dit chez nous). Mais, à  mon sens, la pratique restrictive des autorités françaises, telle qu’elle est décrite par Frédéric Rolin sur son blog, pose problème à  l’aune de la protection constitutionnelle de la vie privée. Je trouve disproportionné que des actes parfaitement légaux (d’après ce que j’ai compris; en Suisse, ce serait également le cas de la pornographie dite douce si le matériel n’était pas d’une manière ou d’une autre accessible aux mineurs) puissent conduire à  une révocation. Il ne me paraît pas contestable que ces actes aient été accomplis dans un cadre privé, et que seul un public qui s’intéressait d’une manière ou d’une autre aux propos tenus par le proviseur a pu y accéder (le public n’est pas aussi directement confronté aux propos que si le proviseur s’était exprimé par exemple dans le journal local). Donc, ce qui me frappe en l’espèce, c’est que dès lors qu’il est question de quelque chose qui sent un peu le souffre, on fait preuve d’un manque total de proportion et la protection de la vie privée (comme la présomption d’innocence d’ailleurs) s’effondre sans autre forme de procès.

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