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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Des bouquets d’artichauts

Spiked épingle ici le néo-sentimentalisme contemporain qui fait que lors d’un décès d’un policier en fonction (en l’occurrence une policière, à  Bradford), on ne se réfère plus à  la personne dans sa fonction, on ne met pas en avant son héroïsme, on ne veut pas savoir que le métier comporte des risques. Non, la personne défunte est vue essentiellement sous son aspect privé et la seule qualité évoquée est la sympathie qu’elle suscitait auprès de ses collègues et qu’elle aurait suscitée auprès de tout le monde. Et quant à  la réalité policière, elle fait l’objet d’une occultation tout angélique. Cf. ce commentaire d’une collègue de la défunte, elle-même blessée: « Ce vendredi aurait dû être une journée de travail normale » (et l’article de compléter « comme si elle avait travaillé dans un bureau ou à  l’usine »). La Suisse romande a connu un déplacement d’émotion semblable lorsqu’un jeune policier s’est fait tuer à  Bex (Vaud) il y a quelques semaines. Le journal Le Matin a titré « Adieu Damien », comme s’il avait été le meilleur ami de chacun. Un statut proche de celui de Lady Diana, la princesse des coeurs.

Pour en revenir au drame de Bradford, cf. cet article du Yorkshire Post Today cité par Spiked qui se focalise sur le déluge de fleurs déposées par des anonymes – Morley Street est devenue une mer d’hommages floraux à  la défunte (a sea of floral tributes) – et surtout sur l’émotion, à  savoir les larmes des policiers, qui pleurent les uns après les autres, même les plus endurcis. Pour paraphraser cet ancien billet de Pikipoki (et des tas d’autres proustofreudiens), le coeur d’artichaut s’émeut de sa propre émotion, et il s’aime beaucoup soi-même pour le fait d’éprouver de si beaux sentiments. Autre manière de se faire plaisir: repérer, dénoncer les tropismes du peuple. (En ce qui me concerne, parfois, je cumule les plaisirs.)