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Bénédiction d’un couple partenarié

Samedi dernier 5 mai, j’ai assisté à  une première en Suisse romande: un culte de bénédiction d’un couple gai. ça se passait dans une église de Bienne, ville bilingue, mais les principaux intéressés étaient des Welches. La cérémonie s’est déroulée en toute régularité, en toute officialité, conformément aux règlements de l’Eglise réformée Berne-Jura-Soleure, avec l’accord sans réserve de la paroisse concernée. D’ailleurs un grand nombre de paroissiens et des membres de l’Eglise régionale étaient venus entourer Cédric et Yvan, qui s’étaient partenariés deux jours plus tôt.

L’église de quartier était pleine de plus de deux cents personnes. Des gens seuls, en couples, en familles (avec bébés hurleurs). C’est une pasteure d’une paroisse de la région qui a présidé la cérémonie. La lecture d’un récit de l’Evangile a montré que les textes invitant à  dépasser les préjugés religieux se trouvent… dans la Bible elle-même. Il s’agit de l’histoire de cette femme païenne dont la foi ébranle la conviction d’un Jésus qui pense qu’il n’est venu que pour les Juifs. [1]

Détail qui a son importance: la collecte était destinée pour moitié à  une oeuvre d’entraide protestante et pour l’autre moitié… à  l’Organisation suisse des gais – probablement une première dans l’histoire des collectes de culte. Ce fut la seule composante de « militance », si on voulait absolument en trouver une.

La cérémonie n’a pas été médiatisée sur le moment, mais les partenariés n’entendent pas se cacher.[2] L’un est membre du Comité de la Gay Pride 2008 qui aura lieu à  Bienne. L’autre est théologien, pasteur, rédacteur du journal de l’Eglise protestante régionale, président du Synode (parlement de l’Eglise) de l’Eglise Berne – Jura – Soleure.

Les nombreuses interventions musicales mises à  part, le culte fut d’une simplicité et d’une sobriété extrêmes, et le temps pendant lequel les partenariés furent au premier rang[3] fut proportionnellement très court.

Il faut toujours rappeler que pour les protestants, le mariage n’est pas un sacrement. La cérémonie religieuse est une bénédiction[4]. C’est la bénédiction d’un lien civil, ou plutôt la bénédiction d’un couple qui s’est engagé sur le plan civil, ce peut être encore envisagé comme la bénédiction d’un projet de vie.[5] Le couple confirme devant Dieu cet engagement, et l’assistance en est témoin. Le oui est réservé à  Monsieur ou Madame le maire. Bien sûr, maints protestants ne sont pas conscients de cette spécificité et sacralisent le mariage et cette cérémonie. Il y a des liturgies déviationnistes qui demandent au couple de renouveler leur engagement et de redire oui.

La conception civile et non sacramentelle permet d’envisager des cérémonies qui bénissent des couples, quels qu’ils soient. Bon, on sait que la majorité des protestants dans le monde n’y est pas particulièrement favorable, et que c’est un sujet de division dans l’Eglise anglicane[6], pour ne prendre que cet exemple. Avouons que j’ai passé par différents états d’âme sur cette question. Parmi les arguments qui m’interpellaient, il y avait: le refus d’une copie, d’une singerie du mariage, le refus du déni de la différence des sexes, l’interprétation en terme de hantise d’acceptation passant par le conformisme bourgeois. Les arguments pour l’ont emporté depuis un certain temps, et ce que j’ai vécu samedi (et pendant la préparation) m’a définitivement convaincu, tous les pièges ayant été évités. Il faudra que j’y revienne dans un prochain billet.

COMPLEMENT DU 12.05.2007 Des articles ont suivi dans la presse romande, comme celui-ci aujourd’hui dans Le Matin.

Notes

[1] Marc, ch. 7, versets 24-30

[2] Un communiqué de presse qui n’émanait pas d’eux directement a eu lieu après coup, avec leur accord.

[3] Au propre et au figuré

[4] ou, selon les nuances des sensibilités théologiques, l’invocation d’une bénédiction, ou la proclamation d’une bénédiction

[5] Une personne décidant de se consacrer au célibat pourrait aussi demander une bénédiction.

[6] Cf.entre autres ce billet de mon coblogueur

2 commentaires

  1. Bonjour,

    Dans notre église, l’Eglise Catholique Apostolique Chrétienne et Mariale, nous bénissons aussi les couples. Ce n’est pas une pantalonade, mais la bénédiction de deux êtres qui s’aiment tout simplement.

    Bien fraternellement,

    Frère Serge Burglé +

  2. Guillaume Barry
    13 mai 2007

    La première partie de l’émission Hautes Fréquences de la Radio Suisse Romande de ce soir était consacrée à  cette première bénédiction, avec interviews des protagonistes ainsi que de fidèles d’une autre paroisse qui pourrait être concernée. On peut l’entendre ici (passé le bulletin d’information).

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