Fête nationale britannique, en musique
C’était samedi dernier… Mais en réalité il n’y a au Royaume-Uni ni 1er-Août, ni 14-Juillet, ni 4-Juillet: aucune célébration officielle annuelle glorifiant la volonté de constituer un Etat fédéral, la Nation ou l’Indépendance. On fête tout au plus la Saint-Patrick en Irlande (du Nord comme dans la République), la Saint-André en Ecosse, la Saint-David au Pays de Galles et, c’est récent mais on y vient de plus en plus, par réaction, la Saint-Georges en Angleterre. Au passage, ces références religieuses sont assez ironiques dans un pays qui dispute à la Belgique et aux Pays-Bas la palme du plus déchristianisé d’Europe.
Mais que s’est-il alors passé samedi? C’était The Last Night of The Proms, le dernier concert d’un étonnant festival annuel de musique classique en continu sur 8 semaines (retransmis en direct sur BBC Radio 3 et disponible sur le site), dont c’était la 114e édition: pensez-y si vous prévoyez de venir à Londres entre mi-juillet et mi-septembre, ça vaut le coup! L’épicentre, c’est le Royal Albert Hall. Et la touche caractéristique, ce sont les Promenaders: la galerie supérieure et une arène ménagée entre l’orchestre et les fauteuils sont destinés au public debout, pour 5£[1]; il y a des abonnés qui viennent tous les jours, des couples se sont rencontrés dans la file d’attente….
Le dernier concert, et plus particulièrement sa deuxième partie, est un événement retransmis à la télévision et décentralisé devant des foules en plein air à Hyde Park ainsi qu’à Glasgow, Swansea et Belfast. Ca va crescendo vers une fusion de la musique et d’un patriotisme bon enfant avec ce sens très britannique de l’autodérision dans la célébration. A défaut de fête nationale, il y a, avant le God Save the Queen officiel, pas moins de trois hymnes nationaux alternatifs repris en choeur: Rule Britannia, Land of Hope and Glory et Jerusalem. Et ça se termine, évidemment, avec Auld Lang Syne: Ce n’est qu’un au revoir. C’est émouvant, drôle, enthousiaste — et ça échappe complètement au nationalisme borné ou à la glorification du bon vieux temps. Entre mille détails, appréciez sur la vidéo l’excentrique qui fait fièrement flotter le drapeau du Vatican!
Cette vidéo présente l’apothéose: les 10 dernières minutes de la deuxième partie (c’est le 10e clip d’une série). On peut aussi commencer le rituel avec le 7e clip: Rule Britannia (en gaélique, patrie du baryton Bryn Terfel, vêtu d’un flamboyant patchwork des quatre emblèmes nationaux des composants du Royaume) et le début du traditionnel (mais pas facile) discours du chef d’orchestre (cette année Roger Norrington, excellent), avant de continuer avec les clips 8 et 9. Pour toute la deuxième partie, vous l’aurez deviné mais je donne les liens: 1, 2, 3, 4, 5, 6.
Plus simplement, l’ensemble peut être vu en continu (ou écouté en faisant autre chose!) et dans une meilleure qualité sur le site officiel (1h09 pour la première partie, 1h33 pour la deuxième partie)! Enjoy! (Mais je crains que ces liens ne fonctionnent pas hors du Royaume-Uni, feedback svp…)
Notes
[1] La dernière nuit se mérite, même pour les places debout: il faut avoir assisté à un certain nombre de concerts pour espérer obtenir une entrée.
Je confirme, le site de la BBC n’est pas accessible d’ici. A défaut, je me rabat sur Youtube… et merci pour les liens. Si je devais retourner à Londres une fois, je ferais en sorte de pouvoir assister à nouveau à un concert des Proms, l’ambiance m’avait épatée.