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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

UDC et Gay Pride: même combat?

Or donc, la commune jurassienne de Bassecourt a refusé que l’UDC y tienne une assemblée.[1] Comme toujours dans ces cas, la raison invoquée est l’insuffisance des moyens à  disposition pour contenir une manifestation d’opposants. swissinfo se demande si on peut « traiter le premier parti du pays en paria ». On pourrait croire que poser cette question, c’est y répondre.

Eh bien c’est faux. L’historien Hans Ulrich Jost a expliqué à  swissinfo comment la décision de Bassecourt défendable sur le plan des principes démocratiques:

« Bassecourt a simplement utilisé ses compétences… Je crois donc que l’UDC n’a pas à  s’offusquer, elle qui défend les compétences décisionnelles des communes, notamment en matière de naturalisation des étrangers. C’est aussi le jeu démocratique qui s’est joué là , même si ce n’est pas le plus élégant ni le plus souhaitable. Aussi longtemps que ça ne débouche pas sur des confrontations armées, il faut s’en satisfaire, la politique étant de toute façon une guerre civile permanente (…) la notion de démocratie est utilisée de manière ambiguë à  l’UDC. Je ne veux pas justifier les réactions à  l’égard de ce parti, mais je les comprends. »

Le professeur de droit constitutionnel Etienne Grisel exprime un autre avis avec beaucoup de prudence et de nuance. Il trouve

« inquiétant qu’il faille redouter à  ce point des troubles lors de la venue d’un parti politique qui défend une opinion représentée dans nos autorités et qui ne vise pas à  renverser l’ordre constitutionnel ».

Il trouve aussi inquiétant

« l’intolérance face à  des opinions différentes, qui ne sont peut-être pas majoritaires dans les régions concernées. Ce type de réaction est inadmissible ».

Voilà  des propos salutairement plus conservateurs qui donnent une priorité aux droits fondamentaux, aux règles nécessairement abstraites du jeu démocratique, tandis que Jost envisage d’abord des règles décrivant des rapports de force.

Mais parler d’intolérance, est-ce bien le moment? Si le droit d’exprimer ses convictions politiques doit être garanti y compris par le recourt aux forces de maintien de l’ordre et de la sécurité, c’est bien parce que l’existence de l’intolérance est prise en compte. En tout cas, une tolérance dangereuse, c’est de tergiverser avec la liberté d’opinion et de réunion.

Contraste édifiant: En 2001, la Gay Pride a fini par obtenir l’autorisation de défiler à  Sion.[2] On s’en doute, ça n’est pas allé de soi. Les proches de la communauté intégriste d’Ecône faisaient pression sur les autorités du très catholique canton, qui a commené par refuser. Un groupement dénommé Romandit a même publié une annonce ignoble sur une page dans le quotidien régional. Mais le respect de la démocratie a prévalu pour la Ville de Sion, et les mesures de sécurité ont été prises – elles n’ont d’ailleurs pas été bien nécessaires. Seul bémol: il a été interdit de faire de la publicité pour une célébration oecuménique (dans le temple de la paroisse protestante), le chef de la police estimant que cela aurait été une provocation trop grande et qu’il n’avait pa l’intention de mettre à  disposition des effectifs supplémentaires.

Notes

[1] Cette assemblée aura lieu Granges, dans le canton de Berne (complément de 10h50)

[2] Voir ce remarquable historique de Gayromandie ainsi que le mini-album souvenirs commentés de François Brutsch