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"Pétrole contre nourriture": un rôle pour des banques suisses…

Frustrant! Le Temps d’aujourd’hui publie deux articles du journaliste d’investigation « maison », Sylvain Besson, qui croisent les travaux de la Commission d’enquête indépendante présidée par Paul Volcker (nommée par Kofi Annan) et ceux de la sous-commission du Sénat américain… mais ils ne sont accessibles qu’aux abonnés (ou vendu bien trop cher: 3CHF depuis la Suisse, 10 CHF depuis l’étranger). Le Temps, qui se veut le quotidien national de qualité en langue française, a l’un des plus mauvais sites que je connaisse, en n’ayant par exemple pas d’URL unique pour ses articles.

Quelques extraits, quand même:

De récents rapports du Sénat américain montrent que des banques basées à  Genève et à  Lausanne ont prêté de l’argent à  des sociétés de négoce pour acheter du pétrole irakien. Certaines de ces transactions auraient donné lieu au versement de dessous-de-table illégaux au régime de Bagdad, ou à  des politiciens étrangers considérés comme favorables à  Saddam Hussein.

Cela concernerait au total pas moins de 60% des ventes de pétrole dans le cadre du Programme de l’ONU « Pétrole contre nourriture », destiné à  permettre à  l’Irak d’échanger son pétrole contre des denrées essentielles mais détourné par Saddam Hussein pour soudoyer des personnalités étrangères et récupérer des fonds pour son propre usage.

Parmi les transactions problématiques, le Sénat américain a identifié un virement effectué le 4 octobre 2001 par la BCV à  la demande de Bayoil. D’un montant de quelque 840 000 dollars, il serait parvenu, après un passage par Chypre, au politicien russe d’extrême droite Vladimir Jirinovski, un favori du régime de Bagdad. Une partie du montant aurait ensuite été rétrocédée au gouvernement irakien.

La société texane Bayol, qui a une filiale à  Genève, est accusée par le Sénat américain d’avoir versé au régime irakien des dessous-de-table évalués à  37 millions de dollars, et son patron, David Chalmers, est inculpé aux Etats-Unis.

Selon le rapport, ces fonds provenaient de transactions financées par un groupe de banques suisses spécialisées dans le commerce de pétrole: Banque Cantonale Vaudoise (BCV), Crédit Agricole Indosuez, United European Bank, Paribas et Banques Bruxelles Lambert (aujourd’hui ING). Pour ces banques, le problème est simple: « Aurions-nous pu nous rendre compte que de l’argent était payé « au noir » en marge de ces transactions? En toute honnêteté, la question se pose », confie un cadre de l’un des établissements concernés. « Mais jamais nous n’avons versé d’argent directement au gouvernement irakien. »

Et pour couronner le tout Sylvain Besson indique que ce sont deux sociétés suisses, ou l’une de leur filiale, qui auraient mis sur le marché une partie des allocations de pétrole attribuées à  George Galloway et Charles Pasqua.

L’article évoque également les démarches pressantes de la Commission Volcker pour obtenir des informations de la part des autorités suisses, fort inquiètes pour l’image du pays et les répercussions politico-économiques que cela pourrait entraîner; mais il leur est d’autant plus difficile de les éluder que le vice-président de la commission, Mark Pieth, est un professeur de droit pénal à  l’Université de Bâle, et le Chief Investigation Officer Europe, avec bureau à  Paris, est Laurent Kasper-Ansermet, un ancien juge d’instruction spécialisé dans les affaires financières à  Genève…