L’UE, grande Suisse
Dernière édition: 25 novembre 2009
Exit le fantasme de l’Europe puissance: avec le premier ministre belge Herman van Rompuy président du Conseil européen et Catherine Ashton, la commissaire britannique qui a succédé à Peter Mandelson il y a 13 mois sans avoir jamais été élue à aucune fonction politique, comme haute représentante aux affaires étrangères (et vice-présidente de la Commission), les 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union ont fait leur choix. Barroso n’a pas à craindre de perdre de son autorité comme président de la Commission.
Pour un Suisse, évidemment, cela n’a rien de surprenant (c’est en me fondant sur cette expérience qu’un président Blair ne m’a jamais semblé plausible): la procédure, les critères et le résultat correspondent très exactement à ce qui se produit ici lorsqu’un membre de l’exécutif fédéral doit être désigné (comme au niveau européen à l’issue d’un conciliabule dans un cercle fermé d’élus des entités constitutives, et non au terme d’une campagne politique ouverte). L’origine géo-politique, l’appartenance partisane et le sexe sont déterminants, avec la capacité de se fondre dans les rouages et de ne pas prendre trop de place. Mais c’est vraiment la deuxième mort de la Constitution giscardienne: Lisbonne, c’est le traité de Nice dont on a gommé les principaux défauts.
COMPLEMENT DU 20.11 à 18H45: Je me rends compte que la tonalité du billet ci-dessus est peut-être trop négative: rien de désobligeant évidemment à ce que l’UE soit une grande Suisse! 🙂 Je trouve excellent que le critère du sexe ait été pris en considération, les Alpha Males nous emm… et je ne suis pas partisan d’une Europe puissance guère compatible avec la diversité des pays membres (elle n’était pas inévitable sous l’empire du traité constitutionnel, mais ouvertement prônée par nombre de ses partisans pour qui elle signifie avant tout s’opposer aux Etats-Unis). D’une certaine façon, ces nominations rendent soudain crédible l’argumentation du gouvernement britannique de revenir sur l’engagement de tenir un référendum sur la Constitution car le traité de Lisbonne n’est pas de même nature…
COMPLEMENT DU 25.11 à 12h15: Dans Le Temps de ce jour, Joëlle Kuntz dit tout cela beaucoup mieux que moi!
C’est sûr que choisir ses hommes politiques clé en commençant par se demander s’ils ont ou non des c… , ça fait rire.
Mais sont-ce des hommes politiques clés ? Chacun d’eux doublonne une institution existante : mieux vaut alors sans doute qu’ils ne s’imaginent pas servir à quoi que ce soit
l’UE, c’est plutôt l’Autriche-Hongrie à la puissance 3. Francois-Joseph et Sissy et l’anglais qui a remplacé l’allemand…