Un Swissroll RSS

Webmix

Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Election(s)

Deuxième tour sur quatre en France, tout en un à  Londres

Et si l’on avait fait pareil en France pour la présidentielle? L’élection du maire de Londres qui se déroule aujourd’hui a bel et bien lieu au système majoritaire à  deux tours – mais les deux simultanément.

A côté du nom des candidats (à  Londres c’est sept, pour l’Elysée c’était dix) il y a deux cases à  cocher. Une seule croix est obligatoire pour que le bulletin de vote soit valable: une “première préférence” dans la première colonne.

L’expression d’une “seconde préférence” dans la seconde colonne est facultative: elle n’entre en ligne de compte que si le candidat de choix ne figure pas parmi les deux premiers une fois le résultat connu. Pratiquement elle est inutile si vous votiez Sarko, Hollande, Boris ou Ken, car on ne vous accorde évidemment pas un second suffrage. Mais les voix complémentaires recueillies par les deux finalistes auprès des partisans des candidats éliminés sont additionnées à  leur résultat sur les premières préférences pour déterminer le vainqueur. Sarko ou Hollande, le président aurait ainsi été élu dès le 23 avril, sans rebrasser les cartes: pas de délectation morose à  gloser sur les résultats de Marine, Méluche et Bayrou, pas d’orchestration de la tension avec le duel télévisé en point d’orgue, pas d’ultimes manoeuvres des deux candidats (et de leurs adversaires).

En France il y aura ensuite les deux tours de l’élection des députés à  l’Assemblée nationale. A Londres l’élection de l’Assemblée du Grand Londres a lieu en même temps que celle du maire: un seul scrutin au lieu de quatre! Mais là  le changement pour la France serait considérable: il reviendrait à  passer à  une VIe République dans laquelle l’exécutif et le législatif sont distincts et doivent collaborer, sans prédominance du président (s’il dispose d’une majorité à  l’Assemblée nationale) ou du chef de la majorité parlementaire (en cas de cohabitation). Car pour le GLA les Britanniques ont repris le mode d’élection du Bundestag allemand: la représentation proportionnelle entre tous les partis qui ont franchi un quorum de 5%, une petite moitié des élus représentant une circonscription dans laquelle ils sont élus au scrutin uninominal à  un tour (les sièges acquis de cette manière sont imputés sur le contingent des sièges du parti déterminé par la proportionnelle).

Outre le bulletin pour l’élection du maire, l’électeur reçoit donc deux bulletins pour l’élection du GLA: un comportant les candidats au siège de la circonscription et un comportant les onze partis en compétition (qui sont en réalité treize, puisque s’y ajoutent encore deux indépendants, en somme candidats uniques de leur liste respective…) pour le calcul de la proportionnelle (l’Assemblée sortante est composée de cinq partis, aucun d’eux n’ayant la majorité absolue).

L’explication que je donne ici (élection proportionnelle intégrale, certains élus devant leur mandat à  une élection uninominale et les autres à  leur présence sur la liste du parti) est celle qui me semble la plus pédagogique sur le plan politique.

Elle se distingue cependant radicalement des modalités pratiques du dépouillement, qui lui part du nombre d’élus de chaque parti dans les circonscriptions pour attribuer, par répartitions successives, les sièges de listes aux différents partis: c’est ce qui explique qu’on ne connaîtra pas la composition définitive du GLA avant vendredi dans la journée! A signaler le remarquable site officiel de présentation de l’élection, dont les éléments essentiels sont disponibles en seize langues.

Sur le fond, je recommande la lecture de cette analyse approfondie, publiée en Australie, que signale John Rentoul. Comme ce dernier (et bien d’autres), je me rattache personnellement au courant informel Labour 4 Boris ou Keep Out Ken — mais je n’ai pas le droit de vote à  Londres…