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Successions et allocation universelle

Dernière édition: 21h20

L’une des joies du web, c’est la sérendipité, ces découvertes que l’on fait en sautillant d’un lien à  l’autre. Ca vient encore de m’arriver avec, pour le distinguer de ce « blog d’écriture », mon « blog de lecture »: j’utilise (et recommande chaudement) Google Reader non seulement pour suivre les flux de plus de cent blogs et sites, mais aussi pour partager ce que, pour une raison ou pour une autre, je trouve intéressant (c’est ici pour le lien permanent, et l’on peut aussi s’abonner au flux). Pour être complet, je précise que je l’utilise principalement depuis mon téléphone Android, grâce à  mon application préférée, NewsRob. Bon, fin du préambule (auto-)promotionnel!

Il me semble que Google serait bien placé pour proposer un réseau social plus axé sur le contenu, mais ça demandera probablement une fusion de Reader avec Buzz (et peut-être Friends Connect). Néanmoins entre utilisateurs de Google Reader il y a déjà  des contacts: c’est ainsi que je suis la liste de partage de David depuis qu’il suit la mienne (sans que nous nous connaissions par ailleurs). Et c’est chez lui que j’ai trouvé ce matin un billet (qui date déjà  de novembre 2010) que, pour une fois, je ne me contenterai pas de jeter plus loin à  la mer sur mon blog de lecture. Mais assez de geekeries, passons au fond.

Matthieu Seigniez[1] propose sur son blog Devoir(s) d’opinion une fusion originale de deux idées qui me sont chères mais dont la concrétisation est difficile: la taxation des successions et l’allocation universelle.

L’immoralité de la transmission héréditaire de la richesse est pour moi une évidence[2], brillamment cristallisée dans le Manifeste radical Ciel et Terre[3] de JJSS en 1970. Curieusement, l’idée n’est cependant pas populaire 😉 et l’évolution des mentalités semble aller en sens contraire si j’en crois le débat dans différents pays et, en Suisse, les votations qui s’ingénient à  réduire voire supprimer cet impôt dans les cantons. Outre le principe, une critique plus actuelle et pragmatique que l’on peut faire à  l’héritage est qu’avec l’allongement de la durée de vie et l’élévation de l’âge auquel on devient parent, il ne bénéficie même pas à  la génération à  laquelle il serait utile mais à  leurs parents voire grands-parents… De là  à  le taxer fortement au bénéfice des caisses de l’Etat il y a cependant un pas politiquement difficile à  franchir.

C’est là  ou Matthieu a une bonne idée: il s’appuie sur le lien intergénérationnel tout en réussissant une brillante opération de redistribution (anti-autoritaire, et en cela c’est de la pure troisième voie libérale de gauche et pas du paternalisme socialo-étatiste) à  un moment crucial dans la vie, en affectant le produit de l’impôt sur les successions à  un chèque[4] distribué de manière égalitaire à  tous les jeunes arrivant à  l’âge de la majorité! Le principe rappelle l’allocation universelle, mais c’est un versement unique, ponctuel, sans le bouleversement irréversible et quelque peu prométhéen[5] que celle-ci postule.

Et bien sûr cela devient une proposition politiquement beaucoup plus solide et vendable à  opposer aux tenants de la suppression de l’impôt sur les successions, et qui ne s’apparenterait pas à  un suicide sous forme d’initiative populaire…

COMPLEMENT DE 21H20

J’ai souvent l’esprit d’escalier… Deux petites choses:

  • L’idée ne me paraît pas remplacer mais bien au contraire compléter celle d’un plafonnement et d’une égalisation par tête des dépenses publiques d’éducation que j’ai défendue pour combattre le redistribution inverse (des moins favorisés vers les plus favorisés) qui a cours aujourd’hui.
  • Elle est également fort opportunément complémentaire de l’inexorable prise en charge accrue par les bénéficiaires eux-mêmes du coût de leur formation supérieure qui défraie la chronique en Grande-Bretagne mais se pose dans toute l’Europe.

Notes

[1] Qui par ailleurs anime un intéressant blog thématique, Et-demain.com.

[2] A peine ébranlée récemment par un ami (qui a l’avantage d’être très directement concerné par la question, aux deux bouts si je puis dire) qui me soutient que cela devrait alors impliquer de cesser de taxer le capital; ma religion est encore à  faire sur ce point!

[3] Qui fut même traduit en anglais: The Radical Alternative.

[4] Qu’il imagine, pour la France, entre 50’000 et 100’000 euros.

[5] Quid si, contrairement à  ce que ses partisans soutiennent mais comme ses opposants le redoutent, la certitude de toucher 2000 francs ou 1000 euros par mois et par personne, sa vie durant et sans contrepartie, fait perdre à  un nombre significatif de personnes le goût d’agir et d’entreprendre qui rend nos sociétés prospères et les individus heureux?

Un commentaire

  1. 19 janvier 2011

    Merci François pour cette « citation ». Je suis ravi de lire ça et là  sur le web que je ne suis pas tout seul à  penser cela. Et j’aimerais tant que cette fameuse voie « libérale de gauche » ait un écho plus grand tant à  mon avis, elle rassemble à  la fois l’idée de progrès, de justice et de liberté.

    Et je te rejoindrai également volontiers sur les joies du web, puisque ton intervention m’aura permis de découvrir tes écrits, et à  première vue, nous avons quelques intérêts communs.

    Au plaisir de te lire, cher ami helvète.

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