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L’Ecosse et la Suisse jumelées par les fils Kadhafi

Dernière édition: 26.08.09 à  18h15

L’un est bosseur, c’est l’héritier présomptif; il a étudié à  la London School of Economics et tient résidence à  Londres. L’autre est flambeur (que lui restait-il d’autre?) et a ses habitudes à  Paris et Genève où il est connu des boîtes de nuit et des services de police.

Le premier n’a pas ménagé ses efforts pour enfin accueillir triomphalement à  Tripoli, jeudi dernier, l’auteur de l’attentat de Lockerbie[1] condamné à  la prison à  vie[2]: atteint d’un cancer en phase terminale, il a bénéficié d’une grâce médicale du ministre de la justice écossais. Qui jure ses grands dieux que n’ont pesé dans la balance ni des considérations de politique internationale ou de commerce extérieur, ni même l’arrêt de la procédure en cours de révision d’appel du jugement dont d’aucuns pensent qu’elle aurait pu se révéler embarrassante.

Le second est à  l’origine d’un conflit entre la Suisse et la Libye depuis sa garde à  vue à  Genève, en juillet 2008, pour mauvais traitements d’un couple d’employés de maison: deux Suisses sont depuis retenus en otages en Libye. Justice et police genevoises ont agi en toute autonomie, le département fédéral des affaires étrangères était déjà  allé loin dans le désaveu abject. Jeudi dernier, le président de la Confédération n’a pas envoyé sa femme mais a pris l’initiative d’aller lui-même à  Tripoli. Il a présenté des excuses, signé tout ce qu’on lui a présenté (en particulier l’acceptation d’un Tribunal arbitral international, et des sanctions de la Confédération à  l’égard du canton de Genève — seulement si le Tribunal arbitral confirme les torts de ce dernier, j’imagine?)[3]. Mais il est néanmoins reparti tout seul, contrairement à  Bill Clinton en Corée du Nord ou à  un simple sénateur américain en Birmanie.

Et les deux pays sont plongés dans la tourmente. Le gouvernement écossais est menacé d’être renversé par son parlement. La Suisse est à  l’abri d’une telle mésaventure, vivant en système présidentiel (mais collégial!). Hans-Rudolf Merz risque cependant d’avoir une fin de mandat peu glorieuse voire écourtée, surtout si les otages ne sont pas libérés avant le 1er septembre comme promis[4]. S’ils le sont, c’est cette vieille crapule inoxydable de Jean Ziegler[5], ami indéfectible de Kadhafi comme il l’est aussi de Mugabe, qui pourrait bien leur servir de chaperon: Merz, c’est saint Sébastien[6]!

La dimension fédérale est aussi un élément du drame dans les deux cas: dévolution britannique (mais le gouvernement de Westminster est aussi menacé s’il se confirme qu’il a encouragé la libération du condamné), révolte des cantons solidaires de Genève face à  l’abus de pouvoir fédéral[7]. Ajoutons que les deux pays se veulent des modèles de vertu, et s’épanouissent dans la finance.

COMPLEMENT DU 25.08 à  14h20: Le Times d’aujourd’hui opère la jonction entre les deux affaires.

Notes

[1] Du nom du village écossais dont est originaire la grand-mère de mon co-blogueur, mais plus connu pour avoir recueilli les débris et restes humains d’un Boeing de la Pan Am explosé en vol avec tout son équipage et ses passagers.

[2] Lors d’une des étapes de la réintégration laborieuse de la Libye dans la communauté internationale après avoir été un Etat voyou.

[3] Ce qui pose maintenant d’intéressants problèmes juridiques: l’accord est valide sur le plan international, mais nul en droit suisse!

[4] Ici le parallèle écossais c’est qu’entre le retrait de la demande de révision l’appel et la décision sur la libération, on a bien pu croire que les pressions américaines parviendraient à  raisonner le gouvernement écossais, laissant le condamné b… (y a-t-il une autre expression?) — mais alors l’Ecosse affronter la furie de la Libye…

[5] Il a un pendant britannique: l’immonde George Galloway (qui est Ecossais, on n’en sort pas!).

[6] Une métaphore pour le moins paradoxale, me souffle mon co-blogueur, le rattachement de Merz à  l’imaginaire homoérotique n’étant pas évident.

[7] Parallèle écossais aussi pour ce volet droit international: toute la résolution de l’affaire de Lockerbie étant régie par un accord multilatéral ad hoc (jugement à  La Haye par une Cour écossaise, et la peine doit être purgée en Ecosse…), le gouvernement écossais pouvait-il vraiment seul décider, le gouvernement britannique (dont le chef est Ecossais) pouvait-il s’abstenir d’y faire obstacle? (complément du 26.08 à  17h50)