"Egalité des chances, inégalité des malchances"
Occasionnellement, les pages « Débats » du Monde publient des tribunes de personnes inconnues ou moins connues, ou simplement qui sortent des moules convenus. Je range dans cette catégories celle qui porte le titre ci-dessus, dans Le Monde de vendredi, par Gil Ben Aych, dont on nous dit qu’il « est écrivain et enseigne la philosophie au lycée Guillaume-Apollinaire à Thiais (Val-de-Marne) ». Il brocarde de manière suggestive l’intitulé du ministère de « la promotion de l’égalité des chances ». Le vocabulaire politique anglophone, qui recourt au mot « opportunities » (occasions, possibilités), excite peut-être moins l’ironie en étant moins proclamatoire et plus précis.
Je lis cette tribune sur votre conseil (ayant abandonné depuis pas mal de temps la seule lecture du sommaire du Monde, déjà trop couteuse en temps pour le bénéfice intellectuel retiré).
La première partie du propos est intéressante ; je dois avouer que je saisis mal le sens du second.
L’emploi du terme « promotion » trahit en effet l’idée que l’objectif ne sera pas réalisé… De la même façon que l’on entend parfois « communication en direction des jeunes », laissant imaginer que la destination, jamais, ne sera atteinte.
En revanche, je vois mal en quoi le droit écarte la possibilité d’une chance. Les juristes connaissent de l’alea ; il réparent la perte de chance. Quant au mécanisme de l’assurance, il repose précisément sur l’hypothèse de l’imprévisibilité. Je ne voit donc guère en quoi l’égalité (dont le caractère essentiellement juridique serait à discuter) exclut ontolgiquement l’incertitude, comme semble le poser G. Ben Aych.
On peut juger, donc, qu’il est souhaitable de dégager les incertitudes sémantiques des projets politiques, mais peut-être pas au moyen d’un usage lui-même incertain de ses instruments d’analyse. Tout ceci, bien sûr, sous réserve que je n’ai rien entendu à l’affaire. Je ne suis pas philosophe.
Oh, je ne crois pas qu’il faut trop y chercher! J’ai seulement trouvé stimulante cette manière de prendre le concept à rebrousse-poil.
Pour ou contre l’avortement ?
Instruit par François Brutsch d’une tribune du Monde relative aux exigences de précision dans le vocabulaire, je convie mes bons lecteurs à l’examen d’une expression souvent entendue, et rarement discutée : Peut-on être pour ou contre l’avortement ?