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Subprime, capitalisme, économie de marché et morale

Un Michel Rocard des bons jours a publié dans Le Monde un texte qui me paraît dépasser largement l’affaire de l’UIMM qui en fournit l’accroche. On devrait l’utiliser comme catéchisme de la « gauche de marché » face aux tentations nihilistes et chimériques de l‘ »autre » gauche, dont des bouffées menacent occasionnellement chacun.

  • Assurant la liberté d’entreprendre, de produire et de commercer, l’économie de marché est à  la fois le point d’ancrage et la garantie de la liberté tout court dans notre civilisation. Elle est vieille de plus de trois mille ans.
  • Vieux, lui, d’à  peine plus de deux cents ans, le capitalisme y a ajouté — par la machine et l’épargne collectivement utilisée — un système de production de masse inouï dont on n’a jamais inventé ni l’équivalent ni le substitut.

Je suis un peu moins convaincu de la description de l’essor de l’actionnariat « organisé en fonds de pension, fonds d’investissements et fonds d’arbitrage ou hedge funds », comme si c’était deux choses différentes, comme si les fonds de pension étaient autre chose que les salariés qu’ils représentent. Mais bon.

Plus ponctuellement, j’y ai enfin trouvé l’explication de ce qui est scandaleux dans les prêts subprime [quoique: voir le commentaire d’Alexandre ci-dessous]:

une technique bancaire nouvelle consistant à  prêter massivement de quoi devenir propriétaire de son logement à  toute une population aux revenus moyens ou faibles, sans se soucier des possibilités de remboursement. L’espoir du gain pour les prêteurs n’est plus fondé sur le paiement des loyers, mais sur la valeur des maisons que l’on expropriera et revendra autant que nécessaire. Un million trois cent mille Américains ont été ainsi expropriés ces deux dernières années et trois millions d’autres sont menacés. (…) La rapacité bancaire s’est là  débarrassée de tout scrupule découlant du fait que ses victimes étaient des êtres humains. La cause majeure de la crise est clairement l’immoralité.

3 commentaires

  1. niamreg
    9 mars 2008

    Vous dites « On devrait l’utiliser comme catéchisme de la « gauche de marché » face aux tentations nihilistes et chimériques de l' »autre » gauche, dont des bouffées menacent occasionnellement chacun. »

    Ces bouffées nihilistes et chimériques m’avaient fait comprendre depuis bien longtemps que le scandaleux dans les sub-primes, c’est que des vrais gens ont été proprement escroqués. Conclusion: laissons nous de temps en temps menacer par ces bouffées, ça aide visiblement à  réfléchir.

  2. gné? qu’est-ce que c’est que ce raisonnement à  la noix? Si les maisons valent plus cher que la dette de l’acheteur, l’acheteur n’a aucune raison d’être exproprié, il peut vendre lui-même ou refinancer pour réduire sa dette. Le jour ou il est exproprié, c’est parce que ce mécanisme ne marche plus et qu’il ne peut plus se refinancer. Mais alors, c’est la banque qui se retrouve avec sur les bras une maison valant moins que le crédit qu’elle a accordé. C’est elle qui perd.

  3. Passant
    9 mars 2008

    Quand une banque vend à  un citoyen qui n’a rien un prêt hypothécaire lui permettant d’acheter une maison à  crédit sans débourser un liard, c’est une oeuvre sociale :

    Car cela permettra au moins au « pauvre » de se loger gratos pendant longtemps sur l’illusion de rendement de l’investissement du capitaliste : une vraie politique de gauche !

    Vous me direz, si le système s’écroule, le pauvre perd tout : autrement dit, il s’en retrouve, au pire, au même point qu’au début.

    Alors, quoi, dénoncer les subprimes qui permettront à  quelques pauvres de devenir propriétaires et à  des tas d’autres de se loger à  l’oeil pendant des années, c’est être de gauche ? Foutraque !

    Pauvre Rocard : contributeur essentiel du système qu’il dénonce, il ne se rend même plus compte des conséquences des politiques qu’il préconise. Il va falloir lui retirer son permis, bientôt… il ne distingue même plus sa gauche de sa droite.

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