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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Gaza

Qu’écrire de plus sur ce qui se passe en ce moment au Moyen-Orient? Si le simple alignement sur les uns ou les autres ne présente guère d’autre intérêt que de choisir où l’on se situe (et c’est parfois édifiant), l’originalité provocatrice ne me paraît pas vraiment de mise. Juste quelques remarques, donc, et surtout parce qu’écrire me permet de réfléchir.

On connaît la déformation de la perception qu’entraîne la proximité[1] (des milliers de morts en Afrique ou en Asie n’ont pas le poids de quelques dizaines de victimes proches), et les outrances verbales auxquelles cette déformation conduit: massacre, génocide, nettoyage ethnique. Un autre aspect qui me frappe particulièrement ces jours c’est cette manière de traiter et de découper un conflit[2] comme un feuilleton familier, une série télé, un enième match entre équipes rivales: et l’on peut faire assaut d’érudition pour rappeler tel fait obscur ou moment dramatique des épisodes précédents.

Reste ce qui est pour moi l’essentiel: il est intolérable de faire comme si Israël devait accepter en faisant le gros dos les missiles tirés de Gaza. Dirigés contre des civils sur le territoire de l’Etat d’Israël, chacun d’eux est un crime de guerre, mais cela n’est jamais rappelé. Dans les médias, surtout audio-visuels, c’est en revanche chaque victime civile collatérale d’une frappe israélienne contre un objectif militaire ou stratégique parfaitement légitime qui est présentée comme inacceptable.

Mis en place prématurément, un cessez-le-feu ne serait qu’un encouragement pour le Hamas alors que c’est lui qui a, par ses tirs, rompu une trêve fragile. Ce qui importe c’est plutôt de préparer la suite: l’occupation par une force militaire internationale de l’ensemble du territoire palestinien et de ses frontières avec le triple objectif de mettre fin aux activités et trafics terroristes (dont il serait naïf de croire qu’ils ne visent qu’Israël), d’assurer l’ordre sans lequel aucun développement n’est possible (à  conduire probablement, pour une génération, sous la haute surveillance d’une autorité civile internationale elle aussi, vu l’ampleur de la rééducation à  accomplir) et de ramener ainsi l’armée israélienne à  l’intérieur de ses frontières, la sécurité d’Israël étant garantie. Utopie?

Notes

[1] Ici essentiellement symbolique.

[2] Certains conflits!

4 commentaires

  1. FFB
    6 janvier 2009

    Si je puis me permettre, dans le genre « simple alignement », votre billet se pose là …

    Tout d’abord, quand les roquettes Qasam font des victimes, la télé en parle, quoi que vous en disiez. Le problème étant que justement elles en font moins d’un par mois, quand une frappe « légitime » en pleine ville fait des dizaines de victimes civiles pour une poignée de terroristes éliminés, ce qui explique une couverture médiatique plus importante. Alors certes, il est légitime qu’Israel ne se laisse pas faire et le climat de terreur créé par le Hamas dans le sud du pays est inacceptable, mais quand leur réponse est aussi disproportionnée il est quand meme normal que la communauté internationale s’en offusque. Surtout qu’une réponse aussi brutale ne peut que renforcer le Hamas en radicalisant davantage les palestiniens des zones concernées, ce qui est contre-productif à  long terme.

    Quand à  la notion de « rééducation » dont vous parlez, je vois mal comment on peut rééduquer une population au point de lui faire comprendre qu’elle devrait etre bien heureuse de vivre entassée (4.18hab/km², 6eme rang mondial, juste derriere Gibraltar, Singapour et Hong Kong) sur un territoire n’offrant que peu de terres cultivables, pas de ressources naturelles, n’etant pas à  un carrefour commercial et n’ayant pas le moindre début d’industrialisation ou d’universités lui permettant de développer une quelconque activité économique. Cette simple densité de population excessive sur une zone n’offrant pas d’autre moyen de subsistance que les aides internationales ferait de la bande de Gaza une poudriere, quand bien meme serait-elle une ile perdue dans le pacifique. Alors en ayant à  ses cotés un voisin opulent, perçu par les palestiniens comme celui qui a réduit ce territoire à  peau de chagrin et l’a réduit à  la misère par ses blocus, je vois mal comment en l’etat on peut convaincre les habitants de Gaza de ne pas céder aux sirènes du premier groupe politique qui leur dira « on va reconquérir nos territoires », meme si c’est bande de fanatiques qui n’arriveront à  rien sauf à  faire morfler encore plus leur population.

  2. 6 janvier 2009

    Bonne année Francois. Assez d’accord avec le commentaire de FFB. Comme il est souvent rappelé, Gaza est « une prison a ciel ouvert ». Difficile de respecter les memes regles que dans une société libre pour se faire entendre. Par ailleurs l’Etat d’Israel ne respecte de toute facon pas le droit (depuis combien de temps leur est-il demandé de se retirer sur la ligne verte ? Depuis combien de temps parle-t’on des implantations sauvages de colons israeliens ? Combien de mort civils israeliens pour combien de morts civils palestiniens ?).

    Le probleme est certes complexe, mais une chose me parait sur: on ne résoudra rien avec les extremistes (d’un coté comme de l’autre !) ; a moins d’exterminer l’ensemble du peuple palestinien, je ne vois pas comment israel peut gagner la guerre par la violence.

  3. fingers
    12 janvier 2009

    Personnellement, j’ai un peu de peine à  imaginer, même dans le cas d’une improbable pacification, de quelles sortes de perspectives peuvent bien disposer les « territoires palestiniens » à  long terme. Ce n’est pas que cette question soit incorrecte, elle n’est tout simplement jamais formulée.

    Il est assez clair pour moi que c’est un à‰tat mort-né, sans aucune autre raison d’exister que celle d’être une épine dans le pied d’Israël, un outil stratégique pour les régimes arabes voisins, un état sous perfusion financière permanente – essentiellement occidentale, d’ailleurs – et, pour finir, économiquement dépendant d’Israël.

    Certains aiment à  nommer Israël « l’entité sioniste » ; j’appellerais volontiers l’à‰tat palestinien « le délire musulman ».

    Autre question rarement évoquée, qui pourtant me semble primordiale : qu’en est-il des projections démographiques concernant Israël pour les trente ou cinquante prochaines années ? Car si Israel se trouve dans la même situation que la plupart des pays européens quant au renouvellement de sa population ( de confession juive dans le cas d’Israël , évidemment ), les arabes musulmans deviendront inéluctablement majoritaire dans moins d’un siècle, non?

    Les conséquences d’une telle perspective ne me paraissent pas très difficile à  imaginer, par contre…

    â–º A l’avant-dernière ligne, c’est arabes israéliens, plus vraisemblablement?

  4. 13 janvier 2009

    Je vous trouve tous trois bien pessimistes. Personnellement je ne crois nullement qu’il y a une fatalité là -dedans: la prospérité actuelle d’Israël ne s’est pas faite toute seule, ni en un jour. Et de 48 à  67 les « Territoires » n’étaient pas occupés (pourquoi le sont-ils devenus, déjà ?…). Il faut continuer d’espérer un retournement qui verra les Palestiniens prendre enfin en charge leur destin national et cesser d’haïr leurs voisins (pour donner deux exemples, la Grèce et la Turquie sont parvenues à  enterrer des haines recuites dans les générations, avec des massacres et déplacements de population considérables dans les années 20; la Pologne a survécu aux impérialismes allemand et russe). Et si, il y a des Universités dans la bande de Gaza. Quant aux projections de population catastrophistes, c’est un fantasme malthusien qui, comme l’horizon, disparaît au fur et à  mesure qu’on s’en rapproche. Personne ne parle d’exterminer les Palestiniens (et encore moins les Arabes), mais le refus du droit d’Israël, voire des Juifs, à  l’existence est, lui, une réalité à  ne pas prendre à  la légère.

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