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Terroristes musulmans britanniques: ne pas se tromper d’adversaire

Après l’affaire Menezes, puis celle de Forest Gate, j’ai préféré attendre un peu pour m’intéresser au dernier coup de filet anti-terroriste britannique (tout en étant évidemment ravi que la police ne se soit pas laissée paralyser par la crainte d’une nouvelle erreur!)… Le billet de Damien à  Largo Desolato m’a toutefois mis du baume sur le coeur![1][2]

Comme pour le 7/7 (2005)[3], le fait que les suspects ne soient pas étrangers, mais bel et bien de nationalité britannique, élevés ici, y compris à  l’Université ou dans un milieu aisé (le Torygraph ne laisse à  personne d’autre le soin de préciser cet accablant détail: l’un d’eux est même blanc et fils d’un ex-employé du parti conservateur!), focalise beaucoup d’attention, outre le fait qu’ils sont musulmans. Cela confirme certes la nécessité que les mesures de sûreté anti-terroristes ne s’appliquent bien sûr pas aux seuls étrangers mais également aux nationaux. Mais cela induit aussi d’insidieuses pensées sur l’air de « Il faut bannir l’Islam ». C’est une remarque que l’on commence à  entendre aussi d’un point de vue de gauche pro-femmes, pro-gay etc. que je suis tenté de qualifier de fondamentalisme laïque, et pas seulement de la part du courant islamophobe féru d’histoire et de théologie selon lequel « c’est eux ou nous » (dans les deux sens), qui me paraît lui se rattacher philosophiquement à  une forme de droite[4] et dont un représentant, d’ailleurs intéressant, est Alain Jean-Mairet (voir aussi ce site).

Je ne partage pas ce point de vue[5] et, avec Blair et Bush depuis le 11 septembre 2001, suis convaincu qu’il faut simultanément reconnaître qu’une guerre est en cours (et non une simple chaîne d’infractions à  traiter par la police et la justice), et que l’adversaire n’est pas la religion musulmane en tant que telle mais à  la fois une idéologie politique totalitaire et ses tentacules armées. Les musulmans ordinaires, et particulièrement dans des pays où ils sont majoritaires, sont d’ailleurs les premières victimes de cette idéologie qui entend les asservir. On ne soulignera jamais assez que l’aide du Pakistan a été décisive pour déjouer le dernier complot terroriste.

Comme toute religion et toute doctrine, l’Islam me paraît susceptible d’interprétations et de pratiques variables, ainsi que d’évolutions. Vouloir l’interdire, faire de lui (et non de seuls actes condamnables se réclamant de lui) l’ennemi, c’est nier quelque chose qui relève simplement de la dignité humaine. Que je sache, le califat de Cordoue dont Ben Laden réclame le rétablissement illustre d’ailleurs une société tolérante et pluraliste, moderne, aux antipodes de ce qu’il prône! Pour ma part, je ne vois pas de différence entre la lutte d’aujourd’hui autour du contenu et de la portée de la religion musulmane et la lutte de naguère autour du contenu et de la portée du christianisme, puis du catholicisme. Comme naguère, il faut aussi bien lutter pour le triomphe des Lumières mais contre des excès comme la Révolution française en a connus. Tout au plus serai-je peut-être, dans la période que nous vivons, moins prompt à  la condamnation anachronique d’actes comme l’interdiction, en Suisse, de l’ordre des Jésuites au 19e siècle qu’il me semble pourtant juste d’avoir rapportée à  la fin du 20e! Donc tout ce que l’on voudra comme preuve de loyauté aux valeurs démocratiques, lutte impitoyable contre l’endoctrinement et les pratiques telles que l’excision, la mariage arrangé et le « crime d’honneur », soutien actif à  la liberté individuelle de cesser d’être musulman — mais aussi liberté d’être musulman dans toute la mesure compatible avec une société libérale, c’est-à -dire une économie de marché dans un Etat démocratique.

Que les musulmans vivant en Occident aient à  faire face aujourd’hui à  une suspicion renforcée, c’est parfaitement justifié. Que cela se traduise par des bavures, c’est hélas inévitable[6]. Si certains d’entre eux, paranoïaques ou simplement insécures, le prennent mal et s’en offusquent, c’est bien triste mais n’est pas déterminant (même s’il est évidemment bon aussi que certains s’appliquent à  combattre les dérives): je veux croire que la plupart des musulmans le comprennent et sont au contraire reconnaissants des mesures de sécurité prises pour prévenir des victimes. Cela dit, ce n’est probablement qu’une question de temps avant qu’apparaisse parmi les terroristes de l’islamofascisme quelqu’un qui, précisément, ne sera pas musulman, ni d’ascendance immigrée.

Islamofascisme: car, oui, l’ennemi n’a pas une nationalité, il n’a pas même un territoire[7], mais c’est bien une troisième vague du totalitarisme après le communisme soviétique et le nazisme allemand (ou le fascisme de l’Axe germano-italo-nippon)[8]. Et point n’est besoin d’être même un musulman très orthodoxe pour s’en faire, parfois temporairement, un allié (Saddam, Arafat, la Syrie[9]…). L’adversaire est suffisamment multiforme pour ne pas, de surcroît, lui prêter des forces qui devraient le combattre et dont il faut éviter qu’elles se sentent rejetées et finissent par, effectivement, le rejoindre.

P.S.: Une question annexe, à  vrai dire purement théorique, et à  laquelle je n’ai pas de réponse mais sur laquelle soit Ludovic soit certains des praticiens du droit de Lieu Commun auront peut-être un avis: si l’on part de l’idée, comme c’est mon cas, qu’il s’agit d’une guerre, les actes de l’ennemi relèvent-ils réellement de la procédure criminelle? Pour crime de guerre et crime contre l’humanité, oui (parce que ce ne sont pas des actes de guerre admissibles), mais l’acte meurtrier ou destructeur sous-jacent? Et pourtant même les Etats-Unis ont tenus à  engager une procédure pénale civile contre Zaccarias Moussaoui…

Notes

[1] Le même genre de raisonnement circulaire, dans lequel il s’agit dans tous les cas de blâmer le gouvernement, est en train de prendre cours à  propos de l’attitude du Royaume-Uni à  l’égard d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, comme si la préparation de l’attentat n’était pas antérieure et comme si un tel appel l’aurait empêché…

[2] On peut lire une illustration de la note précédente chez l’éditorialiste du Temps, pour qui le complot peut être compris comme la sanction de la politique étrangère de Blair et aussi la sanction du discours de Blair et Bush sur le croissant de l’extrémisme et l’Axe du mal. (Note de Guillaume Barry)

[3] Et apparemment plus encore, je ne vois pas très bien pourquoi.

[4] Aussi bien chrétienne que païenne, d’ailleurs.

[5] Voir aussi ma réponse à  un commentaire laissé par JCDurbant.

[6] On fait souvent référence, dans cet ordre d’idée, à  l’internement des Japonais (ou des Américains d’origine japonaise?) aux Etats-Unis durant la deuxième guerre mondiale; avoir aussi à  l’esprit qu’une préoccupation de l’autorité, dans de telles circonstances, est aussi d’éviter cette autre rupture de la paix civile qu’est le lynchage.

[7] Plus besoin: la globalisation est décidément la meilleure et la pire des choses…

[8] J’ai même une fois lu quelque part qu’elle trouve en réalité également son origine intellectuelle en Europe!

[9] Qui, comme l’a fait la Libye, pourrait encore choisir son camp avant qu’il ne soit trop tard… A cet égard je trouve qu’une fois de plus la France de Chirac et Villepin joue épouvantablement mal sa partition dans le concert international en ignorant Assad tout en ménageant l’Iran d’un côté, et de l’autre côté en flattant les illusions du premier ministre libanais au lieu de l’appeler au réalisme pour permettre la cessation des combats (si tant est que le Hezbollah s’y prête évidemment).

18 commentaires

  1. Peckinpache
    11 août 2006

    @François Brutsch Que les musulmans vivant en Occident aient à  faire face aujourd’hui à  une suspicion renforcée, c’est parfaitement justifié. Que cela se traduise par des bavures, c’est hélas inévitable6. Si certains d’entre eux, paranoïaques ou simplement insécures, le prennent mal et s’en offusquent, c’est bien triste mais n’est pas déterminant (même s’il est évidemment bon aussi que certains s’appliquent à  combattre les dérives): je veux croire que la plupart des musulmans le comprennent et sont au contraire reconnaissants des mesures de sécurité prises pour prévenir des victimes. Cela dit, ce n’est probablement qu’une question de temps avant qu’apparaisse parmi les terroristes de l’islamofascisme quelqu’un qui, précisément, ne sera pas musulman, ni d’ascendance immigrée.

    Faut te soigner et d’urgence…confondre terrorisme, immigrés, musulman, normalité des bavures en un paragraphe c’est fort.

    Je précise que je n’ai aucun respect pour ces assassins. Mais enfin, il faut prendre de la hauteur et ne pas se limiter à  son petit nombril.

    Il faut à  la fois condamner, combattre mais aussi changer soi-même. On ne peut le matin, professer la démocratie, et le soir, déstabiliser des pays, soutenir des régimes autoritaires en Tunisie ou de présidents à  vie en Egypte. Suivez mon regard. C’est ça aussi le terreau du terrorisme.

    De plus ce terrorisme est alimenté par le conflit israélo-palestinien, l’Irak avec un pays ravagé grâce à  qui, avec des crimes de guerre la aussi ? et aujourd’hui le Liban qui radicalise les positions.

    Tant que cette question ne sera pas réglée, le fondamentalisme prospérera. D’ou l’urgence à  trouver une solution équitable et à  faire appliquer par exemple les résolutions de l’ONU, ou à  respecter l’avis consultatif de la cour international de justice jugeant illégal le mur de séparation toujours en construction. L’Amérique en ayant un rôle de juge et partie dans cette région pérennise et déstabilise le processus de paix.

    En même temps, je comprends votre alignement. Que pèse la Suisse ou l’Europe aujourd’hui ?

    Sans justifier ces actes de terreurs, il faut aussi savoir dénoncer les accointances et les complaisances.

    Mais en tout état de cause, la lutte contre le terrorisme ne peut s’accompagner de la mise en ban d’individus membre d’une société au nom de cette même lutte. Il y a des limites.

    J’aimerais aussi entendre votre indignation lorsqu’il s’agit des enfants libanais ou palestiniens qui meurent quotidiennement. Eh monsieur, il ne faut pas avoir l’indignation sélective.

  2. 12 août 2006

    mais vous ne nous entrainerez pas, au moins spirituellement, dans votre guerre, qu’il a fallu annoncer et préparer pendant une quinzaine d’années pour la voir se réaliser enfin. Quant au P.S. ne réalisez vous pas que ce genre de pensée vous met dans la même catégorie ?

  3. Ludovic Monnerat
    12 août 2006

    François, je partage l’avis selon lequel il s’agit bien là  d’une guerre, d’autant que les auteurs d’attentats terroristes d’obédience islamiste se considèrent eux-mêmes des combattants. Mais les lois de la guerre issues des conflits classiques du XIXe et XXe siècles ne peuvent être sans autre appliquées, puisque certaines dispositions (détention jusqu’à  la fin des hostilités) sont totalement incompatibles avec le droit pénal. La réponse juridique à  cette évolution des conflits déterminera dans une grande partie, à  mon sens, la pérennité des Etats-nations au cours du siècle…

  4. Mireille
    13 août 2006

    Je suis donc une « fondamentaliste laïque », pourquoi pas bientôt une « ayatollah de la laïcité » ou une « féministe hystériquement islamophobe »? François, te voici prêt à  te lancer dans les débats français d’intellectuels, ils adorent les anathèmes! Cela dit, il ne s’agit pas « bannir l’islam », formule absurde, mais de bannir ou plutôt combattre beaucoup plus fermement ceux qui propagent des convictions discriminatoires et guerrières. Les intégristes? On n’entend qu’eux, on ne voit qu’eux. En Occident comme dans les pays musulmans. En Suisse aussi, ce sont TOUJOURS des leaders intégristes (je n’en jamais lu/ entendu un seul progressiste) qui s’expriment, souvent en avançant masqués. Ils vouent aux gémonies nos valeurs, notre démocratie, les libertés des femmes, ils lavent les cerveaux dans les centres culturels et autres mosquées, tout en biberonnant à  Al Jeezirah. Ils hurlent à  l’islamophobie dès qu’on leur demande quelques précisions sur leurs nauséabonde pensées (occidentophobie, polygamie, virginité et fidélité obligatoires, interdiction de l’avortement,de l’homosexualité, femmes aux fourneaux-homme au boulot, non mixité., etc. etc.) Les Lumières ont passé chez nous, et dans les années 60-70, elles semblaient se profiler chez eux. Quelle régression depuis lors! Partout, les griffes intégristes enserrent davantage les femmes. Mais a-t-on une seule fois évoqué ce sujet à  propos du Hezbollah? Nos sociétés sont gangrenées, et les malheureux musulmans qui créent des mouvements progressistes frôlent les 0,01% d’adhérents (voir le Forum suisse pour un islam progressiste). Genève-la-tolérante a même créé des cours mixtes de natation afin de répondre aux multiples demandes dispenses des intégristes. Que pensent « la grande majorité » des musulmans? On n’en sait trop rien, mais ce ne sont pas les majorités silencieuses qui mobilisent les foules, ce sont des minorités bardées de certitudes qui finissent pas les conduire où elles veulent. Ne vois-tu pas les cris de haine anti-occidentaux qui s’élèvent en Europe comme dans tous les pays musulmans? N’as-tu pas constaté le magnifique consensus islamiste planétaire à  propos des dessins danois? La guerre des civilisations a bien commencé et non seulement nous ne l’avons pas déclarée, mais nous pourrions bien être en train de la perdre. Mireille

  5. @Mireille: effectivement, je pensais à  toi et à  quelques autres personnes de mon entourage, sans savoir précisément si c’était fondé ou si j’étais à  côté de la plaque. Disons quand même que « fondamentaliste laïque » se voulait descriptif sans sarcarme (comme « islamophobe » ou « une certaine forme de droite » pour l’autre aile que je distingue).

    Cela dit, je suis soulagé, tu me rassures en récusant l’expression « bannir l’Islam« ; le reste est affaire d’accent sur les priorités mais en étant d’accord sur le fond (et je crois que nous ne sommes pas tellement, surtout à  gauche en Suisse, pour nous permettre des querelles, ce n’était pas mon but — mais comme le montrent les deux premiers commentaires on a vite fait d’être compris de travers!).

    A part ça, je connais au moins un exemple de blog de musulman moderne, sans compromis dans son fondamentalisme démocratique: Eteraz (en anglais)!

  6. Encore une chose: s’agissant de perdre la guerre des idées, je suis encore bien plus inquiet des ravages défaitistes du libéralisme paternaliste, tout le monde il est beau tout le monde il est gentil, de la part des meilleurs esprits nourris du lait des Lumières depuis des générations, à  peu près unanime en Suisse (voir MCR) et fort également au Royaume-Uni où Tony Blair n’aura guère de successeur, hélas. Voir par exemple ceci.

  7. blizugu
    14 août 2006

    Mais comment est-il possible qu’aucun mouvement PACIFISTE MUSULMAN ne se soit jamais manifesté ? Après les moults attentats provoqués par des terroristes se réclamant de l’ISLAM ?

    Lorsqu’il s’agit de *simples caricatures*, les mouvements de foules appelant au respect sont tout de suite infiniment plus visibles, non? Et je ne vous parle même pas des meurtres commis par ces mouvements de foule dans divers pays. Ni des dégâts matériels, incendies, tout ça…

    Ce que je vois, c’est que des gens qui se réclament de l’islam tuent et brûlent et détruisent et violent. Ce que je vois, c’est que personne qui se réclame de l’islam ne s’en plaint. Ce que je vois, c’est que de malheureuses caricatures suscitent plus de réactions chez les musulmans que des lapidations, ou des pendaisons en chaîne sur des grues en Iran. Alors ?

  8. Cobab
    14 août 2006

    Parce que tu ne vois que ce qu’on veut bien te montrer. Dans l’affaire des caricatures, les intégristes ont du ramer sévère pendant des semaines et ajouter des caricatures inédites à  celles déjà  publiées pour arriver à  des manifs croupions d’une centaine de personnes — dûment médiatisées par la presse française. Les autres voix musulmanes sont simpolement tues par la presse française (sauf parfois celle des « autorités » musulmanes de France).

  9. Mouaips.
    15 août 2006

    On oublie ici que de nombreux pays, comme par exemple la Belgique ou l’Allemagne semblent, tant institutionnellement que citoyennement, bien moins concernés que Londres et New York.

    Ne peut-on également voir dans l’attraction particulière qu’exercent et exercèrent l’ex-gouvernement madrilène et l’actruel londonien une sanction des citoyens de ces pays envers l’attitude particulièrement radicale de leurs gouvernements sur ces sujets ?

    En un mot, le terrorisme fait-il désormais partie de fait de la palette des manifestations politiques citoyennes emploées par les citoyens sur les scènes politiques nationales intérieures ?

  10. satanas
    15 août 2006

    Que les musulmans vivant en Occident aient à  faire face aujourd’hui à  une suspicion renforcée, c’est parfaitement justifié. Que cela se traduise par des bavures, c’est hélas inévitable6. Si certains d’entre eux, paranoïaques ou simplement insécures, le prennent mal et s’en offusquent, c’est bien triste mais n’est pas déterminant (même s’il est évidemment bon aussi que certains s’appliquent à  combattre les dérives): je veux croire que la plupart des musulmans le comprennent et sont au contraire reconnaissants des mesures de sécurité prises pour prévenir des victimes. Cela dit, ce n’est probablement qu’une question de temps avant qu’apparaisse parmi les terroristes de l’islamofascisme quelqu’un qui, précisément, ne sera pas musulman, ni d’ascendance immigrée.

    Cela mon cher fils de pasteur bien-pensant c’est un discours typiquement de droite et très sournois. Eh oui mon cher monsieur on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs, Avec ces gens là  … n’est-ce pas ? Nous devons rester ferme, dans leur propre intérêt bien sûr. Pour les protéger d’eux-mêmes.

    Au lieu de brandir ce nouveau gadget philosophique qu’est l’islamo-facisme probablement concocté par une grande firme de communicateurs stipendiée par nos amis américains, ne faudrait-il pas s’interroger sur les messages civilisationnels envoyés par la guerre globale contre le terrorisme. Est-ce que Guantanamo et les lieux secrets de détentions constituent une publicité pour la démocratie et les droits de l’Homme ? Cyniquement sommes nous crédibles à  combattre les gens qui nous détestent en méprisant les valeurs que nous sommes si prompts à  leur asséner. Le simple fait d’évoquer l’interdiction de l’Islam tout en la condamnant au nom de la dignité humaine est très révélateur du débat en cours. Cee qu’il faut combattre c’est l’islamisme, c’est à  dire la relecture politique d’un corpus religieux. Il faut le combattre en montrant que nos valeurs ne sont pas un simple outil de propagande au service d’intérêts stratégiques mais que nous y croyons vraiment. Cela dit, si vous preniez le temps de lire les textes d’OBL et d’autres penseurs de cette mouvance vous rendriez compte que derrière le fatras religieux et la guerre de civilisation, on y parle beaucoup d’exploitation, de corruption des élites soutenues par l’Occident. Un véritable intellectuel de gauche devrait aussi se pencher là -dessus au lieu de diviser le monde entre ceux qui aiment les gays et ceux qui ne les aiment pas. A lire ce blog, je me demande si vous ne seriez pas plus à  l’aise au PDC.

  11. 16 août 2006

    La haine, c’est chaud et ça brûle

    J’ai reçu ce matin (dans l’après midi à  Paris) un commentaire haineux qui répondait à  ma note sur l’article d’Olivier Bonnet qui critiquait Spielberg parce qu’il avait choisi de venir en aide aux Israéliens et non aux Libanais. Cette personne,

  12. Mouaips.
    17 août 2006

    François Brutsch: En espérant que vous ne verrez pas dans cette question une attaque perso. (ce n’est pas du tout mon intention), ne trouvez-vous pas troublant que le seul homme politique européen dont vous semblez regretter le départ ou plutôt l’absence de successeurs soit le chef du gouvernement de l’état européen manifestement le plus unanimement et uniformément haï par les musulmans en général et par ceux musulmans parmi ses concitoyens en particulier des plus modérés aux plus extrémistes ? (je vous laisse la liberté de contester le constat, notez bien).

  13. @Mouaips: pas de problème, les attaques perso bêtes et méchantes c’est un ou deux autres commentateurs, votre commentaire relève au moins de la discussion sur le fond! Même si je trouve que vous noircissez le trait, il n’y a pas de doute que l’opinion publique musulmane n’est pas très heureuse de la position de pointe adoptée par Blair dans la riposte à  la menace révélée par le 11.09.01, dans la stratégie suivie de ne pas vouloir seulement s’attaquer aux terroristes mais aussi de dénoncer l’islamofascisme et de vouloir lui couper l’herbe sous les pieds en favorisant la démocratie et le développement (et aussi de vouloir franchir une étape décisive dans le conflit israélo-arabe avec la création d’un Etat palestinien démocratique — mais ce volet passe malheureusement largement inaperçu de l’opinion, même non musulmane), comme aussi de ne pas marchander le droit à  la sécurité d’Israël pour éviter de « provoquer » les musulmans (contrairement à  ceux qui ont l’air de trouver, devant leur télé, qu’il y a un niveau tolérable d’attaques que les Israéliens devraient accepter de vivre avec)… tout cela parce que le partenaire américain est Bush (bien plus facile à  caricaturer que si c’était Clinton, alors que le clivage serait pourtant rigoureusement le même).

    Au demeurant, une politique ne peut pas avoir pour but de plaire à  une minorité (elle aurait d’ailleurs vraisemblablement l’inconvénient de déplaire alors à  la majorité!). Cela dit, les musulmans britanniques n’ont pas vraiment le choix, ils votent massivement travaillistes parce qu’ils ont tout à  gagner de la gauche en politique intérieure (mais c’est clair qu’ils préfèrent des travaillistes prêts à  sacrifier les principes pour ne pas irriter cet électorat, cela explique aussi les positions individuelles de certains MPs).

    Je pense d’ailleurs que la raison du malaise de l’opinion musulmane est très partagée: aussi du sentiment de culpabilité mal placé, du désir d’enfouir la tête dans le sable, à  l’égard d’actes qui rejaillissent négativement sur les musulmans en général, malheureusement, plutôt que véritablement du soutien à  Ben Laden ou à  l’éradication d’Israël et de tous les juifs. (C’est comme le soutien émotionnel à  un cessez-le-feu immédiat au Liban, sans rien régler: bien sûr que l’opinion soutient cela, mais elle n’a pas la responsabilité des conséquences… Cela demande plus de cerveau et de c… de résister à  ce genre de posture facile.)

    Mais ce que votre remarque souligne à  très juste titre (les blairistes en sont conscients, le disent, essaient d’agir dans ce sens mais c’est plus facile à  dire qu’à  faire), et c’était un peu l’objet de mon billet, c’est: comment faire en sorte que les musulmans eux-mêmes combattent l’islamofascisme (dont, je le répète, ils sont les premiers à  souffrir) plutôt que de se sentir instinctivement solidaires, dans un état d’esprit quasiment suicidaire qu’on voit trop dans les pays arabes?

  14. Mouaips
    17 août 2006

    « comment faire en sorte que les musulmans eux-mêmes combattent l’islamofascisme … » .

    Je vais sans doute dire une évidence, mais pourquoi ne pas leur donner les moyens, et donc, la responsabilité de le faire, par exemple, par le biais de fonctions gouvernementales adaptées ?

    à  ce sujet, le choix fait par la France est emblématique : laisser se créer et soutenir un machin dit représentatif, mais surtout ne lui donner aucun pouvoir, donc, aucune possibilité d’action : voilà  un bon moyen de se donner bonne confiance, tout en alimentation la thèse si efficace qu’est l’accusation de « cause toujours ».

    En supposant que l’on souhaite imaginer une communauté contribuer à  traiter des affaires supposées spécifiques à  elles, peut-on lui interdire de choisir méthodes et moyens (par exemple, accepter qu’elle créé des écoles, des universités, des médias).

  15. @Mouaips: ah ben non, ça c’est pas le problème ici, il est manifeste que l’intégration est beaucoup plus forte et mieux réussie qu’en France (même si la querelle sur les deux modèles me fait bien rire: dans la pratique, c’est deux variantes fortement convergentes de la même chose), déjà  parce que c’est beaucoup plus ancien et que la Grande-Bretagne a décolonisé volontairement et en restant en bons termes avec ses anciens dominions. Ca fait longtemps que, des présentateurs TV jusqu’aux ministres en passant par la fonction publique ou les entreprises, et pas seulement en bas de l’échelle, les britanniques musulmans sont représentés (et la possibilité de disposer d’établissements ou de médias, p.ex., spécifiques est aussi utilisée à  plein; s’il y a un problème, c’est plutôt de savoir si on n’est pas allé trop loin dans ce sens: la société britannique se transformant par l’effet de ses ressortissants musulmans ou autres autant sinon plus que les immigrés s’adaptant à  la société britannique).

    Mais ça n’empêche pas forcément le malaise (à  la limite d’autant plus), ni aussi le besoin de pour ceux qui « réussissent » d’en rajouter pour ne pas donner l’impression d’être des « oncles Tom »…

  16. Mouaips
    18 août 2006

    (Dans l’intérêt du débat..) Je comprends que, dans une société qui se déclare libérale et qui croit en son avenir de société libérale, on postule que la simple participation à  la société civile *est* le pouvoir. Force est pourtant de constater que certains secteurs échappent à  cette règle, et notamment le secteur policier ou de limitation des libertés, par exemple des libertés d’expression et donc indirectement, d’éducation.

    Dès lors qu’on parle d’ordre, de maintien de l’ordre, de contingentement de comportements minoritaires, mêmes des sociétés qui se revendiquent libérales réservent l’action à  ses fonctionnaires (de police, de justice) soumis à  une hiérarchie étroitement contrôlée par le politique et il reste d’usage de considérer toute initiative privée de police ou de justice comme anti-sociale. Le raisonnement, plus faible, vaut pour l’éducation. Et il vaut bien plus enocre pour la politique étrangère (et dès lors qu’on postule que quelque chose de particulier existe avec ceux de ceux de ses citoyens qui ont de la famille ou des biens à  l’étranger, la question est loin d’être neutre).

    Un bon citoyen, musulman ou non, respectueux du pacte global qui le lie à  ses concitoyens, n’a pas à  agir contre qui que ce soit sans en avoir reçu la mission : c’est donc en déclarant que le problème est policier *et* politique qu’on interdit à  telle communauté d’agir.

    Il me semble donc qu’autour de cette question et de bien d’autres, on ne peut dissocier la sécurité (intérieure) des biens et des personnes et la participation politique à  l’exercice du pouvoir des communautés dont on postule l’existence, qu’on parle ici des « jeunes », des « vieux », des « ravers » ou de quelque autre « communauté » ou groupe constitué que ce soitµ.

  17. Pour les ravers, je ne sais pas, il y a peut-être d’autres problèmes d’incompatibilité, mais en tout cas l’intégration des musulmans dans la police est une réalité au Royaume-Uni. Le plus haut gradé musulman est d’ailleurs l’un de ceux qui ont, récemment, exprimé des craintes à  l’égard du sentiment d’aliénation (comme on disait dans le temps) qui se développe sous l’effet du conflit…

  18. 25 août 2006

    « Que je sache, le califat de Cordoue dont Ben Laden réclame le rétablissement illustre d’ailleurs une société tolérante et pluraliste, moderne, aux antipodes de ce qu’il prône! »

    D’accord avec vous qu’il n’est pas question (ni éthiquement ni tactiquement) de rejeter en tant que personnes les « musulmans » qui sont effectivement les 1ères victimes de cette idéologie totalitaire et j’ai moi aussi du mal à  envisager l’interdiction de la religion musulmane …

    Mais en même temps, je pense qu’il est de notre devoir (d’assistance en personnes en danger) de ne pas (se) cacher la vérité sur la dimension totalitaire de la religion elle-même (et notamment du Coran et des textes associés) tels qu’ils sont actuellement compris et présentés par la plupart de leurs interprètes officiels, même si le vécu de la plupart des musulmans vivant parmi nous est effectivement et heureusement bien différent.

    Il faut donc, je crois, tenter de tenir en même temps les deux bouts de la chaine et c’est donc un équilibre effectivement pas facile à  trouver entre l’accueil bienveillant et l’assistance nécessaire à  des populations en danger (je préfère également le terme que vous retenez de « musulmans modernes » plutôt que « modérés ») et le refus de la version édulcorée et irénique de l’islam que voudraient nous faire avaler certains (mal comme bien-intentionnés), comme par exemple… la mythique « tolérance » de la Cordoue des dhimmis!

    D’où ma gêne aussi, pour prendre un aute exemple, quand un Blair (dont je me sens par ailleurs très proche et dont j’apprécie aussi énormément le courage) apporte sa caution plus ou moins volontaire (en les choisissant comme conseiller de son gouvernement) à  des personnages aussi douteux que… le petit-fils du fondateur des Frères musulmans!

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