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La chute de lord Browne, roman balzacien

Au départ, c’était un sujet pour les conseils de bon sens de la baronne de Rothschild, ou une chronique d’Anna Lietti sur les pièges de la vie moderne: comment faire votre vie avec une personne que vous avez rencontrée via une agence de prostitution (fût-elle haut de gamme) et la présenter à  vos amis et relations? Et comment gérer la rupture, 4 ans plus tard, considérant la différence de milieu social et de patrimoine entre vous…

Et puis ça a tourné au thriller à  la John Grisham: business, médias et politique, sexe, mensonge et quatre mois de procédure judiciaire à  l’anglo-saxonne, se terminant par la chute ignominieuse du patron le plus admiré de sa génération.

Au total, c’est bien plutôt un roman balzacien qui pourrait raconter 40 ans d’évolution de la société contemporaine.

Que John Browne ait partagé sa vie avec un homme est effectivement un volet marginal de l’histoire qui n’a pas posé de problème à  ses collègues de BP et à  ses amis, parmi lesquels Tony Blair, Gordon Brown ou Peter Mandelson, qui les ont rencontrés en tant que couple. Les conséquences auraient été les mêmes si c’était une jeune femme et non Jeff Chevalier qui, après leur rupture, se soit proposée de monnayer le récit de sa vie dans le beau monde au Mail on Sunday de manière à  ternir le plus possible l’image de son ex.

Mais c’est bien pourtant l’homosexualité et le regard porté sur elle (la relation entre deux adultes consentants venait d’être dépénalisée quand Browne est sorti de l’Université, en 1969) qui l’a conduit à  cacher son orientation sexuelle (ce que ne fait aucun hétéro), voire à  refuser de la vivre. Et il n’est pas le seul à  ne pas avoir mesuré la rapidité du changement socio-culturel intervenu en peu d’années. L’un des ressorts intimes de l’histoire est donné dans le passage suivant:

The reason Lord Browne had chosen to remain so private was the love of his mother, Paula, an Eastern European refugee from Auschwitz whose family was killed by the Nazis.

Lord Browne (…) would not come out because he did not want to upset his mother. She preferred the more conventional explanation for her son’s bachelor status that he was married to his work.