Un Swissroll RSS

Webmix

Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

La tarte aux pruneaux fait office de madeleine

Cette année, le Jeûne genevois (le jeudi qui suit le premier dimanche de septembre — impossible à programmer sur un agenda électronique!) tombe le 11 septembre. J’apprends dans la Tribune de Genève que, contrairement à ce que je croyais, il a été institué en 1567 suite à l’« annonce d’une répression contre les protestants de Lyon », et non pas, comme je le croyais, en réaction à la nouvelle du massacre de la St-Barthélémy cinq ans plus tard, soit en 1572.

Au-delà de la signification religieuse (pénitencielle, entre autres, mais pas seulement), n’avait-on pas là un magnifique exemple d’une manière absolument sobre de commémorer un événement tragique, d’une manière dépourvue d’affectation de montrer sa solidarité avec les victimes ? Une manière de faire qui prêtait moins à la récupération politique, commerciale, ou médiatique en général ? Voilà qui est le propre des vertus calvinistes, dira-t-on. Pourtant, le jeûne collectif est une pratique qui remonte à l’Ancien Testament et qui a aussi eu cours en terre catholique. C’est ainsi qu’« en 1831, la Haute Diète décide d’instaurer un Jeûne fédéral commun aux catholiques et aux protestants et Genève polémique pour savoir si elle doit conserver le sien. » La décision définitive de Genève a été prise il y a 40 ans seulement : « en 1963, le Jeûne genevois devient définitivement un jour férié officiel voté par le Grand Conseil, pour des motifs plus politiques que religieux. Les autres cantons fêtant le Jeûne fédéral. »

Sécularisation oblige, tout ce qu’on a gardé de cette institution, c’est la tarte aux pruneaux mangée traditionnellement ce jour-là. Avant de nous en donner une recette, la Tribune rappelle sans autre forme de commentaire qu’« en 1970, le Jeûne genevois faillit devenir une « Journée de la paix » mais la proposition fut balayée ». A l’époque, le pacifisme plus ou moins bien pensant, qu’il vienne des objecteurs de conscience et anti-militaristes de tout poil ou des chrétiens (de gauche), était assez mal vu en Suisse, étant assimilé (parfois avec raison) au communisme et à tout ce qui venait d’URSS. Aujourd’hui, tout ce qui est mal vient des Etats-Unis.