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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Toute-puissance colérique d’Allah versus Passion et retrait

Je n’irai pas voir la Passion de Mel Gibson. Et ce, uniquement en raison de la violence complaisante des images (que d’aucuns comme Sullivan qualifient de pure pornographie). C’est bien dommage et je le regrette profondément. En effet, dans un sens, un tel film serait venu à point nommé pour nous rappeler une différence abyssale entre Allah et le Dieu chrétien.

J’ai réussi en me forçant à lire le Coran dans son intégralité. Il y a bien sûr des passages pleins de profondeur ou d’élévation ou de poésie. Mais la plupart du temps, j’ai eu l’impression de me trouver devant une maîtresse d’école primaire courroucée qui fait alterner les menaces de terribles punitions et de récompenses symétriques. Allah est un Dieu dont on proclame la miséricorde pour mieux se rassurer, comme on parle de la clémence d’un monarque terrifiant. A côté de ce ressassement de la miséricorde au début de chaque sourate, l’avertissement du châtiment des infidèles, est une autre constante. Domine cette notion de la toute-puissance qui attend les infidèles au contour.

A l’opposé, il y a la Passion du Christ, qui présente un Dieu qui cherche à se gagner l’amour des humains en renonçant à s’imposer par sa toute-puissance. Certes, l’Islam reconnaît Jésus comme prophète, mais il considère comme un blasphème de dire qu’il est Fils de de Dieu, qui plus est, mort sur une croix. Cela contredit non seulement à l’unicité divine, mais – probablement encore plus grave – à l’idée de la toute-puissance d’Allah.

Ceci dit, il y a bien des théologiens (et, dans le passé, des mystiques) musulmans qui ont développé des approches moins infantilisantes de leur religion (dans l’autre sens, la religion chrétienne elle aussi a très bien su et sait encore très bien se faire infantilisante et aliénante). Mais ont-ils une audience, en dehors des médias occidentaux (de préférence en fin de soirée)?

Alors dommage, vraiment dommage que la Passion réalisée par Gibson soit ce qu’on en dit. Je ne suis pas sûr que les fondamentalistes protestants et les « traditionalistes » catholiques qui y courent soient les meilleurs défenseurs des valeurs occidentales. Des valeurs qui tiennent dans la synthèse de ce que nous avons reçu du judéochristianisme, enrichi par le meilleur de l’Antiquité grecoromaine, raffraîchi par la Réforme et mené à maturation par les Lumières (en intégrant les Droits de l’Homme), susceptible de s’adapter (parfois à son corps défendant) sans devoir forcément perdre son âme.