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Rohmer et Monnerat : même combat ?

Le dernier film d’Eric Rohmer Triple Agent est un bijou à tous points de vue. J’ignore les intentions extracinématographiques de son auteur – n’ayant pas encore lu d’interviews – mais on pourrait croire qu’il a aussi voulu épingler au passage certain pacifisme contemporain. Le public, sous le charme des acteurs et de la reconstitution, y sera-t-il sensible ? Un des documents d’époque insérés dans le film est édifiant : le discours de Blum en 1936 qui se fait le chantre des aspirations populaires à la paix avec le voisin nazi.

Pour le Major Ludovic Monnerat, de CheckPoint, une telle attitude est inhérente à la démocratie. Extraits d’un article dont on voudrait tellement que le grand public y soit confronté:

« Qu’aurait donc fait un Churchill accédant au poste de Premier ministre au début des années 30 ? Probablement guère mieux que ses prédécesseurs. Les foules ont beau constituer la clef de la démocratie, elles n’en sont pas moins sujettes aux errements les plus désastreux, et ceux qui ont acclamé Munich à tout rompre ont dû voir Bergen-Belsen pour comprendre leur tragique erreur. Le public européen ne veut pas davantage la guerre aujourd’hui que 70 ans plus tôt. Les dirigeants sont donc contraints de louvoyer, un œil sur les sondages d’opinion et l’autre sur les analyses stratégiques, ménageant la chèvre et le chou, condamnant la coercition armée et la pratiquant en coulisse, pour ne pas commettre leur suicide politique. »

Toutefois:« On ne pourra plus longtemps faire croire au public, comme en Espagne, que leurs attaques sont uniquement les conséquences des décisions de nos gouvernements, et non les actions d’un ennemi irréductible. Il y aura donc d’autres attaques (…) jusqu’à ce qu’elles fassent basculer les opinions publiques et que celles-ci se mettent à exiger la guerre jusqu’ici niée. »

Or:« Cette réaction populaire, tardive mais décisive, est typique des démocraties. La population voudra qu’on lui rende des comptes, et la crédibilité de classe politique et des fournisseurs médiatiques sera ruinée lorsqu’elle se rendra compte des mensonges et des distorsions qui ont été commis pour la satisfaire au lieu de l’informer. »

Le risque étant, pour le Major Monnerat, une tentation totalitaire, dont le remède est de « rester fidèles à nos valeurs et (…) se rappeler que nous restons, in fine, nos pires ennemis – dans l’inertie comme dans l’excès. »

A noter, sur le même site, la traduction d’un article éclairant d’Amir Taheri: « Pourquoi Ariel Sharon a finalement décidé d’éliminer le chef du groupe Hamas ».