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Chirac chef de parti

C’est désormais officiel, foin de cette idée que le sacre du suffrage universel transforme un candidat en « président de tous les Français » à laquelle tous ses prédécesseurs avaient tenu à se conformer au moins dans les apparences: Chirac a prononcé une allocution au groupe UMP de l’Assemblée nationale. Et en plus pour les rappeler à la discipline: quelle hauteur de vue!

Si l’on peut considérer que de Gaulle et même Pompidou relevaient d’une autre époque, on n’imagine pas Giscard haranguant les députés UDF ou Mitterrand le groupe socialiste. Le président était en quelque sorte en congé de parti, et c’est en privé par petits groupes, par personne interposée ou alors par la médiation d’un texte ou d’une vidéo qu’il se rappelait au bon souvenir de ses coreligionnaires. Après avoir réuni sur son nom, au premier tour, le plus faible score d’un président de la République, Chirac achève de rétrécir sa fonction.

De quoi renforcer ceux qui prônent une évolution de la dyarchie de l’exécutif français vers un régime « primo-ministériel » (selon le néologisme d’Olivier Duhamel) plutôt que présidentiel, comme les autres démocraties parlementaires européennes dont le chef de l’Etat est élu au suffrage universel. Des ajustements institutionnels minimes pourraient y contribuer (transférer au premier ministre le droit de dissolution de l’Assemblée, et le faire élire par celle-ci); mais, comme le soulignent les deux auteurs d’une tribune parue dans Le Monde du 17 avril:

« Le problème est de réussir à ce que nos leaders politiques se décident, comme partout ailleurs, à briguer surtout Matignon, et non pas l’Elysée. »

C’était un peu ce que Gaston Defferre avait tenté par sa candidature à la présidentielle de 1969, en tandem avec Pierre Mendès France comme premier ministre désigné. Aujourd’hui, cela impliquerait de faire émerger à côté des DSK, Aubry et autres Fabius qui ne se voient manifestement pas dans un rôle de figure symbolique, aussi prestigieux soit-il, la personnalité rassembleuse et crédible, prête à jouer ce jeu et candidate à une vision renouvelée de la fonction présidentielle (qui lui redonnerait aussi sa dignité).