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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

La récompense de l’ouvrier de la 11e heure

C’est l’une des paraboles les plus difficiles à  avaler… et elle trouve aussi son application en politique, comme en témoigne la Une du Monde d’aujourd’hui:

Rapprochement franco-américain après les élections irakiennes

suivi en page 2 d’un article de Claire Tréan:

Le scrutin irakien accélère le dégel entre Américains et Européens.

Car non seulement l’ouvrier de la 11e heure reçoit le même salaire que ceux qui ont travaillé toute la journée, mais il ne se gêne pas pour tenter de faire croire que son intervention a été décisive! Zvezdo avait protesté lorsque j’avais qualifié Claire Tréan de porte-parole officieuse du Quai d’Orsay (mais sans citer les articles dans lesquels elle aurait fait la preuve de ses capacités d’investigation et d’analyse critique). Comme lecteur assez attentif du grand quotidien parisien, je maintiens mon appréciation, amplement confirmée par cet article: ni Woodward, ni Plenel, Tréan me paraît de ces journalistes qu’on sonne parce qu’ils savent écouter et reproduisent plaisamment ce qu’on leur a raconté, sans se poser de question (ni même se permettre la petite vacherie, au passage, de ceux qui font la même chose mais tentent de préserver leur dignité). Bien sûr ils sont indispensables au journal, mais doit-il vraiment publier cela tel quel?

On a donc ce tableau édifiant où l’on veut nous faire croire qu’au lendemain de sa plus belle victoire, Bush vient à  résipiscence et se rend enfin à  la sagesse éternelle incarnée par la voix de la France (si on l’avait écoutée, il n’y aurait pas eu d’intervention, Saddam serait toujours au pouvoir; puis il y aurait eu un retrait rapide laissant la place au chaos, sous supervision de l’ONU sans doute; les hauts lieux de la rébellion terroriste n’auraient surtout pas été nettoyés; d’ailleurs les élections auraient été reportées…).

Je n’attends certes pas que Chirac demande pardon au peuple irakien pour la trop longue complicité de la France avec Saddam, qui l’a amené à  ne pas participer et à  tenter de saboter l’intervention internationale, notamment par sa trop longue complaisance avec la rébellion terroriste (dont il réclamait encore à  la conférence du Caire qu’elle soit associée au pouvoir, ce qui devient maintenant « une politique d’ouverture résolue en direction de tous les secteurs de l’opinion irakienne qui récusent ou auraient renoncé à  la violence »: c’est exactement ce qu’ont fait la coalition et le gouvernement intérimaire, avec aussi bien d’anciens généraux de Saddam que des tenants d’Al Sadr qui ont participé aux élections, sans parler du fait que la circonscription unique, jointe à  la composition savamment équilibrée des principales listes, allaient dans le même sens). Mais on pourrait attendre du Monde qu’il souligne plutôt l’habileté de Bush avec cette main tendue, et la réaction moins négative que précédemment de Chirac — et l’on devrait réévaluer sous cet angle les occasions précédentes ou Américains et Britanniques sont allés au-delà  du raisonnable pour tenter d’accomoder Paris, pour se voir rejetés avec mépris…

Enfin, l’harmonie occidentale et surtout le succès de la stratégie de Bush au Proche-Orient (la France était aussi de ceux qui voyaient dans l’intervention un désastre pour le conflit israélo-palestinien, alors que cela s’est révélé le contraire) valent bien ce genre d’hypocrisie.