Un Swissroll RSS

Webmix

Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Ouverture et fermeture de l’anticonformisme anabaptiste

Il y a tant de sujets qui interpellent le théologien, comme le jugement rendu sur Charlie Hebdo et les caricatures[1] ou les accusations (qui semblent fondées) de communautarisme à  l’encontre du Conseiller fédéral Christoph Blocher qui a invité des représentants des musulmans (dont Tariq Ramadan) (un article parmi d’autres). Beaucoup moins spectaculaire: l’ouverture de l’Année anabaptiste et le rapprochement de cette dénomination aussi appelée Mennonites avec les réformés (un article parmi d’autres) avec cette qualification inédite: des libres penseurs religieux[2]. On pourrait ajouter libres penseurs religieux laïcs. On oublie en effet que la pensée matérialiste n’a pas le monopole de la liberté. Les ancêtres de nos évangéliques plus ou moins fondamentalistes – anabaptistes, piétistes, puritains, baptistes, adventistes, salutistes… – se sont caractérisés par une critique et une distanciation de l’Eglise protestante officielle, l’Eglise du pouvoir, des aristocrates, qui le leur a bien rendu[3].

Comment ne pas être interpellé, voire séduit, par ces frondeurs, tous ces prophètes, tous ces mystiques subversifs, insolents en même temps que metteurs en pratique conséquents des principes évangéliques de fraternité, de simplicité, de pacifisme? Las. L’anticonformisme par rapport aux valeurs du monde (dans lequel des communistes ou des verts se retrouvent) se paie par un conformisme interne destructeur de personnalité. Et si, pour prendre un sujet au hasard, leur conservatisme sexuel a le mérite de dénoncer le consumérisme et ses justifications égoïstes (la loi du plus fort), je reste navré par leur obstination unanime[4] à  vouloir rester dans la grande famille de l’hétérocentrisme anathémisant multireligieux[5] [6].

Notes

[1] Cf. ce billet que j’assume encore, mais peut-être avec plus de réserve dans ma… réserve finale.

[2] Je ne sais pas si elle vient de swissinfo ou d’un communicateur anabaptiste avisé.

[3] Par ex., les réformés attachés à  l’histoire plutôt pacifique de la réformation dans leur cité ne seront pas très fiers de ce que Zwingli a fait noyer des anabaptistes dans la Limmat.

[4] En fait, je devrais nuancer. Je parle très très globalement des évangéliques, et le terme unanime est hyperbolique. Certaines dénominations, comme les Mennonites justement, ont des débats sur l’homosexualité, et les conclusions diffèrent d’une région culturelle ou linguistique à  l’autre. Les francophones seraient plus conservateurs que les néerlandais. Reste que le rapport conservateur à  la sexualité est un point commun pour les évangéliques qui s’entredéchireront volontiers sur d’autres points de doctrine (quand ils sont entre eux). (Note du 26.03.2007)

[5] Pour les Mennonites francophones, cf. cet article et la description de cet ouvrage.

[6] Est-il besoin de mentionner que les baptistes, croisement des descendants des anabaptistes et des puritains, sont également conservateurs?

Un commentaire

  1. 25 mars 2007

    Ces frondeurs, tous un peu prophètes, tous ces mystiques subversifs et insolents sont bien sympathiques. Dommage que le destin presque normal de la subversion qui dure soit dans un certain affadissement… et le rapprochement avec les Réformés une conséquence ?

    Quant à  l’hétérocentrisme anathémisant, je le comprends par rapport à  une histoire, à  une époque, comme d’ailleurs les passages bibliques sur lesquels ils s’appuyent. Et refoulant la part de latence homo que je crois commune à  chacun, on ne peut que la condamner chez l’autre! Je préfère considérer chez eux les fulgurances de liberté, le Souffle, le feu sacré, qu’ils ont apporté à  des institutions parfois sclérosées.

Les commentaires sont fermés