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News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Fascination ambiguë pour la solitude

Peut-on filmer la solitude? La question se pose par rapport au film Le grand silence qui est un reportage de 3 heures résultant de six mois passés dans un couvent de la Grande Chartreuse, dans les Alpes. Ma réponse est non. Même pas parce que la présence d’une équipe de tournage abolit la solitude. Je dirais aussi non si tout se faisait par caméras automatiques (genre caméra de surveillance placée dans la cellule).

On peut filmer un individu en train d’accomplir seul des geste profanes et religieux quotidiens. On peut le filmer côtoyant d’autres qui vivent la même solitude. Mais on ne filme pas pour autant la solitude, qui est du vécu, du ressenti. On peut s’en faire un début d’idée à  travers des paroles, un témoignage. Cela n’empêche que les images non classiques du film sont souvent à  tomber, qu’il s’agisse de portraits d’humains, des bâtiments ou de la nature. Et que l’humanité, la simplicité et la tendresse des ces personnages aspirant à  se rapprocher de Dieu en s’éloignant des autres[1] crèvent l’écran. Ce genre de film me rappelle donc ma méfiance pour tous les reportages classiques ou sous forme de téléréalité qui prétendent donner à  voir la vie quotidienne d’un individu. Tant qu’il n’en parle pas, on ne sait pas ce qu’il y a dans sa tête.

Il est une autre solitude dont il est de circonstance de parler en ce moment. Celle des gens qui ne passent pas les fêtes en compagnie de qui que ce soit. On en a parle, on s’en occupe, des bénévoles ou des collectivités organisent des fêtes du coeur. Ai-je l’esprit mal tourné ou ai-je raison de penser ceci: plus on montre de sollicitude sincère (dans les médias par exemple, mais aussi dans les conversations usuelles) à  l’égard des personnes seules, et plus on enfonce le clou pour qu’elles réalisent bien à  quelle point leur condition est affreuse. Et comme les médias jouent un rôle privilégiés pour ces personnes, elles doivent croire facilement ce que l’on dit sur elles.

Mais ce genre de déclaration sincèrement solidaires a un autre effet pervers: plus on y souscrit et plus on les reprend à  son compte, plus on se fait peur et plus on se prépare à  trouver affreuse la solitude de Noël qui pourrait nous arriver un jour. Un antidote à  ce mauvais esprit de Noël, ce sont les récits, entendus d’un conteur ou d’une conteuse, lus, ou vus en films ou de téléfilms, qui racontent comment un vieux grincheux asocial impopulaire (ou un patron inflexible) devienne aimables, se font des amis avec qui ils fêteront tous Noël à  la fin de l’histoire[2][3].

Notes

[1] A l’inverse de Jésus, qui, s’il se retirait pour prier dans la montagne, ne le faisait que pour un temps limité.

[2] L’étrange Noël de Mr Jack de Tim Burton, est un chef-d’oeuvre de transposition du genre dans un monde de monstres de Halloween.

[3] COMPLEMENT DE 17h – Si nous avons vu Le grand silence samedi, dimanche, ce fut Mon meilleur ami. J’avais oublié qu’il peut aussi rentrer dans la catégorie des contes de Noël basés sur la rédemption-malgré-lui d’un solitaire. Sauf que ça ne se passe pas à  Noël et que le rose du happy ending comporte quelques nuances de gris.

4 commentaires

  1. 26 décembre 2006

    Je n’ai pas vu le film mais je n’associe absolument pas couvent et solitude! La vie en monastère, c’est une vie de communauté, pas une vie d’ermite!

  2. 26 décembre 2006

    Excellent billet qui m’éclaire sur quelque chose que je percevais vaguement sans bien cerner de quoi il s’agissait ! Bon sang, mais c’est bien sûr !

  3. 27 décembre 2006

    « plus on enfonce le clou pour qu’elles réalisent bien à  quelle point leur condition est affreuse »

    En quoi la solitude est-elle une chose affreuse? N’est-ce pas un jugement sur un état donné en rapport à  une société donnée? Peut-on vraiment parler de solitude et la jugé si l’on ne s’extrait pas du jugement moral sociétal dans lequel nous sommes inséré? Les ermittes et autres, tel que des sages qui médite seul dans les montagnes, se sentent-ils dans une condition voulu? Si l’on voulait rajouter une précision pour être un peu plus juste, même avec un jugement remplis d’apriori, il faudrait dire: une solitude non voulu, une solitude subi, contraint, patati-patata.

    non?

  4. 29 décembre 2006

    Flonflons, cancans, grisettes, paillettes et cie

    Il y a quand même quelque chose que j’apprécie pendant les Fêtes (*), c’est que c’est la période où l’on fait la promotion d’un genre musical considéré parfois à  tort comme mineur. Je veux parler de l’opéret…

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