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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Retour sur les ouvriers de la 11ème heure

Comme c’est dimanche, j’ai envie de revenir sur la fameuse parabole des ouvriers de la onzième heure, que mon coblogger a convoquée pour illustrer le rapprochement franco-américain sur l’Irak.

Choquante, « difficile à  avaler » – mais c’est bien le but des paraboles. Le Maître des paraboles revendique un langage déconcertant – cela fait aussi partie de sa mission. Il s’agit de présenter des réalités morales et spirituelles nouvelles, qui sont en rupture avec les catégories religieuses humaines, trop humaines.

La parabole s’inscrit dans une réalité familière de l’époque: celle des travailleurs journaliers qui attendent chaque jour sur la place du village en espérant être embauchés pour la journée. L’attitude du patron, qui finit par donner le même salaire à  tous, choque aussi bien les auditeurs de l’époque que ceux d’aujourd’hui. D’un point de vue de gauche, c’est un salaud de patron qui se comporte en maître absolu. D’un point de vue libéral, la détermination du salaire en dehors des lois du marché, de la productivité, etc. n’est pas sérieuse.

Le message central, c’est que la générosité divine est incommensurable aux calculs humains. Ceux qui ont fait le bien depuis le début n’auront pas une plus grande récompense que ceux qui sont venus sur le tard dans les vignes du Seigneur.

Et si on creuse un peu, il y a quand même une logique: ceux qui ont travaillé dès le matin ont la certitude confortable qu’ils avaient un travail avec un salaire qui leur permettaient de se nourrir pour un jour (c’est effectivement ce que représente le salaire convenu). Tandis que ceux de la 11ème heure gagnent aussi de quoi se nourrir un jour, mais ils auront dû attendre toute la journée pour avoir cette perspective réconfortante. La justice ou la générosité du maître est d’assurer à  chacun un salaire permettant de vivre.

La mauvaise humeur de ceux du matin qui découvrent que ceux de la 11ème heure ont gagné la même chose ressemble à  la colère aigrie du frère aîné quand on fête le retour du fils prodigue. « J’ai eu un comportement irréprochable et on n’a pas tué de veau gras pour moi. » Réponse du père: « Mon enfant, tu étais toujours avec moi, tout ce qui est à  moi est à  toi. »

Dans l’économie spirituelle selon Jésus (et Paul, et d’autres), le « salaire » et la « récompense » précèdent le travail. Goûter la générosité originelle donne envie de se mettre au travail et d’être généreux à  son tour. Ou d’y revenir, si on s’est perdu.

Tout le contraire de l’attitude religieuse – en fait superstitieuse – qui dit « Je fais le bien pour en être récompensé. Je m’abstiens du mal pour ne pas être puni. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça? »

Il faut bien quelques paraboles « difficiles à  avaler » pour contrecarrer de tels schèmes de pensée.