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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Dédramatisation

A propos de l’affaire Nestlé – Securitas – Attac (mandatée par Nestlé, une société de sécurité privée a recruté des étudiants pour infiltrer une section vaudoise de l’organisation altermondialiste), Philippe Barraud relativise et dédramatise en disant que l’infiltration, « c’est de bonne guerre » pour la multinationale.[1] C’est de bonne guerre puisque que l’infiltration, rappelle Barraud, fait partie des méthodes de lutte prônées par les organisations de gauche historiques qui se respectent.

On pourrait juste lui rétorquer que l’indignation vertueuse exprimée par la partie infiltrée et ses sympathisants (la gauche en général) est aussi de bonne guerre. Restent les médias, qui eux ont relayé cette indignation. Est-il possible qu’ils aient omis de laisser penser qu’une autre lecture est possible? Une réponse affirmative justifierait alors l’existence des Philippe Barraud et l’intérêt qu’ils représentent — disons, pour les fois où lui-même il ne s’indigne pas vertueusement[2]. Mais: que celui qui ne s’est jamais indigné vertueusement jette la première pierre.

Notes

[1] On était en 2003, à  la veille du G8, et Nestlé s’inquiétait de ce qui se préparait à  proximité de ses bâtiments de Vevey.

[2] Dans ses croisades écologique et antitabagique notamment.

3 commentaires

  1. Sugus
    27 juin 2008

    D’après l’article Barraud, Nestlé est la victime, il faut bien qu’elle se défende. Elle l’a fait pour se prémunir des risques du G8, normal dans ce cadre qu’elle se soit intéressée à  Attac.

    Faux! Le G8 a duré 3 jours, du 1er au 3 juin 2003. D’après l’enquête Temps Présent, la taupe Sécuritas a infiltré Attac pour le compte de Nestlé jusqu’en été 2004. C’est bien la rédaction du bouquin « attac contre l’empire Nestlé » qui intéressait Nestlé, le G8 c’était du passé. Bouquin dont se garde bien de parler Barraud. Faire diversion sur le G8 c’est bien plus confortable.

    L’enquête dira si Securitas a outrepassé ses droits, s’il y a infraction pénale. La question nécessaire : Que dit Attac dans ce bouquin? Les affirmations du livre sont-elles fondées? Dommage que Nestlé n’ait pas jugé bon s’exprimer à  ce sujet. Dommage que Barraud évacue complètement la question du livre.

    Et Guillaume Barry nous a habitués à  beaucoup mieux que relayer la mauvaise foi 😉

  2. Guillaume Barry
    28 juin 2008

    @Sugus: Mais cela ne change rien à  l’argument qui m’a frappé, auquel je n’avais pas pensé, et qui relativise l’indignation à  laquelle j’ai aussi succombé dans un premier temps: les moyens qui suscitent l’horreur en tant que tels ont été prônés et appliqués par l’autre camp. Pour ce qui est de la mauvaise foi barraldienne, j’étais au courant (c’est même de l’aveuglement parfois). Mais, pour peu qu’on soit adepte de l’allopathie, on pourrait dire qu’un peu de mauvaise foi soulage en cas d’exposition aux excès de vertu et de bons sentiments. Et qu’est-ce que la mauvaise foi d’un Barraud à  côté de géants que sont un Poncet ou un Bonnant (qu’il réprouve)?

  3. 30 juin 2008

    La manière dont la presse relate est intéressante – mais le fait demeure choquant et sa banalisation, sur la base ou non des explications données par Nestlé, m’inquiète tout autant que le fait lui-même. Sauf élément inconnu et incroyable que révélerait l’enquête, Nestlé et Securitas me semblent fort indéfendables. Je suis donc assez effaré que Securitas s’y soit prêtée – pour garder son important et prestigieux client ?

    Attac aurait été en train de préparer un livre désagréable pour Nestlé ? So what. Dans un Etat de droit Nestlé peut le combattre légalement s’il y a matière. L’argument G8 me semble au mieux overreacted et probablement prétextuel. En fait, chaque justification de l’opération de Nestlé que je lis depuis la sortie de cette nouvelle me semble faible, candide ou de bien mauvaise foi dans une matière qui est juridiquement bien mieux balisée que ce qu’il est prétendu pour noyer le poisson. Quant à  l’argument de ce que les ONG ou pré-ONG gauchistes d’antan ont ou avaient l’infiltration comme méthode de lutte, je n’y avais même plus pensé et so what – quel impact en l’espèce sauf si éventuellement il se révélait qu’Attac aurait fait de même ?

    Bref, Nestlé seems to get away with it sans trop d’opprobre, pour l’instant en tout cas, et c’est cela qui est inquiétant !

    Un dernier point : Quand on est un major player, on doit avoir les mains propres et chaque action illégale peut in fine avoir un impact sur le cours boursier, cas échéant par dommage d’image, et engager à  ce titre la responsabilité du management. Je trouve donc assez dingue d’avoir osé approuver et commanditer une telle opération.

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