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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Pas de régionalismes dans la banalité du mal

En relation avec l’affaire Anne-Marie Debaine, je voulais déjà  signaler que le Royaume-Uni a aussi, en ce moment, son affaire d’handicapé requérant des soins constants, laissé pour cela à  sa famille, et tué: en l’état, la suspecte est la mère. Je ne comprends toutefois pas encore pourquoi la « disparition » de James Hughes n’a été signalée à  la police qu’au moment de celle de la mère, qu’on a rapidement retrouvée pendue alors que le cadavre de la victime a été, lui, retrouvé dissimulé et dans un état de putréfaction avancé… Il semble ne pas avoir été vu depuis un certain temps sans que grand monde ne s’en inquiète. Du moins l’enquête semble-t-elle se poursuivre.

Mais c’est surtout avec l’affaire Fritzl que l’on est tenté de se rassurer que ce genre d’horreur ne peut se produire qu’en Autriche. Le Parisien nous en prémunit[1] avec l’histoire de Lydia que ses deux parents torturaient et à  qui son père a fait 6 enfants à  Crécy-la-Chapelle, près de Paris (sans même avoir besoin de la tenir aussi enfermée qu’Elisabeth Fritzl). Avec le prudent scepticisme qui me caractérise, j’ai espéré l’affabulation; dans cette ligne, la chute conduit à  l’exagération massive: la mère n’a été condamnée qu’à  4 ans d’emprisonnement avec sursis pour « non empêchement de crime et agression sexuelle sur l’un de ses petits-fils ». Mais je ne peux m’empêcher de craindre que, comme dans l’affaire Debaine, ce soit plutôt le système judiciaire qui ait failli. La condamnation était en appel, elle est maintenant en cassation.

COMPLEMENT DU 04.05 à  17h10: Je me disais après coup que le rapprochement était tout de même un peu fort entre les deux situations, l’une d’elle étant après tout fondée sur l’idée d’éviter une souffrance à  la victime (d’où l’application par les médias, abusive à  mes yeux dans ces deux cas, des termes d’euthanasie en français, mercy killing en angais). Et si on ne peut jamais le prédire individuellement, il est statistiquement certain, hélas, que confiés à  des structures collectives à  défaut de famille (ou si celle-ci n’est plus en mesure de faire face), des handicapés requérant des soins constants (comme des malades hospitalisés ou des personnes âgées en EMS) seront victimes de négligences, de violences, d’abus sexuels ou d’actes de pur sadisme. Mais Josef Fritzl aussi prétend s’être « occupé » de sa fille et de ses enfants! Dans les deux cas, on a affaire à  ce que les psys appellent le sentiment de « toute puissance », les victimes étant dans une situation de totale dépendance (joint, pour les parents de handicapés, à  une incapacité de faire appel à  autrui, une conviction qu’il est impossible d’obtenir de l’aide). Et j’imagine que le projet apparemment nourri par Fritzl d’en finir avec l’enfermement d’Elisabeth et des trois enfants était lié à  la conviction que sa domination mentale serait suffisante (ça semble bien avoir été le cas pour Lydia). C’est dire la force de résistance, le courage qu’il a fallu à  Elisabeth, après 24 ans, pour prendre le risque de se confier et d’appeler à  l’aide dès qu’elle en a eu la possibilité; ce n’était nullement évident.

Notes

[1] Comme, à  partir d’un entrefilet dans un journal ramassé dans le bus, Google me l’apprend!