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"Sa Majesté Minor" n’est pas un film pour sots, mais…

Je me réjouissais d’aimer Sa Majesté Minor au nez et à  la barbe d’une majorité de la critique, qu’elle soit généraliste ou cinéphile. Et l’originalité que je pressentais s’est avérée indéniable. Ni satire (avec un i, pour commencer, mais patience, le mot avec y suivra) ni parodie, le film ne ressemble, en vérité, à  rien de connu, ce qui d’ordinaire suffit à  m’enchanter. Las. Pas de cohérence dans l’incohérence, pas de consistance dans l’inconsistance. Pas de franche incohérence non plus, ce qui aurait au moins assuré un caractère véritablement loufoque.

Le film se nourrit d’une subtile interrogation dialectique: comment faire pour n’être ni de l’art ni du cochon? Du grand art visuel, c’en est, indéniablement, avec des effets spéciaux inédits, dit-on. Mais au service de qui, de quoi? On feint de prendre les cochons pour fil conducteur à  défaut de sujet principal, comme s’ils avaient servi à  construire une fable ou une allégorie. Mais des cochons, le réalisateur s’en tape, c’est-à -dire qu’il les méprise carrément. Les pauvres bêtes sont juste bonnes à  être instrumentalisées en tant que personnages-sujet relativement inédit [1] dans le cinéma. On les exploite, on exploite leur nouveauté de personnages de film… gratuitement, pour rien.

On cherche la fable, l’allégorie: voudrait-on ironiser sur la tendance qu’aurait un peuple de faire et défaire son roi, d’être l’auteur de sa propre aliénation comme de son émancipation. Fausse piste, il ne faut pas chercher. Autre fausse piste: l’exaltation joyeuse et sans complexe de la sexualité. Cela ne vaut que pour un seul personnage qui ne fait rien d’autre que suivre sa nature, or il n’est pas un humain: c’est Pan, LE satyre, avec son fier y. Ce serait alors la seule thématique aboutie dans le film: on ne peut échapper à  sa nature.

Le but du film serait alors d’en rire au lieu d’en pleurer. Le problème, c’est que d’une certaine manière, le film se prend trop au sérieux, tout en ne prenant pas suffisamment au sérieux la légèreté qui l’autoriserait à  prétendre au tout dérisoire et à  l’absence du sens. A l’inverse, et malgré le rôle dévolu aux suidés, la consistance déficiente empêche qu’on parle de l’art pour l’art.

Notes

[1] En tant qu’animaux-acteurs réels, ce sont effectivement des personnages inédits. Les précurseurs que sont les trois petits cochons sont des dessins. A propos du conte et des personnages, cf. l’article Wikipedia (en français). Babe est joué par un vrai cochon, mais il est traité comme un personnage de fiction pour enfants.