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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Exclusif: comment Kouchner a mélangé Pasqua

ça ressemble à  un jeu oulipien (à  la manière de Perec écrivant La Disparition sans utiliser la lettre « e ») — à  moins qu’on puisse décrire l’exercice comme un test de sciences cognitives étudiant les rapports entre le son, l’image et le texte:

  • Prendre un message fameux dans une langue étrangère: l’hymne national soviétique interprété par le Choeur de l’Armée rouge
  • En réaliser une transcription aussi fidèle que possible du point de vue phonétique, mais dans une autre langue: ici le français
  • Illustrer la transcription, sans lésiner sur la loufoquerie
  • Mixer le tout sous forme de vidéo sous-titrée et servir sur YouTube

Il y a des gens que cela laisse froid, mais ceux qui sont sensibles à  ce type d’humour adorent! Je ne me lasse pas de la tourner en boucle depuis que Guillaume l’a signalée dimanche, et mercredi 10 c’est la chaîne de télévision LCI qui en a passé un couplet. Dimanche, elle avait été vue 8000 fois en un mois, depuis on en est à  plus de 20’000 visionnements. Certes, par nature cela ne peut pas atteindre le succès planétaire des pompiers de l’Aéroport de Genève et autres romands! Aiguillonné tant par la curiosité que par la proximité (car « Dekox », l’auteur de cette vidéo sur l’hymne soviétique avec allusions à  la politique française, notamment, est étudiant en HEC à  l’Uni de Lausanne), Un swissroll a voulu en savoir plus. Interview.

«L’idée me trottait dans la tête depuis longtemps: depuis que j’avais vu cette vidéo de l’hymne soviétique « en suédois ». Je me suis lancé un soir de solitude à  Philadelphie (j’étais pour trois mois en séjour linguistique à  New York) où je découvris qu’un logiciel de traitement de vidéos était préinstallé sur mon ordinateur. Je l’ai créé entièrement seul en l’espace d’un an, entre septembre 2006 et 2007. J’avançais par petit bouts à  trois mois d’intervalles jusqu’à  ce que l’un de mes amis me force à  la finir pour de bon.

Pour être franc, ça m’a pris beaucoup de temps. D’une part parce qu’il m’a fallu m’habituer à  utiliser Adobe Premiere Elements, que je ne connaissais pas du tout, mais surtout parce que cela demande une grande patience. L’écriture des paroles est ce qui m’a pris le plus de temps. Il m’a fallu écouter l’hymne environ 100 fois, seconde par seconde. Finalement, c’est assez extraordinaire comme les paroles paraissent correspondre par une simple association du cerveau entre le son et les sous-titres, alors qu’il m’a fallu toutes les peines du monde pour les trouver. Certains passages m’ont presque rendu fou. J’ai probablement dû les écouter quelques chose comme 300 fois, peut être plus. « Islam, ail à  cheese cake » est la première chose qui me vient à  l’esprit, mais il y en a eu d’autres.

Ensuite, il m’a fallu rechercher les images correspondantes. C’était la partie intéressante avec le montage, donc le temps paraissait moins long. Toutefois, certaines images m’ont causé du fil à  retordre. Tu ne peux pas imaginer le temps qu’il m’a fallu pour trouver l’image d’une planche posée sur un mur, ou celle d’un barrage de policiers anti-émeutes. Sans parler de celle d’une personne utilisant un mixer! Absolument introuvable! La publicité n’est plus ce qu’elle était: aussi incroyable que cela puisse paraître, aucune société d’électro-ménager n’a jugé judicieux de mettre sur internet une photo d’une gaie mère de famille en train de préparer joyeusement un jus de fruit pour que je puisse ensuite la réutiliser sournoisement pour mettre l’actuel ministre des affaires étrangères français dans une posture comique. J’ai donc dû me contenter d’une femme mélangeant son ragoût.

Est ce que je le referais? Je ne sais pas. ça m’a pris beaucoup de temps, même si un deuxième hymne m’en prendrait bien moins. J’ai quelques idées. J’étudie la possibilité de sous-titrer en anglais La Marseillaise. Il faut que je trouve une version suffisamment floue pour que ca fonctionne. Il faut aussi que je voie si le fait de comprendre la langue n’est pas un obstacle. Je pourrais également tout simplement faire un autre hymne sous-titré en français. Mais des hymnes qui me viennent à  l’esprit, il n’y en a pas beaucoup qui soient dans une langue que je ne connais pas.»

3 commentaires

  1. Coïncidence ?
    13 octobre 2007

    Voir aussi le mouvement créatif : « Misheard Lyrics » :

    http://youtube.com/watch?v=gg5_mlQOsUQ

    â–º Mais c’est tout autre chose, justement…

  2. 13 octobre 2007

    En tout cas, bravo à  l’auteur, c’est une superbe réussite. Et merci pour cette interview.

  3. 14 octobre 2007

    J’ai l’esprit d’escalier, c’est seulement maintenant que je me le rappelle. Pour La Marseillaise transcrite phonétiquement en anglais, j’avais déjà  entendu ici le premier vers:

    Alonzo, fondle our pear tree!

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