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La pagaille du « mariage pour tous » britannique

La coalition Con-Lib continue de légiférer par négligence et effet d’annonce

A la veille de la Pride londonienne d’aujourd’hui, le gouvernement britannique a enfin annoncé ce qu’allait devenir le partenariat civil1. Dans la conception dualiste de l’état civil, celui-ci réglait le statut des couples de même sexe, tandis que celui des couples de sexe opposé était appelé mariage. Il y a plus d’une année déjà, une législation passant à une conception moniste a été adoptée à la hussarde2: un même statut pour les deux types de couples.

J’ai déjà écrit ici tout le mal que j’en pensais: une loi précipitée alors qu’elle ne correspondait à aucun besoin, bousculant déjà, par opportunisme marketing3 celles et ceux qui venaient de se faire à la véritable percée socio-politique, réalisée en 2004 par le gouvernement de Tony Blair: le reconnaissance des couples de même sexe au travers du partenariat civil; une loi bâclée, qui maintient voire aggrave les discriminations en interdisant à l’Eglise anglicane de mettre sur le même plan couples de même sexe et couples de sexe opposé4 et qui donc est muette sur les dispositions finales et transitoires qu’elle aurait dû régler.

C’est maintenant fait – dans la même pitoyable veine. L’annonce survient comme il se doit à la veille de la Pride londonienne à laquelle chacune et chacun se pousse du col, dorénavant. Sonnez trompettes, dès décembre 2014, les couples déjà partenariés vont pouvoir échanger leur certificat de partenariat contre un certificat de mariage – pas vraiment une surprise, sinon que ce ne sera donc ni automatique, ni gratuit.

Mais le gouvernement, soudain respectueux de la diversité conflictuelle des avis reçus sur laquelle il s’était assis à propos de la Marriage Equality, soucieux sans doute aussi d’éviter une nouvelle discussion parlementaire laborieuse à moins d’un an des élections, décide de ne rien faire d’autre pour le moment, en découvrant qu’il faut peut-être laisser encore un peu de temps au temps… mais ce qui est maintenant le plus sûr moyen de mécontenter tout le monde. Et surtout de voir le débat de déplacer devant les juges.

La solution simple et évidente aurait été de décréter, dans la législation ouvrant le mariage aux couples de même sexe ou même maintenant, que le nouveau statut remplaçait le partenariat civil. C’était aussi le moyen de couper l’herbe sous les pieds des insatisfaits perpétuels à la Peter Tatchell et autres malicieux plaisantins qui réclamaient déjà que le partenariat civil soit à son tour ouvert aux couples hétéros56.

Mais non. Le gouvernement, qui a prétendu réaliser avec la Marriage Equality la fin d’une discrimination fantasmatique, prête désormais avec insouciance le flanc à une accusation inévitable: les couples de même sexe ont un choix qui n’existe pas pour les couples de sexe opposé. Ils sont nuls, je vous dis.

  1. Civil Partnership. En Suisse, de manière moins élégante: partenariat enregistré. []
  2. Sur proposition du gouvernement, mais grâce aux voix de l’opposition, la majorité des députés conservateurs votant contre. []
  3. Montrer que la coalition Con-Lib est différente d’un gouvernement purement conservateur, et pour Cameron se poser en moderniste. []
  4. Si elle souhaite une fois modifier sa doctrine, comme l’ont fait d’autres Eglises réformées, y compris au Royaume-Uni. []
  5. Les vrais libertaires, eux, estiment que l’Etat ne doit pas légiférer sur l’état civil et donc que les deux institutions doivent disparaître. []
  6. En France, oû le Pacs déjà ouvert à toutes les formes de couple n’est qu’un régime de seconde zone et pas un statut d’état civil, cela peut à la rigueur se justifier de le maintenir à côté du mariage pour tous, mais disposer de deux institutions identiques, synonymes… []