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News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Couples de même sexe: la France se donne de la peine (et en a), la Grande-Bretagne fayotte

Mariage gay: une loi identique des deux côtés de la Tamise, mais de portée très différente

Ouf! La France rejoint le monde civilisé: 25 ans après les précurseurs scandinaves (la loi danoise: 7 juin 1989), 10 ans après le reste du monde développé (même la Suisse: loi du 18 juin 2004 approuvée en votation populaire à  la suite d’un référendum le 5 juin 2005), ce pays se dote enfin d’un statut mettant sur le même pied les couples de même sexe et les couples hétéros mariés.

Comme c’est la France, il a fallu qu’elle en fasse un psychodrame (freudien). Et nombreux sont sans doute ceux qui croient, à  tort, qu’elle est à  l’avant-garde du progrès alors qu’il n’en est rien: même le mariage dématrimonialisé (un statut portant le même nom pour les deux types de couples, hétéro ou homo) a, lui, été inventé aux Pays-Bas (2001) et se retrouve aussi au Canada, en Afrique du Sud ou en Argentine

L’amusante coïncidence qui voit le gouvernement de droite britannique et le gouvernement de gauche français faire voter, la même semaine, une loi identique par leur parlement respectif ne doit pas induire en erreur: la portée des deux législations est complètement différente.

La loi française n’a pas seulement pour but de donner une image progressiste de la présidence Hollande et de faire oublier la situation économique: elle offre réellement aux couples de même sexe un statut d’état civil qui leur donne une reconnaissance et des droits dont ils étaient privés. En Grande-Bretagne, ces droits sont acquis depuis longtemps (le partenariat civil, identique pour les gays et les lesbiennes au mariage hétéro, depuis la loi du 18 novembre 2004, l’adoption par un couple de même sexe étant même antérieure). La nouvelle loi britannique n’a dès lors, elle, qu’une portée terminologique, en absorbant le partenariat civil dans un mariage dématrimonialisé — afin de donner une image moins réactionnaire, plus moderne de la droite.

COMPLEMENT de 21h30:

Regardé le vote seulement sur la chaîne parlementaire (écouter le débat aurait été au-dessus de mes forces avec la répétition sans enjeu de pieuseries de part et d’autre, politiquement correctes pour le gouvernement comme pour les travaillistes et catastrophistes pour les adversaires de la loi), en prenant au vol les dernières phrases du représentant du gouvernement achevant la splendide chorégraphie parlementaire de la journée, l’oeil rivé sur l’horloge pour terminer à  19h pile. Alors intervient la division: ceux qui votent oui à  la loi sortent par la porte de droite, ceux qui votent non par la porte de gauche. Le résultat du comptage est ensuite annoncé au Speaker qui les répète: 400 oui, 175 non (pour 649 députés).

Il faut toutefois plus qu’une caméra pour livrer la portée de ces chiffres: le site de la BBC ou celui du Times s’en chargent. Non seulement Cameron n’est pas parvenu à  rallier la majorité de ses parlementaires derrière lui (seulement 127 Tories sur 303 ont approuvé la loi), il est carrément battu dans son propre parti puisque 136 Tories ont voté contre – les 40 autres s’abstenant ou ne prenant pas part au vote. Schadenfreude