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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

“Qui veut le plus veut le moins”

Retour sur la votation fiscale à Genève

Ce devrait être un principe de base de la confrontation démocratique… mais la votation genevoise de dimanche confirme que ce n’est pas toujours aisé.

A la question de principe, “pour ou contre un régime fiscal spécifique pour les riches étrangers sans activité lucrative”, la majorité de droite opposait une révision un peu plus plus restrictive, un peu plus exigeante, de ce régime. Les partis de la droite traditionnelle et les milieux économiques appelaient tous à voter non à l’initiative et oui au contre-projet, en toute logique.

Les partisans de l’initiative, partis de gauche et syndicats, ont repoussé du pied ce compromis, appelant tous à voter non au contre-projet. Le raisonnement est qu’on ne peut pas vouloir une chose et son contraire, fût-il amélioré / atténué.

Résultat de ce dogmatisme sans vision stratégique: défaite totale des initiants (dont il faut souligner que même les quartiers où la gauche est majoritaire au point d’approuver les pires stupidités, notamment lorsqu’il s’agit de logement, n’ont cette fois pas suivi). C’est le double non, prôné par les seuls partis populistes, qui l’a emporté.

Or le risque de voter 2 x oui n’était que psychologique (relativiser l’affrontement du bien et du mal), mais pas rationnel:

  • Soit ni l’initiative, ni le contre-projet (malgré l’appui des initiants) n’obtenaient une majorité : essayé, pas pu.
  • Soit l’initiative échouait et le contre-projet était accepté: c’était déjà ça.
  • Soit, dans le cas où les deux étaient en principe acceptés par le peuple, c’est la réponse à la question subsidiaire et non le nombre de voix qui déterminait lequel entrait en vigueur, donc joindre leurs voix à celles de la droite pour soutenir le contre-projet n’aurait pas dû dissuader les électrices et électeurs de gauche. Mais les appareils ont tout fait pour que cela ne se sache pas…

A la rigueur, on peut éventuellement comprendre la volonté d’affrontement à des fins mobilisatrices (je vote non au remplacement du supplice de la roue par la guillotine car je veux l’abolition de la peine de mort; le double oui est plus facile quand l’alternative est une question de degré: initiative + 500 CHF, contre-projet + 200 CHF), encore que ça ne donne pas une haute idée de l’opinion que l’on a des citoyennes et citoyens. Mais alors il faut que la gauche, dans un second temps, retrouve le sens du pragmatisme et rebondisse au Parlement en mettant la droite au défi d’adopter à nouveau, cette fois avec l’appui de la gauche, le compromis qu’elle acceptait par crainte de l’initiative.