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Commentaire de l'actualité (gaie ou non!) sur terre, au ciel, à gauche, à droite, de Genève, de Londres ou d'ailleurs
News and views (gay or not!) on earth, in heaven, left or right, from Geneva, London or elsewhere

Un bouquet d’initiatives voit la prospérité de la Suisse dans l’autarcie et l’obscurantisme économique

La gauche doit savoir refuser de dire « oui » à  des réglementations mal fichues, surtout lorsqu’elle en partage les intentions

On a déjà  eu l’initiative Minder pour se donner la satisfaction de clouer au pilori le cosmopolitisme apatride du patronat le plus vorace, aux antipodes de la modestie qui sied à  l’Helvète riche ou pauvre.

Mais l’esprit populiste[1] du temps souffle dans les voiles d’autres initiatives qui viendront bientôt en votation:

  • l’initiative de la Jeunesse socialiste qui entend limiter de 1 à  12 (pour commencer?[2]) l’écart des salaires dans une entreprise;
  • l’initiative de l’Union syndicale qui veut fixer dans la Constitution un salaire minimum de 22 CHF l’heure (soit 18 € alors que le SMIC français est à  9.43 € et qu’un salaire minimum légal supérieur à  8.50 € est considéré comme élevé dans l’UE; il est fixé à  7.25 $ aux Etats-Unis et à  6.19 £ au Royaume-Uni);
  • l’initiative d’un comité hors-partis qui prévoit que l’Etat verse à  chacune et chacun un revenu de base inconditionnel (allocation universelle); il n’y a pas de montant dans le texte, mais la somme couramment avancée est de 2’500 CHF par mois;
  • l’initiative de l’Union syndicale qui demande une augmentation de la rente AVS (premier pilier de la retraite).

Le premier problème de ces propositions c’est le mépris pour l’économie, la croyance que l’argent est là  et que l’Etat (le constituant) peut le distribuer à  sa discrétion (alors qu’il doit bien sûr être gagné avant de pouvoir être réparti, comme disait Michel Rocard[3], et que ces mécanismes sont complexes et liés les uns aux autres[4]). S’y ajoute la totale indifférence à  l’interdépendance de l’économie mondiale alors qu’elle s’impose en Suisse autant voire plus qu’ailleurs.

Le second est spécifique à  la démocratie directe: vote-t-on sur une idée, pour « donner un signal », ou vote-t-on sur un texte juridique qui déploiera inexorablement ses effets[5]? L’autre manière de formuler ce dilemme se trouve dans la question suivante: vote-t-on par sympathie ou antipathie[6] pour les auteurs et leurs motifs, ou vote-t-on sur le résultat prévisible de la disposition? Je suis de ces esprits bêtement rationnels qui pensent que c’est dans les deux cas le second terme de l’alternative qui doit compter.

Cela devrait être d’autant plus vrai pour ceux qui revendiquent le beau rôle de contribuer à  la formation de l’opinion, si essentielle dans une démocratie directe: les médias et les partis responsables en particulier.

On aurait pu rêver d’une stratégie de gauche fondée sur une répartition évidente des rôles: à  l’impétueuse Juso, à  la vigoureuse organisation de défense des salariés de pousser des revendications dans une formulation suffisamment ouverte, au PS avec ses magistrats et ses parlementaires de faire émerger des solutions praticables et conformes à  l’intérêt général… Au lieu de quoi les Verts ou le PS (à  quelques honorables exceptions près, comme l’ancien conseiller fédéral Moritz Leuenberger[7]) s’alignent avec attendrissement devant toutes les surenchères au lieu de préconiser des contre-projets (même s’ils seront nécessairement moins simplistes). Voire d’assumer un « non » tranquille, surtout lorsque le parti a en réalité été placé devant un fait accompli…

Notes

[1] A chacun son obsession: les étrangers pour la droite, l’argent les riches pour la gauche.

[2] L’idée est qu’il n’est pas acceptable que l’un mette plus d’une année à  gagner péniblement ce que l’autre encaisse chaque mois, mais on pourrait aussi viser 1:7 pour les jours de la semaine…

[3] Du moins dans sa période réformiste, avant son actuel virage apocalyptique.

[4] Les projets de la Juso et de l’USS reposent par exemple sur une vision passéiste de l’organisation économique autour du salariat de masse.

[5] Sans même parler de la contradiction interne qui consiste à  ajouter un salaire minimum de 4’000 CHF par mois à  un revenu de base de 2’500, ou à  augmenter l’AVS qu’en toute logique le revenu de base devrait diminuer voire entièrement remplacer puisque cette proposition est en réalité une alternative durable (sustainable) à  la faillite de l’Etat providence et de sa primauté aux prestations.

[6] Quand à  gauche on sort son revolver dès qu’il est question de l’UDC, par exemple.

[7] Qui préface son propos de toutes les génuflexions politiquement correctes qui conviennent et que je partage, mais dont je me dispense ici.

Un commentaire

  1. Il est étonnant qu’ils demandent l’augmentation des salaires dans une économie en crise ou la revalorisation des salaires à  la baisse est une question prédominante dans les économies développées.

    L’autarcie est évidemment impossible car la Suisse ne dispose pas des ressources dont elle a besoin pour prospérer et subsister.

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