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Combattre l’islamisme sans céder à  l’islamophobie

Le livre de Mireille Vallette: Islamophobie ou légitime défiance?Je m’en voudrais de ne pas apporter ma contribution, dans la blogosphère, à  la promotion du livre d’une amie: Islamophobie ou légitime défiance?, par Mireille Vallette. J’en suivais, de loin en loin, la gestation incertaine depuis longtemps. Et soudain il est là : publié par les éditions Favre, présenté en fanfare dans Le Matin Dimanche (avec interview et éditorial par le rédacteur en chef lui-même) distribué massivement dans toute la Suisse romande, avant une table ronde chez Payot, le libraire dominant, avec la Tribune de Genève, le quotidien local… Une fois lancée, Mireille ne fait pas les choses à  moitié, et elle a bien raison. Nourri de l’expérience et des recherches personnelles de l’auteure et ancré dans la réalité suisse, l’objet du livre a au demeurant une résonance qui n’a rien de local: c’est le même débat qui a lieu ou doit avoir lieu aux Pays-Bas, au Royaume-Uni ou en France. Que le livre émane d’une journaliste reconnue, ancrée à  gauche de sa participation naguère à  l’hebdomadaire alternatif romand Tout va bien à  son appartenance au parti socialiste[1] est aussi un gage de sérieux.

J’en parle évidemment sans avoir encore lu le livre[2], mais quelque part c’est aussi plus pratique: je ne connais pas encore les réponses à  certaines questions que je me pose. Une fois instruit le dossier à  charge de la religion musulmane (qui est certes plus lourd que celui du catholicisme ou du judaïsme, mais que l’on pourrait au fond aussi présenter à  l’égard de ces deux religions), quelles conclusions en tire Mireille Vallette? Sur un axe qui va de l’interdiction de cette religion[3], d’un côté, aux simples mesures visant à  assurer le respect de la liberté personnelle des individus dans la pratique, ou non, de cette religion, de l’autre côté, en passant par l’initiative populaire sur laquelle le peuple suisse va prochainement voter sur l’interdiction des minarets?

Le premier terme, devrait logiquement prôner l’interdiction de toutes les religions. Ce serait l’aboutissement d’un laïcisme rigoureux ou extrémiste (choisissez votre camp) qui devrait au fond aller jusqu’à  la remise en cause de la liberté religieuse dans les catalogues des droits humains, à  la Richard Dawkins: après tout, n’est-elle pas qu’une survivance historique de temps moins éclairés et ne convient-il pas d’affirmer le triomphe de la raison? Le second terme est, plus traditionnellement, celui qui conduit à  distinguer la lutte légitime contre l’extrémisme musulman, son bras politique l’islamisme, de l’intolérance inacceptable envers une pratique religieuse reconnue: l’islamophobie? C’est un débat qui a souvent occupé ce blog et nous avons pour notre part, Guillaume Barry et moi, toujours cherché, à  la suite de Tony Blair[4], à  préserver la distinction et refuser tout islamophobie. Avec le titre de son livre, Mireille Vallette semble pour sa part la revendiquer, mais peut-être n’est-ce que ruse de marketing: ce serait de bonne guerre.

Car à  l’inverse, dans une Suisse traditionnellement méfiante à  l’égard des idées générales (elle préfère concentrer sur des modalités techniques les débats passionnés), le politiquement correct conduit bien trop facilement à  étiqueter comme islamophobe toute prise de position un tant soit peu vigoureuse sur des réalités à  regarder en face.

Notes

[1] Ce qui ne veut pas dire qu’elle adhère à  chacune de ses prises de position: nous avons souvent les mêmes doutes!

[2] Ca devient une habitude!

[3] Comme le propose pour sa part allègrement un Alain Jean-Mairet.

[4] Qui depuis lors a lancé une Fondation dédiée à  la tolérance interreligieuse et à  la promotion de la dimension spirituelle dans la vie publique.