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La tentation Bayrou: pour quelle présidence?

Par Jean-Daniel Delley

A l’intérêt que suscite le projet de François Bayrou de casser la stérile logique d’alternance répond la crainte de voir un président privé de majorité parlementaire. L’espoir de briser le monopole du pouvoir aux mains d’un seul parti se ternit dès lors que le chef de l’Etat ne disposerait pas d’un soutien fidèle à  l’Assemblée nationale. Et alors?

Il vaut la peine de relire la Constitution de 1958 et de se remémorer les intentions qui ont justifié l’organisation des pouvoirs. Le président endosse le rôle d’un arbitre, il assure le fonctionnement régulier des pouvoirs et la continuité de l’Etat (article 5). C’est au gouvernement qu’il incombe de disposer d’une majorité parlementaire pour déterminer et conduire la politique de la nation (article 20). C’est la pratique du général de Gaulle, poursuivie par ses successeurs, qui a perverti la lettre et l’esprit de la Constitution. Le siège du gouvernement s’est déplacé à  l’Elysée. Matignon et la majorité parlementaire ne fonctionnent plus que comme les relais du prince. L’arbitre s’est mué en un chef de clan qui, sous prétexte d’une légitimité populaire — bien fragile si l’on considère le score des élus au premier tour depuis 1965 — concentre tous les pouvoirs, en violation du principe fondamental de la démocratie qui en postule la séparation. Les programmes et les prétentions des candidats actuels reflètent bien cette dérive institutionnelle: ils promettent à  la première personne, comme s’ils endossaient tout à  la fois les fonctions gouvernementale et parlementaire, quand ce n’est pas tout simplement administrative. Les face-à -face télévisés avec des échantillons de Français en ont témoigné jusqu’à  la caricature. A se demander pourquoi il serait encore nécessaire de procéder à  des élections législatives!

François Bayrou dénonce à  juste titre cette dérive. L’écho qu’il rencontre traduit le désenchantement d’une majorité de Français qui récusent une majorité aussi bien de gauche que de droite. Par contre le candidat UDF fait fausse route lorsqu’il évoque la création d’un grand parti du centre. Là  il abandonne la posture d’arbitre que la Constitution attribue au président pour retomber dans l’ornière clanique, celle que de Gaulle et ses successeurs ont su façonner, celle de chef de la majorité.

Cette confusion des rôles a été accentuée par l’inversion du calendrier des opérations électorales autour de laquelle un consensus s’est fait sous Lionel Jospin. Il serait préférable d’avoir d’abord le choix des députés — et une bonne dose de proportionnelle conduirait à  un Parlement plus représentatif -, qui exprime les choix politiques du souverain. Puis l’élection présidentielle qui privilégierait une personnalité apte à  exercer la fonction d’arbitre et les compétences que la Constitution attribue à  ce dernier — choix du premier ministre, droit de dissolution notamment. La France pourrait alors se débarrasser enfin du vieil habit de la monarchie républicaine pour endosser celui d’une démocratie parlementaire moderne; ce n’est en réalité pas incompatible avec un président élu au suffrage universel, comme le démontrent l’Autriche, la Finlande, l’Irlande ou le Portugal.

7 commentaires

  1. 24 mars 2007

    L’impasse Bayrou… Au dela d’une posture et de quelques lignes intéressantes, il y a de nombreuses intérrogations. Sur sa majorité ensuite, mais à  la limite cela peut être vue comme le prolongement de sa posture : l’instabilité comme vecteur de consensus. Plus probablement une majorité ump ou ps.

    Mais surtout un programme bien faible, peu ambitieux, centré sur la seule dette, qui devient une nouvelle démagogie facile et anxiogène… Trop libéral par certains aspects, pas assez sur d’autres…

    Et un discours poujadiste détestable..

    Bref, cela anime la campagne, mais redevenons sérieux.

  2. JaK
    24 mars 2007

    Je ne suis pas Bayrouiste du tout (je suis militant socialiste, et voterai sans la moindre hésitation, et même avec enthousiasme pour Royal), cependant, je n’ai jamais bien compris cette élection présidentielle et son cortège de promesses électorales, ses grandes discussions sur les programmes…etc… Il me semblait, quand à  moi, que c’était le parlement qui votait les lois proposées par le gouvernement. Donc à  quoi peut bien servir un d’élire un président sur son programme qu’il n’aura pas les moyens de mettre en oeuvre. Je choisi mon candidat (ma candidate en l’occurence) parcequ’elle est compatible avec la majorité que j’espère au parlement. J’avoue que je préfèrerai choisir un président après avoir choisi une majorité parlementaire afin d’avoir une campagne réèllement centrée sur les priorité par rapport à  un programme déjà  discuté devant les français (dans le cadre des élections législatives). Dans ce cadre, je ne jugerai pas la position d’un Bayrou comme ridicule, mais dans le système actuel, dans lequel ce sont aux députés en campagne de se prononcer face au président précédemment élu (soit en opposition, soit en soutien), une telle candidature sans pouvoir imaginer quelle majorité pourrait éventuellement soutenir Bayrou me semble totalement illogique. Je rappelle que chaque parti, UDF inclus ont déjà  désigné leurs candidats aux législatives. Bayrou devrait donc: – soit ne garder que ses candidats issus de l’UDF (et très marqués localement pour leurs cogestions des départements et communes avec l’UMP) ce qui serait difficile à  faire passer aux électeurs après sa campagne actuelle. – soit introduire des candidats issus d’autres formations politiques, et pour cela, il n’y a pas 36 solutions: l’accord politique qui me semble impossible avec le PS (la structure), ou la récupération de ‘personnalités’ issues de ces partis (et donc de revanchards qui ont perdus lors du choix au sein de leur formation… en gros, des gens plus attachés à  une fonction qu’à  des conviction… des gens qui soutiendront Bayrou faute d’avoir obtenu un mandat dans leur formation… des opportunistes quoi! Ah… ça fait rêver une majorité pareille!)

  3. Passant
    24 mars 2007

    La raison profonde du consensus entre UMP et PS pour la réforme de 2000 est que la cohabitation, qui faisait plus figure de norme que d’exception, déplaisant à  la fois au PS et à  l’UMP qui n’ont jamais pu concevoir l’execice du pouvoir autrement qu’en solitaire.

    En un mot, c’est parce que les personnes se réservant l’exclusivité du « sérieux » en politique se révèlent incapables de construire des accords politiques durables quels qu’ils soient qu’il aura fallu changer la loi pour que les institutions leur conviennent sans qu’ils cherchent une seule seconde à  se remettre en question.

    D’ailleurs, originellement, UMP voulait dire « Union pour une Majorité Présidentielle »… c’est tout dire. Et dire qu’il y en a qui s’interrogent encore sur les raisons de 2002…

  4. Passant
    25 mars 2007

    Un petit point de situation sur les institutions françaises à  ce jour, sur Daily Motion

  5. 25 mars 2007

    Je suis entièrement d’accord avec vous et j’avais du reste développé un propos similaire dans mon blog à  ce sujet. A mon sens, la dérive essentielle de la 5ème République est que l’on y confond la collaboration nécessaire entre le parlement et l’exécutif avec la soumission de celui-ci à  celui-là , et que, dans cette logique, on a érigé l’identité de majorité entre l’exécutif et le législatif en optimum… Or, il est très peu probable que Michel Debré ait jamais pensé lui-même qu’une telle configuration (qui n’avait jamais existé sous les 3ème et 4ème Républiques) soit envisageable en France.

    Je trouve du reste assez symptomatique que les deux « grands » candidats, qui prétendent pourtant tous deux vouloir redonner de l’importance au parlement, concentrent leurs critiques à  l’encontre du 3ème sur le fait que ce dernier ne serait pas en mesure d’avoir une majorité au parlement (traduisez « une majorité aux ordres de l’exécutif » au parlement). Tout celà  relativise sans doute leurs professions de foi à  l’égard des institutions…

    Sous cet angle (et bien que Bayrou soit loin d’être exempt de critiques) je pense que son éventuelle élection contribuerait à  une modernisation des institutions bien plus efficace que toutes les promesses des deux autres candidats (qui, à  l’instar de François Mitterrand en son temps, n’auront sans doute guère envie d’abandonner un pouvoir qu’on vient de leur abandonner…).

  6. Seoul
    26 mars 2007

    L’état de la politique en France est pourtant bien simple. Les partis politique ne passent leurs temps qu’a brouiller les pistes de la clairevoyance pour masquer l’absence à  la fois de débat et d’idée. C’est fort dommage. Bayrou est un homme du centre droit, ça, c’est dit et vérifié. Lepen Villier et Sarkozy représentent la droite et l’ultra droite conservatrice, à  la Reagan-Bush 1 & 2. Royale est au centre droite. Et les LCR, PCF et LO occupent un espace confus qui va de Jaures à  Trosky…

    Donc Bayrou homme de centre droit ? Peut-être pas tant que ça. Il a marqué les esprits par des analyses pragmatiques, simple et juste au sortir des différents votes que nous avons eu en France ces 5 dernières années (à  noter que la LCR aussi, mais ils sont trop marqués pour devenir séduisants). Ses analyses et constats semblent juste. Il veut remettre l’humain au coeur de la politique et de la Patrie. Le droit du sol face au droit du sang, un autre bon point.

    La France a besoin de moderniser ses institutions et donc de zapper vite fait en VIeme République. Ca ne peut-être le fruit que d’un homme de « transition ». Il remplirait très bien ce rôle.

    La République démocratique française ignore au sein de son parlement près de 60% des électeurs. Bayrou souhaite modifier ça.

    Et des exemples simples et évidents comme ceux-ci il y en a à  la pelle… Je pourrais creuser le discours économique, la comparaison avec le PS et l’UMP, mais restons clair.

    Perso j’appartient à  la frange gauche et réformatrice du PS et c’est bien pour ça, à  contre coeur mais avec toute ma raison, que je déposerais un bulletin Bayrou dans l’urne dès le premier tour. Et cette décision date du soir du résultat du référendum sur le traité constitutionnel, donc pas d’hier.

    Alors on peut le critiquer, le traiter de populiste (qu’ouis-je ?), d’opportuniste ect…

    Le fait est qu’il risque bel et bien d’être le prochain président car il est préferable à  un Sarkozi aux sinistres relents Bush-Pétain, et d’une Royale ivre de pouvoir qui n’est plus à  un putsh près dans sa logique de conquête du pouvoir dont elle ne sais toujours pas ce qu’elle en fera.

    J’ai dit.

  7. 26 mars 2007

    Il paraît qu’une élection se gagne au Centre http://bboeton.wordpress.com/2007/03/22/162/ Cordialement. L’Abrincate.

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